
- Takdjout : «favorable au dialogue et à la concertation»
Au deuxième jour du 14e congrès extraordinaire de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), organisé à l'hôtel Sheraton, et au lendemain de l'élection de la nouvelle direction de la base syndicale, à sa en tête Amar Takdjout, cette dernière a présenté et a examiné le projet de loi de statut particulier de l'UGTA, en adaptation avec le projet de loi 23-02 relative à l'exercice du droit syndical qui a été publié au Journal officiel n° 29, le 2 mai 2023.
Le statut particulier comportant plusieurs articles, régissant l'exercice syndical, initialement approuvé par le ministère de tutelle, après une quinzaine de correspondances émises par la commission exécutive de l'UGTA nouvellement élue au nombre de 181 membres, a été présenté point par point devant les congressistes, lors de ce congrès qui a commencé en début d'après- midi, et présidé par l'ancien secrétaire général par intérim de l'Union sortant, Hamou Touahria.
Ce projet de loi du statut particulier de la base syndicale sera examiné, lors d'une réunion prochaine de la commission exécutive de l'UGTA, et fera l'objet d'un «débat pour son amendement», a informé le tout nouveau SG de l'Union générale des travailleurs algériens, Amar Takdjout.
Dans son intervention, M. Takdjout a indiqué qu'«il y a un point essentiel, celui des commissions statutaires. Ce qui m'intéresse dans ces commissions statutaires, c'est surtout la commission organique. Celle-ci est importante, car le grand problème qui se pose à l'intérieur de l'UGTA, c’est l’aspect organisationnel. Les retards qui s’accumulent en font partie. Le renouvellement des structures qui existent relève également de l'organisation. S'il existait une commission d'organisation statutaire, qui aurait les mêmes prérogatives qu'un responsable de l'instance exécutive ou de la commission, elle aurait traité à temps l'ensemble des dossiers organiques. C'est là le grand problème qui se pose à nous.
Car, aujourd'hui, un secrétaire national à l'organique qui arrive commence par dominer le département, ainsi les problèmes s'accumulent, puis on traite les cas à la tête du client. Cela ne doit plus se répéter !» Il a ajouté que «les anciens responsables de l'UGTA qui se sont succédé et qui nous ont devancés dans la responsabilité ont eu à installer la commission d'organisation, et ce n'est pas un hasard. On doit réhabiliter aujourd'hui la commission statutaire d'organisation».
Le second point abordé par l'orateur concerne la commission de la formation. «Il est regrettable, a-t-il dit, qu'une organisation comme l'UGTA ne dispose pas d'une structure qui réfléchit à la formation syndicale. Même la formation de base, nous l'avons rejetée, c'est-à-dire le ba-ba de la formation. Celle-ci doit être étendue à travers le territoire national, pour permettre aux syndicalistes de base d'apprendre et de se former au syndicalisme. Le syndicaliste doit en effet connaître ce que c'est le statut du travail, la loi organique, le règlement intérieur, etc. Si ce n'est pas comme ça, comment alors faire du syndicalisme ?»
La commission de discipline est également abordée par M. Takdjout, car, selon ce dernier, «elle n'a pas été utilisée à bon escient. Elle reste une commission d'arbitrage entre syndicalistes, et non pas pour régler ses comptes. L'arbitrage est de dire qui a tort et qui a raison, car nous sommes dans un espace social, où l’on partage des idées entre nous, et non pas un capital. Par ailleurs, on ne doit pas dire chef, mais plutôt nous sommes responsables, car chacun de nous est en réalité responsable dans son travail, mais en termes de responsabilité. Le respect entre nous en tant que responsables est vital».
Il y a deux autres problèmes soulevés, le détachement, ainsi que les retraités. S'agissant des retraités, il a déclaré que «l'organisation interne de l'UGTA fait que le syndicat est aux salariés en tant qu'organisation classique, mais à l'intérieur de l'organisation, on peut avoir une structure qui concerne les salariés retraités, mais on peut créer d'autres espaces concernant d'autres retraités». «La commission exécutive qui doit se réunir incessamment, les syndicalistes doivent pouvoir débattre, en tant que responsables, de tous les problèmes quels qu'ils soient, bons ou pas bons à entendre, car être syndicaliste, c'est assumer ses actes, a-t-il dit en substance. «Le syndicalisme, c'est l'engagement, le militantisme et le courage», a-t-il argué.
Toujours à ce propos, le nouveau secrétaire de l'UGTA a ajouté qu'«on devait faire un bilan syndical durant ce congrès et dire pourquoi les choses n'ont pas marché, mais on ne l'a pas fait. On doit arrêter les différends. L'UGTA est ouverte à tout le monde, il ne doit pas y avoir d'exclusion». Ainsi, ajoute-t-il, «l'UGTA est ouverte au dialogue, aux femmes et aux jeunes. Nous voulons être rassembleurs. Celui qui a un problème, viendra le discuter. Nous sommes des responsables pour et par le dialogue. Nous devons être abreuvés des valeurs du militantisme syndical d’Aïssat Idir et d’Abdelhak Benhamouda», a-t-il soutenu.
L'action syndicale, d'après lui, «c'est avoir quatre principes : appartenance, engagement, militantisme et roujoulia (être un homme de principes, ndlr). Sans cela, on ne peut pas avancer. Nous aurons à discuter incessamment de la commission exécutive et du statut pour lequel nous devons apporter des amendements. Nous devons discuter en toute roujoulia de la direction à prendre». Abordant le sujet lié au projet de loi du statut particulier, M. Touahria, a indiqué, pour sa part, que «beaucoup de points ont été maintenus», précisant que c'est «une loi qui ne concerne pas uniquement l'UGTA, mais tous les syndicats», a-t-il détaillé. Ce nouveau projet en question, approuvé par le ministère du Travail, constitue, selon lui, un outil qui servira de «feuille de route» pour une meilleure pratique des activités de l'UGTA, qui doivent être engagées sur la base de la «défense des droits et des intérêts sociaux et économiques» des travailleurs, loin des «abus du droit syndical», a-t-il soutenu.
Samia Boulahlib
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Recommandations
le congrès s’est soldé par la présentation et l'adoption du communiqué final du congrès portant plusieurs recommandations importantes qui sont faites, visant l'«amélioration du rôle de l'UGTA dans le développement de la production nationale et la croissance économique du pays, eu égard aux changements qui s'opèrent dans le monde».
Il s'agit, entre autres, de l'appel à la mobilisation des travailleurs et travailleuses algériens, de l'ouverture d'un dialogue objectif et transparent, du développement de la situation interne du syndicat, pour éviter les anciennes pratiques de déviation et les conflits au sein du syndicat, activer le travail syndical, réformer les structures au niveau national, l'ouverture des espaces en faveur des jeunes et des femmes, et enfin l'introduction de la numérisation et la formation syndicale. Takdjout a annoncé, enfin, l'organisation d'une conférence regroupant la commission exécutive et les unions de wilaya du pays, prochainement, qui sera suivie par d'autres conférences régionales.
S. B.