Ligue 1 Mobilis : Le MCA sacré dans la douleur

Le rideau est tombé, samedi 21 juin, sur une saison haletante de la Ligue 1 Mobilis. Le MC Alger conserve son titre de champion d’Algérie pour la deuxième année consécutive. Mais le sacre 2024-2025 restera à jamais marqué par un drame. Une tragédie survenue au stade du 5-Juillet, où trois supporters ont trouvé la mort et une cinquantaine d'autres ont été blessés dans l’effondrement d’une barrière de tribune, au moment où le champion s’apprêtait à recevoir son trophée. Une fin de saison funeste pour le football algérien, où la joie a laissé place au deuil.

Sportivement, cette édition avait tout pour figurer parmi les plus palpitantes de la dernière décennie. Contrairement à la saison précédente, par exemple, pliée huit journées avant la fin, le suspense est resté entier jusqu’aux dernières minutes de la 30ᵉ journée. Le MCA, pourtant solide leader depuis de longues semaines, a vu la JS Kabylie revenir à hauteur à cinq journées de la fin, laissant planer le doute jusqu’au bout.

Mais c’est bien la régularité défensive du Mouloudia qui a fait la différence. Le club de la capitale boucle sa saison avec 15 victoires, 13 nuls et seulement deux défaites, contre six pour la JSK. Ce bilan, couplé à une défense de fer (19 buts encaissés en 30 matchs), a permis au MCA de conserver son trône pour un 9ᵉ titre national. Un exploit sportif éclipsé, cependant, par les drames survenus cette saison dans les stades.

Le football algérien endeuillé

La mort des trois supporters samedi n’est, hélas, pas un cas isolé. Deux autres fans du MCA ont perdu la vie plus tôt dans la saison : l’un après une chute au stade Ali-La Pointe, au mois de septembre dernier, l’autre percuté par un camion au mois d’avril, après un déplacement à Biskra. Le football algérien paie ainsi un lourd tribut humain à une saison marquée par la violence dans les stades et la dégradation de certaines infrastructures. Ce triste constat appelle inéluctablement une remise en question profonde.

JS Kabylie, la résurrection

Malgré la frustration de terminer à deux points du titre, la JS Kabylie peut se féliciter d’une saison de haut niveau. Sous l’impulsion de Mobilis, son nouvel actionnaire majoritaire, le club kabyle a retrouvé son lustre d’antan. Avec 16 victoires, une de plus que le champion, les Canaris finissent deuxièmes et valident leur billet pour la prochaine édition de la Ligue des champions africaine. Un retour remarqué au premier plan, qui confirme le renouveau du club après plusieurs années de vaches maigres, durant lesquelles les Canaris ont souvent flirté avec la relégation.

CR Belouizdad et CAF CC : le minimum syndical

Longtemps dans la course au podium, le CR Belouizdad devra se contenter d’une qualification pour la Coupe de la Confédération africaine (CAF CC), doublé lors de l’ultime journée par la JS Kabylie. Le quadruple champion d’Algérie enchaîne ainsi une deuxième saison sur le podium et voit ses ambitions continentales revues à la baisse. Il s’agira, pour le Chabab, de se reconstruire pour mieux repartir.

ES Mostaganem sauve sa peau, pas le NCM

Le suspense était tout aussi intense dans la lutte pour le maintien. Si l’US Biskra était condamnée depuis plusieurs journées, la dernière place relégable s’est jouée entre l’ES Mostaganem et le NC Magra. Grâce à une précieuse victoire sur la pelouse du Paradou AC (1-3), l’ESM a réussi in extremis à se sauver, envoyant le NCM en Ligue 2 amateur, malgré un courageux nul décroché face au nouveau champion.

Une masse salariale astronomique… un spectacle chèrement payé !

Côté finances, la Ligue 1 Mobilis a atteint cette saison des sommets difficilement soutenables : une masse salariale globale estimée à 902 milliards de centimes. Une inflation que les autorités entendent désormais maîtriser. Dès le 1ᵉʳ juillet, un nouveau contrat type entrera en vigueur. Objectif : plafonner les salaires, rationaliser les dépenses et inciter les clubs à une gestion plus rigoureuse. Une révolution qui pourrait bouleverser l’équilibre du championnat et favoriser l’émergence de modèles économiques plus viables.

En somme, le sacre du MC Alger aurait pu être une grande fête populaire. Il est devenu un jour de deuil. Si la performance sportive du Doyen mérite le respect, elle ne pourra faire oublier les tragédies humaines. Le football algérien, plus que jamais, doit se repenser. Pour que les stades redeviennent des lieux de joie, et non de douleur.

 

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