
Considéré comme l’un des piliers de la musique algérienne, le chanteur Dahmane El Harrachi, a laissé à la postérité un legs inestimable. En effet, 42 ans après sa mort, ses chansons continuent d’être prisées par la nouvelle génération. Ainsi, cet hommage, qui entre dans le cadre des activités de l’Office national des droits d’auteur et des droits voisins, a accueilli un monde impressionnant venu se recueillir à la mémoire de ce géant de la musique algérienne.
Dahmane El Harrachi, de son vrai nom Abderahmane Amrani, est né le 7 juillet 1926 à El-Biar, un quartier d’Alger. Il était le benjamin de onze enfants. Après sa naissance, la famille déménagera à Belcourt, puis s’installera définitivement à El Harrach, d’où son futur nom d’artiste. Il s’initie très tôt au banjo, il est influencé par le chanteur chaâbi, Khelifa Belkacem. A l’âge de 16 ans, il interprétait déjà les chansons de ce dernier. Le certificat d’études en poche, il travailla comme cordonnier puis receveur de tramway sur la ligne reliant El Harrach à Bab El Oued. C’était déjà un virtuose du banjo et beaucoup de chanteurs chaâbi des années quarante s’offrent ses services, à l’instar de Hadj Menouar, Cheikh Bourahla, Cheikh Larbi El Annabi, Abdelkader Ouchalal et Cheikh El Hasnaoui. A la fois auteur et compositeur, il marquera à sa manière le chaâbi, en imposant son propre style. Ses chansons parlent du vécu, dans une langue compréhensible par toute la communauté maghrébine. Il enregistre son premier disque chez Pathé Marconi en 1956 pendant la guerre de Libération nationale. Sa première chanson, qui portait le titre de Behdja bidha ma t’houl (Alger la blanche ne perdra jamais de son éclat) est la première d’un très long répertoire, riche d’environ 500 chansons dont il est lui-même l’auteur. Sa voix rocailleuse convenait parfaitement à son répertoire. Il brossa les thèmes de la nostalgie du pays «l’ghourba», les souffrances de l’exil, sa passion pour Alger sa ville natale, l’amitié la famille, l’amour, les vicissitudes de la vie, la droiture… tout en fustigeant la malhonnêteté l’hypocrisie, l’ingratitude et la mauvaise foi. Parmi ses inoubliables chansons, les éternelles : Zoudj hmamet, Ach eddani nkhaltou, Khabbi serek, Elli fat mat, Ya rayah, yal hajla, Ma idoum ghir essah… Découvert sur le tard en Algérie, car il a fait toute sa carrière en France, il ne se produisit qu’une seule fois en public, en 1974 à la salle Atlas d’Alger, où il remporta un énorme succès.
Sihem Oubraham