
L’oubli est parfois pire que la mort et la poussière du temps ensevelis sous son poids. Passent les jours et les années et ceux qu’on fêtait hier en héros s’évaporent dans les catacombes de l’histoire. C’est le cas de nos glorieux aînés qui, chacun dans son domaine, ont sacrifié tant de choses qu’ils chérissaient pour porter le message de l’indépendance. Dans ce lot, les membres de l’équipe de football du FLN, dont la plupart sont aujourd’hui décédés. C’est un 13 avril 1958, en pleine guerre de Libération, qu’est formé, sous la houlette de Mohamed Boumezrag, ce Onze de l’indépendance. Parmi ces maquisards du rectangle vert : Saïd Haddad, surnommé Spagnoli au début de sa carrière au Mouloudia d’Alger (nom d'un célèbre joueur international suisse), qui a rejoint la sélection alors qu’il était joueur au SC Toulon. Après avoir été contacté par Boumezrag, c’est par une journée pluvieuse et dans le secret le plus total que Haddad quitte Toulon au volant de sa voiture en compagnie de son épouse, enceinte de son premier enfant, pour rejoindre la capitale italienne Rome, lieu de rendez-vous fixé par le FLN. Le trajet Toulon-Rome ne fut pas de tout repos d’autant que le statut de mineure de l’épouse posait un problème d’autorisation de quitter le territoire français. Après quelques tracasseries administratives, le couple arrive dans la cité romaine d’où le couple sera acheminé vers Tunis grâce à de faux papiers. De là commence alors la formidable aventure avec l’équipe du football. Avec Arribi il assure la double fonction d’entraineur-joueur de l'équipe du FLN qui durant plus de deux ans sera l'ambassadeur de l'Algérie qui lutte pour son indépendance. Ces 33 joueurs, pour la plupart évoluant en France, feront entendre, par leur virtuosité et la qualité de leur jeu, la voix de l’Algérie sur les terrains d’Europe, d’Asie et d’Afrique à travers près de 80 rencontres internationales. Haddad jouera 22 matchs pour cette équipe du FLN, tout en assurant le coaching avec son ami Arribi. Cet engagement pour le pays, l’empêchera d’assister à la naissance et aux premiers pas de son premier enfant. Après un intermède au club tunisien du CS Sfax en qualité d’entraîneur, il regagne l’Algérie à l’indépendance où il dirige la barre technique de son club d'origine, le MC Alger entre 1962 et 1964 puis entraîneur des espoirs algériens en compagnie de Mokhtar Arribi. Il s’efface lentement de la scène sportive jusqu’à son décès en 1981.
Saïd Haddad est né le 30 août 1922 à la Casbah. Comme tous les Algériens à l’époque, le sport et en particulier le football, était l’une des rares opportunités de promotion sociale. C’est donc tout naturellement qu’il débuta sa carrière dans les petites catégories du MCA. Le club était alors la fierté de toute la population musulmane qui voyait en lui une occasion de prendre une revanche face à toutes les humiliations qu’elle subissait de la part des colons et du système colonial. Très vite, ses qualités lui firent gravir les échelons et durant les années 1940 il fut une des pièces maîtresses du Doyen. Evoluant au poste d’inter gauche, sa technique et son sens du jeu attirèrent très vite les recruteurs. C’est ainsi qu’après la Deuxième Guerre mondiale, il évoluera une saison en Tunisie au CA Hammam Lif. C'est là que durant l'été 1946 le FC Sète, club de première division française, ira le chercher. Dans ce club du sud de la France, il évoluera aux côtés de Mokhtar Arribi. La première saison, il joue 15 matches et marquera 2 buts. La saison suivante il se reconverti au poste de demi, enchaînant 22 matches en tant que titulaire. Il changera à nouveau de poste lors de sa troisième saison pour occuper l’axe central comme titulaire durant 28 matches. Il est alors considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du championnat français. En 1949 il rejoint l’O. Marseille où il évoluera un peu plus de deux ans. Il est même sélectionné en équipe de France B. Il part à Toulouse en 1951-52 et sera l'année suivante champion de division 2. Il reste à Toulouse jusqu'en 1956 et va terminer sa carrière pro au SC Toulon. Il entraîne aussi Brignoles.
Liesse D.
(Sources : sebbar.kazeo.com)