Djamel Belmadi, à propos des matches barrages : : «Les plus importants de ma vie»

Le sélectionneur national, Djamel Belmadi, a attendu un peu plus d’un mois pour faire son bilan de la CAN-2021. Durant près de deux heures, le coach des Verts a fait un véritable plaidoyer de la prestation des Verts à la CAN et de l’échec cuisant qui s’en est suivi. Un échec qu’il a lui-même mal vécu.

«La seule manière qui me permet de vivre normalement, c’est qu’on s’est remis dès le lendemain au travail. Nous avons deux rendez-vous qui nous permettront de rectifier le tour. Tant mieux pour nous. Cela a commencé dès le lendemain de notre élimination», a-t-il confié, comme pour dire que l’élimination de l’Algérie, tenante du titre, dès le premier tour, a été d’abord un échec personnel. Qu’il dit assumer d’ailleurs. Désormais tourné vers l’avenir, le coach national dit préparer «les deux matches les plus importants de (sa) vie». Le ton est donné ! Concrètement, Djamel Belmadi n’a pas attendu son rendez-vous d’hier avec la presse nationale, pour revenir sur ce qui n’a pas marché à la CAN. Bien sûr, il a fait en sorte de revenir en long et en large sur tous les aléas et autres imprévus qui sont venus gripper la machine, mais, dans l’absolu, ces paramètres sont déjà connus de tous. Pour les résumer, le coach des Verts a parlé d’une «préparation chaotique». Voilà, le mot est lâché. Et il résume à lui seul l’expérience camerounaise des Verts. «J’ai un goût amer de cette CAN, les joueurs ont un sentiment d’humiliation. Il faut faire fort pour ne pas aller en 8e de finale. Ça reste en moi. Al-Hamdoulilah, on va très vite se replonger sur l’objectif principal. Chaque jour, on y pense, ils y pensent», a-il dit, d’un ton solennelle. «Un échec est une addition d’éléments défavorables. Il y a eu une faillite collective dont je suis responsable. La préparation a été chaotique. Je parle de mon équipe. La préparation des autres équipes ne me regarde pas. On s’occupe de nos affaires», a ainsi résumé le coach national. Entrant un peu plus dans les détails, mais sans trop en dire, Djamel Belmadi a parlé pour la première fois de la Covid qui avait, selon ses propres mots, provoqué une véritable hécatombe dans le groupe des Verts. «Je ne peux pas tout dire, mais c’est à vous de comprendre. Nous avons 5 joueurs qui n’ont pas eu la Covid. En fonction des endroits où nous étions, il y a des législations. 23 joueurs sur 27 ont été testés positifs. La moitié du staff aussi. C’était une hécatombe, la préparation était chaotique. C’était impossible à gérer. On faisait des tests tous les matins. On se réveillait chaque matin avec la peur et l’incertitude de savoir qui on allait encore perdre. Nous avons pourtant tout fait. Étonnamment, Il y avait d’autres équipes chez qui ça ne fonctionnait pas. Elles étaient imperméables à la Covid. C’était peut-être les gestes barrières, la distanciation sociale... chez nous, ça ne marchait pas», dit-il.

«On veut rendre notre peuple heureux»
Après avoir passé en revue la prestation des Verts match par match, et tenu à saluer la réaction du peuple, qui «n’a pas été amnésique, mais plus dans le respect et la compassion. Cette génération a ramené des titres et le peuple ne l’a pas oublié…», Djamel Belmadi s’est tourné vers l’avenir. Et l’avenir, c’est la double confrontation face au Cameroun dans le cadre des barrages de la coupe du monde FIFA Qatar-2022. «Ce sont, et je parle en toute sincérité, les deux matches les plus importants de ma vie. Et quand je dis cela, je parle de ma carrière de joueur et d’entraîneur. Je l’ai déjà dit, mais j’ai voulu faire ce métier pour jouer une Coupe du monde. C’est la dernière fois qu’on a une coupe du monde dans cette configuration rare. Il y a d’autres joueurs aussi qui n’auront peut-être pas la chance d’en jouer d’autres. Mahrez, par exemple, n’a pas fait de coupe du monde. Pour lui, c’est une priorité», a assuré Djamel Belmadi. Le sélectionneur national mise donc tout sur ces deux matches face au Cameroun pour réaliser un rêve personnel, mais pas que. «On veut rendre notre peuple heureux. Une qualification au mois de mars nous permettra de nous préparer dans l’euphorie», espère-t-il.

«Oui, la pelouse de Japoma était catastrophique»
Naturellement, Djamel Belmadi n’a pas échappé à la question sur la perspective de rejouer sur la pelouse du stade Japoma, lors du barrage aller du Mondial-2022. Japoma ? Normalement, ils jouent à Yaoundé. Exceptionnellement, ils nous font jouer à Japoma. Je le redis encore une fois, la pelouse de Japoma était catastrophique. Mais on n’a pas eu de problème ni au stade ni dans la ville de Douala. On ne se déplace pas pour faire du tourisme. On veut seulement jouer sur une pelouse de bonne qualité, parce qu’il nous faut cela pour développer convenablement notre jeu. J’estime que c’est la moindre des choses à ce niveau-là afin de pouvoir produire et développer un bon football. Cela est aussi valable pour la sélection du Cameroun», a affirmé le sélectionneur national, et d’ajouter : «J’ai envie de jouer sur une belle pelouse, ils ont pourtant les joueurs pour. La pelouse qui était catastrophique nous a considérablement gênés. On dira ce qu’on dira, mais elle n’était pas praticable. Mais je n’ai pas peur du stade ni de la ville. On veut juste jouer un match de foot, c’est tout. Il n’y pas de monstres là-bas. On y va pour réaliser une grosse performance, inch’Allah.» Évoquant le stade Mustapha-Tchaker de Blida, qui abritera la manche retour, le 29 mars prochain, Djamel Belmadi n’a pas caché sa satisfaction de l’état de la pelouse. «J’y suis allé, hier. Elle est nickel. Félicitations à ceux qui bossent dessus», a-t-il dit. Et d’ajouter : «On sait que nos supporters nous attendent à Blida. Il faut que notre stade soit la Bombonera. On joue le match retour dans notre pays, la qualification ne peut pas nous échapper. On veut la fêter avec notre peuple.»

«Delort ? Pour moi, c’est un dossier clos»
C’était prévisible. Djamel Belmadi n’a pas échappé à la question sur le cas Andy Delort et sa récente sortie médiatique dont on faisait l’écho lors de notre édition d’hier. Même s’il a dit, après coup, qu’il aurait aimé qu’on lui épargne ce sujet, il n’a pas botté en touche pour autant. Franc qu’il est, le sélectionneur national a tenu à mettre les points sur les i, pour, a-t-il précisé, la dernière fois. «J’ai entendu ce qui a été dit. Pour moi, c’était clos, vous en parlez. Que ça soit clair, il y a des gens qui sont à la recherche du buzz. Je n’ai rien de personnel avec Andy Delort. C’est quelqu’un que j’apprécie. Ceux qui disent que c’est personnel ne sont pas honnêtes. L’EN d’Algérie ne m’appartient pas. On m’a confié une mission. J’en suis garant pour l’instant. Il nous a dit qu’il voulait se concentrer pendant un an sur son club. Rester sur le banc de touche avec son club ne le dérange pas pourtant. Il faut être patient, cela ne fait que cinq mois !» a déclaré d’emblée, non sans une pointe d’ironie, Belmadi, et d’enchaîner : «Soyez corrects, n’en profitez pas parce qu’on a un genou à terre. C’est grave de donner autant d’attention. Il a pris une décision, on en a pris acte, on avance. Ça aurait été la même chose si c’était Riyad Mahrez. Ce n’est pas mon principe seulement, mais celui des chouhada. Des hommes qui ont sacrifié leur vie et leur carrière pour défendre la cause nationale à travers le football. Allez leur dire «est-ce que vous adhérez à l’idée de mettre en pause l’EN pendant un an ?». Je défends les valeurs de mon pays. Je ne me reconnais pas dans ce discours. On peut commettre des erreurs, mais pas dans ce domaine-là.» Il ressort, en tout cas, à travers le discours du sélectionneur national, qu’Andy Delort devra attendre avant de pouvoir prétendre de nouveau à une convocation en équipe nationale. Ce qui est sûr, dans l’immédiat, c’est que Djamel Belmadi ne comptera pas sur lui ni pour les barrages ni pour la coupe du monde, si, par bonheur, l’Algérie venait à se qualifier.

Achour Ait Ali

 

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