Cherif Benmoussa, entraîneur de la championne Safia Djelal : «un problème de gestion et non de moyens»

Dans cet entretien, Cherif Benmoussa, l'entraîneur de la championne paralympique du lancer de poids F57 à Tokyo, Safia Djelal, nous parle de la préparation de ses athlètes en prévision de ces joutes planétaires et de leurs exploits. Pour rappel, l'athlète de la formation Tahadi Aurès Batna s'est adjugé l'or, avec en prime un record du monde de la spécialité, grâce à un lancé mesuré à 11,29 m. De son côté, Mounia Gasmi a remporté le bronze du concours de lancer de massue T32. Pour leur part, Amchi Mohamed Nadjib (lancer du poids F32) et Samir Nouiua (1.500 m T46) ont échoué au pied du podium.

Entretien réalisé  par M. S. N.

El Moudjahid : Comment s'est effectuée la préparation pour ces jeux pour vos athlètes ?
Cherif Benmoussa : Avant toute chose, je tiens à souligner que le club Tahadi Aurès Batna, sous les couleurs nationales, a pris part à ses Jeux paralympiques avec quatre athlètes, dont je suis l'entraîneur. Pour ne rien vous cacher, mes athlètes n'ont jamais cessé de s'entraîner malgré la pandémie et le gel des activités. Dans le respect strict du protocole sanitaire, mes athlètes ont poursuivi leur programme de préparation le plus normalement possible. Il faut dire que les autorités locales nous ont beaucoup aidés, connaissant nos objectifs et nos contraintes.
Aussi, le club a mis tous les moyens à notre disposition. Pour ce qui est de la préparation avec la sélection nationale, nous avons bénéficié d'un stage d'une vingtaine de jours à Antalya en Turquie, pour les derniers réglages, grâce aux bourses du MJS. C'était au cours du dernier mois avant les Jeux. Avant cela, il n'y avait rien de la part de la fédération, qui a vécu d'énormes problèmes.

Que pouvez-vous nous dire sur la compétition, sur place, de manière générale ?
J'ai eu l'occasion de participer à plusieurs éditions en ma qualité d'entraîneur. Je peux vous dire que cette fois-ci le niveau était supérieur. Par ailleurs, on a assisté à un record de participation dans plusieurs disciplines. À titre d'exemple, elles étaient 21 concurrentes pour le lancer de poids. Les organisateurs étaient contraints de mettre trois ateliers. D'habitude, se sont les 8 meilleures au classement mondial qui prennent part aux jeux. Cela dit, je suis très satisfait de la performance de Safia Djelal qui a remporté l'or et pulvérisé le record du monde d'une quinzaine de centimètres.

Franchement, est-ce que vous vous attendiez à cet exploit ?
Honnêtement, on a travaillé dur pour remporter l'or. C'était notre objectif dans ces jeux. Comme d'ailleurs pour Mounia Gasmi au lancer de massue. Cependant, je ne m'attendais pas à ce que Safia batte le record du monde.

Qu'est-ce qui s'est passé avec Gasmi Mounia ?
Mounia avait encore plus de chance de prendre la première place de son concours. Malheureusement, elle s'est contentée du bronze. Ce qui n'est pas rien, non plus. Je n'ai pas de preuve scientifique, mais je pense sérieusement que son état de forme a baissé à la veille de la compétition a cause du vaccin. Tous les entraîneurs sur place m'ont dit qu'il faut vacciner deux mois avant la compétition où après. Jamais la veille.

Contrairement aux valides, les athlètes paralympiques ont fait honneur à l'Algérie. Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut leur accorder plus de moyens et de considération. Quelles seraient vos besoins ?
Les autorités ont toujours donné les moyens nécessaires pour la préparation et la prise en charge des athlètes. C'est au niveau des fédérations que le problème se pose. C'est une question d'hommes et de gestion, surtout. Cela fait plusieurs années que je suis entraîneur. Malgré toutes les sollicitations, la fédération ne nous a jamais rien donné, même pas un javelot ou un poids. Pourtant, nos besoins en matière de matériels sont grands.
M. S. N.

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