
En ces temps automnaux, la luminosité de l’atmosphère et la palette des couleurs incitent à la balade et à la prise de vue artistique. Munis d’un boîtier reflex, nous traçons un plan de route qui ira de la forêt de Bouchaoui jusqu’au Mausolée royal de Maurétanie (le Tombeau de la Chrétienne) en passant par le port de Sidi Fredj.
Par cette matinée de jour de semaine, les sites choisis sont presque déserts. Après quinze minutes sur l’autoroute ouest, nous relayons le grand portique de la forêt de Bouchaoui. Çà et là, quelques familles et des couples étalent leur nappe de pique-nique pour un «déjeuner sur l’herbe». Mais point d’herbe, seulement un pare-terre sablonneux et poussiéreux, martelé par les sabots des dizaines de chevaux qui sillonnent le bois à la quête de touristes.
Malgré le beau temps, le projet de prendre quelques photos tombe à l’eau. L’élément prédominant est cette large couche de plastiques et de détritus de tous genres qui jonche le sol et gâche toute prise de vue. Nous slalomons entre les installations de jeux pour enfants, désertés en ce jour hors week-end, pour s’extirper de cette forêt avec le souvenir de ce qu’elle fût, il y a deux ou trois décennies. En passant par Staoueli et ses bouchons inextricables, nous rejoignions le port de Sidi Fredj, vide et battu par une légère brise fraîche du Nord-Est. Le fleuron de nos complexes touristiques se meurt. Les quais sont surchargés de barcasses et de yachts. Les lieux sont propres mais les infrastructures peu entretenues. A l’exemple des pontons qui s’effritent sous la rouille avec leurs planches vermoulues. L’étalage d’embarcations est effarant du côté du parc des jet-skis. Là aussi, rien d’intéressant pour imprimer une pellicule, sauf peut-être quelques images de la houle naissante qui vient s’échouer sur les rochers du brise-lames.
On regagne l’autoroute pour atteindre le Tombeau de la Chrétienne. Cette récente voie offre un panorama époustouflant sur la Grande Bleue et le majestueux mont Chenoua, qui surplombe la baie chargée d’histoire. A hauteur de Bousmail, et sur un bon kilomètre, de grands sacs verts sont disposés sur le bas-côté et une équipe chargée de l’hygiène à pied d’œuvre. Enfin, une vision rassurante. Après quelques photos chargées de couleurs vives, nous bifurquons sur le site du Mausolée, vieux de près de deux millénaires. L’organisation y est sommaire, mais le site est propre et bien gardé. Nous restons quelques minutes à contempler ces vieilles pierres qui racontent l’histoire d’un royaume. Nul guide à l’horizon mis à part un panneau explicatif… et un clic sur Google.
Il est 15 heures, le temps de rejoindre la capitale avant les immenses bouchons de fin de journée.
Enivrés de grand air, nous nous installons derrière l’écran pour visionner la centaine de photos prises lors de ce périple. Finalement, nous n’en garderons qu’une dizaine…
K. Morsli