
Ce lieu de culte, d'une splendide architecture, témoin de la présence ottomane en Algérie, se dresse encore haut malgré la détérioration qui l'affecte. Il a été utilisé pendant l'occupation de l'Algérie par les colons comme écurie pour chevaux et magasin de munitions, selon les historiens locaux, et restauré après l'indépendance, mais laissé à l'abandon depuis.
La mosquée Tobana figurait sur la liste des endroits que nous avons décidé de visiter, question d'assouvir notre curiosité de découvrir une partie de l'histoire de cette belle ville. Mais à notre arrivée, nous avons été choqués par l’état de délabrement et la négligence flagrante dont elle fait l'objet. Les tas d'ordures et les débris envahissent les lieux et s'étendent depuis l'entrée à la rue Drai-Aïssa (haï Tobana) et jusqu'à l'édifice de la Grande Mosquée.
Un chemin étroit difficilement accessible passe par d'anciennes habitations en ruines, pour la plupart effondrées et des tas de décombres et d'immondices, reflétant l'étendue de l'abandon qui a affecté ce site dont chaque pierre renferme une partie de l’histoire de cette ville.
Cet édifice a été construit sous le règne du sultan Abu El Hassan Ali Ibn Abi Said El Merini, surnommé Abou Al-Annan, en 742 de l'hégire (1340). La mosquée, qui était connue sous le nom de Grande Mosquée, représentait le début de la conception de Mostaganem, car elle s'est accompagnée par la construction d'une série de sentiers qui se sont élargis avec la chute de l'Andalousie et la migration des caravanes morisques vers les côtes du Maghreb islamique, jusqu'à ce qu'ils réclament l'aide des Ottomans et que Mostaganem soit rattaché au règne des Eyalet d'Algérie.
Sous le règne des Ottomans au début de la première moitié du XVIe siècle, plusieurs installations vitales furent achevées autour de la Grande Mosquée, comme Dar d'Al Qaïd qui supervisait l'établissement de la sécurité et la protection des personnes et des biens, transformée en Musée des arts populaires. Outre l'achèvement de la Maison du Mufti, qui servait de tribunal chargé d'examiner les problèmes et les conditions de la population et de trancher les différents conflits conformément à la loi islamique et selon les écoles de pensée hanafite et malékite. Au même endroit et dans le but de répondre à divers besoins sociaux et économiques, un grand marché s'y installa, vers lequel affluaient commerçants et artisans spécialisés dans la vente d'articles ménagers, de légumes et de fruits, selon des historiens. Implantée sur une superficie de 1.200 m2, la mosquée a été classée en 1979 comme édifice archéologique, selon la direction des Affaires religieuses de Mostaganem. Elle avait fait l'objet de travaux de restauration durant les années 90, ce qui a affecté son authenticité et son caractère originel en raison de l'utilisation de matériaux qui ne correspondaient pas à sa conception architecturale et à son époque historique. Elle a été rouverte en 2004, suite aux réclamations des fidèles.
La préservation de ce patrimoine monumental contribue au développement du tourisme dans la région. Il paraît indispensable d'entreprendre une action de grande envergure pour récupérer ce bel endroit, qui a encore beaucoup à raconter.
Chahinez Ghellab