
La mendicité connaît, ces derniers temps, une hausse visible. Places publiques, mosquées, cimetières, aucun espace de nos villes n’est épargné.
Si pour certains les vicissitudes de la vie ont imposés cette pratique, pour d’autres, elle constitue une activité lucrative sans grands efforts.
suivez nos reporters à Oran, à Tizi Ouzou et à Bordj Bou-Arréridj.
Si pour certains les vicissitudes de la vie ont imposés cette pratique, pour d’autres, elle constitue une activité lucrative sans grands efforts.
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Oran :Des enfants en danger moral
Considérée, il y a quelques décennies, comme une manifestation
de la pauvreté, la mendicité a pris, au fil des années, une forme
de traite d’êtres humains, en particulier les enfants.
de la pauvreté, la mendicité a pris, au fil des années, une forme
de traite d’êtres humains, en particulier les enfants.
Un fléau dont les enquêtes menées par les services et organismes compétents sur le terrain et les affaires traitées par la justice révèlent un lien avec des réseaux structurés parfois à caractère mafieux. En effet, l’exploitation d’enfants et de mineurs dans la mendicité forcée est un acte réprimé par la loi et, dans la plupart des cas, elle croise des pratiques plus graves et criminalisées par la loi, à l’exemple de l’escroquerie et de la traite des personnes en situation vulnérable, particulièrement des enfants, des personnes âgées et des handicapées moteurs. Dans la wilaya d’Oran, les statistiques communiquées par les services de la direction de l’action sociale font état de 122 affaires traitées liées à ces délits entre 2011 et 2021, et ce phénomène est en train de prendre une ampleur aux proportions inquiétantes. Les mendiants squattent des boulevards entiers, comme celui de Canastel, les parages des mosquées et des feux tricolores, des gares routières et des centres commerciaux. Les personnes s’adonnant à ces pratiques n’hésitent pas à louer des enfants et des bébés en contrepartie d’une dizaine de dinars par jour, afin de les utiliser pour apitoyer les passants. Au centre-ville, précisément à la rue Larbi-Tebessi (ex-Loubet), la pratique de la mendicité, particulièrement, prend une forme de harcèlement et, dans certains cas, frôle l’agression physique. À de rares exceptions près, les individus qui s’adonnent à cette pratique en font une véritable profession, où toutes les ruses et les tromperies sont permises. Le plus grave dans ce phénomène demeure l’exploitation des enfants, forcés à grandir dans la rue faisant d’eux une proie facile pour toutes sortes de réseaux criminels. Au risque de s’installer dans la durée, il est urgent que les instances en charge de ce dossier mobilisent les moyens nécessaires pour faire face à ce phénomène devenu une véritable fabrique d’enfants en danger moral, dont les conséquences à moyen terme sont une bombe retardement. Lors d’une journée d’étude organisée il y a quelques mois à l’université d’Oran-2 sur les mécanismes de protection de l’enfance, les spécialistes ont appelé à une participation active de la société civile et des médias pour sensibiliser contre toutes les pratiques en lien avec la traite des enfants et contribuer ainsi à les combattre aux côtés des services de police, de la justice et des institutions intervenant dans l’action sociale.
Amel S.
Amel S.
Tizi Ouzou :Une activité lucrative
Le phénomène de la mendicité prend de l’ampleur et touche tous les centres urbains de la wilaya de Tizi Ouzou. Quelles que soient les conditions climatiques, les mendiants en grand nombre sont là très tôt la matinée et jusqu’à tard le soir, occupant les moindres coins et recoins des ruelles et placettes des centres urbains.
Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes squattent les carrefours et les accès des restaurants et autres commerces à la recherche de quelques pièces. Parmi ces mendiants, on retrouve surtout des enfants en bas âge et des adolescents des deux sexes qui du matin au soir harcèlent les passants pour qu’ils leur offrent la «sadaka». Ces mendiants agissent en petits groupes et chacun choisit son champ d’action où tous les citoyens de passage sont priés de leur donner l’aumône, l’argent en premier lieu. Si, pour certaines catégories de personnes, la mendicité est une nécessité, notamment les personnes âgées et sans ressources, pour d’autres, cette pratique s’est érigée au fil du temps en véritable métier, d’où le recours à moult subterfuges pour susciter la compassion des citoyens et gagner plus d’argent. Parmi les subterfuges usités, l’étalage d’ordonnances, de boîtes de médicaments, de lait pour enfant et autres pratiques d’apitoiement. Cette réalité est vérifiable par le commun des mortels à Tizi Ouzou, où, en début de soirée, des mendiants se présentent dans les boutiques pour échanger leur monnaie contre les billets avant de regagner leur domicile pour certains ou leur refuge pour d’autres. Ce leitmotiv est la besogne quotidienne de pratiquement tous les mendiants écumant les centres urbains de la wilaya.
Bel. Adrar
Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes squattent les carrefours et les accès des restaurants et autres commerces à la recherche de quelques pièces. Parmi ces mendiants, on retrouve surtout des enfants en bas âge et des adolescents des deux sexes qui du matin au soir harcèlent les passants pour qu’ils leur offrent la «sadaka». Ces mendiants agissent en petits groupes et chacun choisit son champ d’action où tous les citoyens de passage sont priés de leur donner l’aumône, l’argent en premier lieu. Si, pour certaines catégories de personnes, la mendicité est une nécessité, notamment les personnes âgées et sans ressources, pour d’autres, cette pratique s’est érigée au fil du temps en véritable métier, d’où le recours à moult subterfuges pour susciter la compassion des citoyens et gagner plus d’argent. Parmi les subterfuges usités, l’étalage d’ordonnances, de boîtes de médicaments, de lait pour enfant et autres pratiques d’apitoiement. Cette réalité est vérifiable par le commun des mortels à Tizi Ouzou, où, en début de soirée, des mendiants se présentent dans les boutiques pour échanger leur monnaie contre les billets avant de regagner leur domicile pour certains ou leur refuge pour d’autres. Ce leitmotiv est la besogne quotidienne de pratiquement tous les mendiants écumant les centres urbains de la wilaya.
Bel. Adrar
Bordj Bou-Arréridj :Le vendredi, un jour «béni»
Les mosquées, qui sont des espaces de pratique religieuse, sont devenues, ces dernières années, des lieux de mendicité, particulièrement le vendredi.
Beaucoup d’adeptes de cette activité profitent du regroupement des fidèles durant cette journée pour se faire de l’argent.
L’aumône est un geste qui est apprécié par Dieu, selon le Coran. Quoi de mieux que de joindre les deux devoirs religieux, pensent les fidèles. Ce dont profitent certains mendiants professionnels qui les attendent à la sortie des établissements religieux. Dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, pas une mosquée ne faisait exception. Dès que l’on franchit la porte de la mosquée, on est assailli par des gens de tout âge et sexe qui réclament de l’aide.
Si certains utilisent leur voix pour demander de l’argent, tout en accompagnant leur sollicitation de prières, circonstance oblige, d’autres se contentent d’avancer des récipients pour accueillir les pièces de monnaie, non sans montrer un visage des plus affectés.
Bien sûr, l’utilisation des services des enfants, et notamment les bébés, est courante, tout comme les handicapés physiques. Résultat, les pourtours des mosquées sont presque aussi remplis qu’à l’intérieur. Il faut noter que ces espaces ne sont pas les seuls à être pris d’assaut par les mendiants, même s’ils sont privilégiés. Durant cette journée, «bénie» pour eux, les cimetières sont également très convoités.
Autant dire que cette journée est chargée pour les pratiquants de cette activité qui rapporte gros, selon des sources locales, même si cela est difficilement vérifiable en l’absence de statistiques fiables.
Tôt le matin, ils prennent la destination de ces espaces pour trouver les personnes qui viennent visiter les tombes. Celui-là pleure une mère. L’autre est sous la peine de la perte d’un enfant.
Quoi de mieux pour le repos de leur âme qu’une aumône, se disent ils. Les bénéficiaires ne sont pas loin.
Interrogés sur les raisons qui les poussent à recourir à cette activité, les mendiants fuient quand ils ne deviennent pas agressifs.
Ce qui ne les empêche pas de revenir aujourd’hui et sans doute demain, puisque les autres jours, de nouveaux espaces vont s’offrir à eux comme les rues qui seront plus animées et les commerces qui vont ouvrir leurs portes.
Sont-ils réellement pauvres ? D’où viennent-ils ? Qu’est ce qui les a poussés à tendre la main ?
Plusieurs questions sans réponses. Ce qui est sûr, c’est que la mendicité est devenue un phénomène social non négligeable.
F. Daoud
Beaucoup d’adeptes de cette activité profitent du regroupement des fidèles durant cette journée pour se faire de l’argent.
L’aumône est un geste qui est apprécié par Dieu, selon le Coran. Quoi de mieux que de joindre les deux devoirs religieux, pensent les fidèles. Ce dont profitent certains mendiants professionnels qui les attendent à la sortie des établissements religieux. Dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, pas une mosquée ne faisait exception. Dès que l’on franchit la porte de la mosquée, on est assailli par des gens de tout âge et sexe qui réclament de l’aide.
Si certains utilisent leur voix pour demander de l’argent, tout en accompagnant leur sollicitation de prières, circonstance oblige, d’autres se contentent d’avancer des récipients pour accueillir les pièces de monnaie, non sans montrer un visage des plus affectés.
Bien sûr, l’utilisation des services des enfants, et notamment les bébés, est courante, tout comme les handicapés physiques. Résultat, les pourtours des mosquées sont presque aussi remplis qu’à l’intérieur. Il faut noter que ces espaces ne sont pas les seuls à être pris d’assaut par les mendiants, même s’ils sont privilégiés. Durant cette journée, «bénie» pour eux, les cimetières sont également très convoités.
Autant dire que cette journée est chargée pour les pratiquants de cette activité qui rapporte gros, selon des sources locales, même si cela est difficilement vérifiable en l’absence de statistiques fiables.
Tôt le matin, ils prennent la destination de ces espaces pour trouver les personnes qui viennent visiter les tombes. Celui-là pleure une mère. L’autre est sous la peine de la perte d’un enfant.
Quoi de mieux pour le repos de leur âme qu’une aumône, se disent ils. Les bénéficiaires ne sont pas loin.
Interrogés sur les raisons qui les poussent à recourir à cette activité, les mendiants fuient quand ils ne deviennent pas agressifs.
Ce qui ne les empêche pas de revenir aujourd’hui et sans doute demain, puisque les autres jours, de nouveaux espaces vont s’offrir à eux comme les rues qui seront plus animées et les commerces qui vont ouvrir leurs portes.
Sont-ils réellement pauvres ? D’où viennent-ils ? Qu’est ce qui les a poussés à tendre la main ?
Plusieurs questions sans réponses. Ce qui est sûr, c’est que la mendicité est devenue un phénomène social non négligeable.
F. Daoud