
Des essais menés depuis plus d’une décennie dans la culture des fruits exotiques et secs en Algérie donnent
à présent des résultats encourageants. Les fruits obtenus, en effet, n’ont rien à envier à ceux importés sur le plan de la qualité.
Au demeurant, les produits locaux apportent une note d’originalité et permettent d’apprécier la différence d’une région à l’autre. Ici, brève présentation de quelques-uns de ces arbres et fruits exotiques, à savoir le figuier de Barbarie, le grenadier, le plaqueminier ou kaki, le «terfess» ou la truffe sauvage du désert :
Figuier de Barbarie, le kiwi local
Jadis considéré comme le fruit du pauvre, la figue de Barbarie est en passe de détrôner, en cette fin de juillet, des fruits aussi nobles que le raisin, la pomme ou l'abricot. Poussant quasi spontanément et à profusion sur le territoire de la wilaya de Mila, notamment le long des étendues montagneuses de sa région nord qui va de Amala à Tassedane en passant par Chegara, c'est une plante qui demande très peu de soin et d'entretien, et s'accommode même de terrains rocailleux et incultes d'où elle peut tirer allègrement sa subsistance. Plante à la fois sobre et généreuse, le figuier de Barbarie est originaire du Mexique d'où il a été importé vers le Maghreb. Dans ce pays d'Amérique latine, il est consommé à profusion au petit déjeuner. Ses feuilles sont également utilisées dans l'alimentation et les cosmétiques. Ses fruits succulents se révèlent aussi d'une grande vertu nutritive. Riches en potassium, et en fer et diverses autres vitamines, ils sont indiqués pour combattre l'ulcère d'estomac et l'obésité, pour baisser le taux de glycémie chez les diabétiques, pour réduire le mauvais cholestérol. La récente prise de conscience quant aux vertus nutritives de ce fruit sauvage a poussé les pouvoirs publics à encourager sa culture et ne plus la laisser à la seule spontanéité naturelle.
Le grenadier (punica granatum), originaire du Moyen-Orient
Arbuste de la famille des «punicacées», originaire du Moyen Orient, le grenadier est cultivé principalement pour ses fruits et pour la décoration. Il peut atteindre une taille de six mètres. Son port est arrondi avec des écorces grises et rougeâtres sur les jeunes branches; les feuilles sont simples et opposées. Les fleurs de couleur rouge s'épanouissent de mai à septembre et son fruit globuleux, «la grenade», possède une peau dure, de jaune à rougeâtre. A l'intérieur, des compartiments séparés par des cloisons ténues cachent une multitude de graines anguleuses, entourées d'une pulpe rose ou rouge, sucrée et acidulée. Le grenadier a besoin de chaleur et apprécie une exposition ensoleillée. Il ne pousse pas dans les régions froides. En Algérie, le grenadier est constitué principalement de deux variétés : une de Messad, située au Sud algérien, l'autre de Koléa, située dans les plaines de la Mitidja. La surface plantée a atteint un peu plus de 10. 000 hectares en 2004, avec une production de près de 400.000 quintaux.
Le plaqueminier ou kaki, de grandes facultés d’adaptation
C'est un arbre qui a été introduit en Algérie pour la première fois en 1894, mais qui, par la suite, n'a pas connu le développement escompté. A présent il n'est présent que dans certaines régions du territoire algérien (Médéa, Miliana, Blida, Tizi-Ouzou, Annaba...) et produit un fruit très riche en vitamines. Le plaqueminier s'adapte à tous les climats et même aux températures extrêmes. Il possède de multiples vertus : il a un effet laxatif et facilite le transit intestinal, permet de soulager les douleurs d'estomac, fait baisser la pression sanguine. En outre, son jus riche en vitamine C prémunit contre la grippe et certaines maladies respiratoires. Il a aussi une grande valeur économique : il peut être consommé à l’état de maturité et à l'état blet, sous forme de jus, tout comme il peut être utilisé dans l’industrie, notamment pour être transformé en confiture et compote, en ingrédient dans les recettes culinaires, en aliment du bétail. En plus de ses qualités nutritives et économiques, son écorce est utilisée comme colorant pour le tannage des peaux et cuirs, et son bois, qui possède des qualités proches de celles de l’ébène, pour différentes productions. Pouvant atteindre jusqu’à 20 mètres de hauteur et produisant un fruit de la grosseur d’une pomme, de forme aplatie, conique, cylindrique ou ronde, le plaqueminier peut entrer en production à partir de la cinquième année et vivre jusqu’à l’âge de 300 ans. Il s’adapte aisément au climat méditerranéen et sa résistance est similaire à celle du figuier et de l’olivier, ce qui lui permet de pousser dans des endroits où la pluviométrie se situe entre 600 et 800 mm. Pouvant donner 50 à 60 kg par arbre, le plaqueminier ou kaki gagnerait à être mieux vulgarisé dans le cadre des programmes agricoles, particulièrement dans les zones où il est le mieux adapté ; ne serait-ce que pour ses qualités thérapeutiques et nutritives, ainsi que pour les avantages qu’il présente sur le plan économique.
«Terfess», la truffe sauvage du désert
Réputée pour sa saveur inégalable dans l’art culinaire des Hauts Plateaux, du Grand Sud et dans la région de Ghardaia, zone truffière par excellence, la truffe sauvage du désert, champignon sauvage à fructification souterraine, est plus connue sous le nom algérien de «terfess». Il faut savoir que la forte pluviométrie que connaît la région durant l’automne favorise la régénération du tapis végétal et, entre autres l’apparition de truffes, qui attirent de plus en plus de personnes à la recherche de ce tubercule très prisé pour garnir les plats familiaux de la vallée du M’zab. Son essence aux riches senteurs, sa valeur nutritive et les pouvoirs aphrodisiaques qu’il est supposé avoir confèrent à ce champignon souterrain une importance qui justifie l’engouement qu’il suscite auprès des populations locales. «Avoir une truffe entre les mains, c’est comme si on possédait un joyau rare que l’on conserve jalousement et que l’on est fier d’exhiber.»
Kamel Bouslama