
La préservation de l'environnement est-elle le dernier souci des Algériens ? Certains indices tendent à le confirmer. En effet, se préoccuper du cadre de vie ou de l'hygiène à l'extérieur ne semble pas être le sport favori de beaucoup de personnes qui considèrent que laisser sa place propre après une sortie pour déstresser, est un supplice pour eux, mais pas pour ceux chargés de remettre en état ces lieux et veiller à leur donner l'aspect qu'ils avaient avant ce passage «nocif». L'état des lieux de certains espaces de villégiature, après les fêtes de fin d'année ou de Yennayer, ou une sortie le week-end est la preuve de ce manque de civisme inquiétant. L'environnement paie cher ces moments de bonheur qui transforment des régions touristiques par excellence en grandes décharges à ciel ouvert. Ce ne sont certainement pas les associations œuvrant pour la protection de l'environnement qui nous contrediront.
A peine les fêtes de fin d'année passées, les associations de défense de l'environnement ainsi que les gérants de ces sites entament un recensement des préjudices causés au patrimoine, au niveau des sites touristiques qui ont accueilli une foule nombreuse. Le mouvement associatif a dressé une longue liste de ces dommages qui vont des graffitis laissés sur des sites préhistoriques aux déchets amoncelés au niveau des sites protégés. Cette situation désolante amène ces mêmes associations à plaider pour l'adoption de restrictions pour accéder aux sites en question afin de mieux contrôler les flux d'une part, et déterminer les auteurs de ce type d'atteinte, d'autre part.
Contacté à ce sujet, M. Mohamed Dali, chargé de l'information et porte-parole de l'Association Tourisme, Loisirs, Echanges et Développement de l'environnement, affirme que la Saoura est dotée de potentialités touristiques extraordinaires, mais il reste à les préserver, les faire connaître pour mieux les rentabiliser.
Il ajoute que la découverte de cette destination touristique, à travers ses multiples sites, permet de valoriser le patrimoine naturel et culturel que renferme la Saoura, dont des gravures rupestres, des sites archéologiques, des palmeraies et autres composants de ce paysage saharien très attractif. Pour M. Dali, il existe dans cette région des sites naturels incomparables, une biodiversité unique en son genre, en sus d'un riche patrimoine culturel qui lui confèrent des atouts particuliers pour en faire une destination touristique par excellence, pour peu que l'on change les mentalités qui portent préjudice au tourisme. «Les sites touristiques, témoins de l'identité nationale, les manuscrits, preuves de l'histoire, et la diversité d'un patrimoine immatériel très riche sont exposés à un danger imminent», relève-t-il.
L'Algérie a une volonté manifeste de protéger ses richesses, mais pour cela, tout le monde doit jouer le jeu et s'inscrire dans cette logique. Les médias, tout comme la société civile, sont plus que jamais interpellés pour répandre la culture environnementale chez les jeunes et les familles.
Il faut promouvoir aussi le tourisme en multipliant les sorties pour les corps diplomatiques accrédités en Algérie, estime le porte-parole de l'association, pour contribuer à la relance du tourisme saharien qui regorge d'atouts uniques au monde, à l'image du coucher de soleil merveilleux, sans oublier une diversité culturelle déclinée par un legs authentique et exceptionnel et une galerie d'art rupestre à ciel ouvert.
M. Dali évoque, par ailleurs, la protection des zones naturelles du Sahara, en encourageant les bonnes pratiques et la lutte contre le dépôt anarchique des ordures sur les aires de repos qui nuit à l'environnement, notamment par la décomposition des déchets. Prôner le civisme s'impose comme seule alternative pour réhabiliter les régions de Taghit et Béni-Abbès. Régulièrement, les habitants de ces deux régions organisent un volontariat pour éradiquer les décharges sauvages dans la Saoura qui croule sous les ordures. Ce geste va certainement jouer un rôle dans la préservation de l'environnement et booster l'économie circulaire. Espérons qu’il incitera la relance du tourisme et l'éducation environnementale. A travers son association, M. Dali lance un appel aux visiteurs pour faire du slogan «Découvrez votre pays et protégez votre nature» une réalité. Il est de ce fait primordial d’insister sur l'intérêt d'élever le niveau des connaissances environnementales chez les jeunes et leurs familles.
Il souligne, par ailleurs, que l'Algérie est confrontée à de sérieux problèmes de pollution, de désertification, de dégradation de la nature, de pollution de l'air, en plus de la multiplication des décharges sauvages. Selon lui, il n'est donc pas étonnant que l'on assiste, ces dernières années, à des phénomènes naturels extrêmes comme les inondations et les sécheresses cycliques.
Aller vers une industrie de recyclage des déchets devient une urgence pour lutter contre les conséquences des changements climatiques, tient à souligner M. Dali. C'est dire que l'environnement et le tourisme sont indissociables.
Samia D.