
Les victoires électorales des partis d’extrême droite sont-ils en passe de faire tache d’huile ? La question mérite d’être posée car ce qui semblait impensable pour beaucoup il y a une ou deux générations, est en train de se produire, un peu partout dans le monde. Ce que révèlent les sondages et les analyses des observateurs de la chose politique.
Le phénomène et le danger qu’il porte en puissance provoqués par d’ultra-nationalistes, fait craindre le pire.
A quoi cela est-il dû ? Quelques tentatives d’explication, forcément sommaires, indiquent que dans plusieurs pays d’Europe, pour ne citer que ce continent, on assiste à un rejet des partis dits “mainstream” du clivage droite/gauche traditionnel, qui ne parviennent plus à mobiliser leurs électeurs.
Considérant comme légitime l’emploi de la violence dans les discours, les actes, les symboles, les membres de l’extrême droite, réclament un régime fort, comparable à ceux qui ont apparu au tout début du XXe siècle.
« Qu’il retourne en Afrique !», par ces mots, qu’ils soient au singulier ou au pluriel, le député du Rassemblement National, Grégoire de Fournas, essaime ses idées mortifères et stigmatise les Français en fonction de leurs origines ou de leur couleur de peau.
Autre échantillon morbide. Reconquête ! le mouvement d’extrême droite d’Éric Zemmour a fait des évènements qui se sont déroulés dans la commune de Callac, un fait symptomatique dans ses tentatives à vouloir accréditer la thèse sordide du « Grand remplacement ».
Dans la perspective d’accroître leur popularité, leur volonté à subjuguer les esprits, des groupements de cet acabit, n’ont pas hésité à mobiliser des théories complotistes pour renforcer leurs positions et leur ancrage au sein de leurs sociétés. Les visées de cette nébuleuse protéiforme ont progressé au point de l’autoriser à fomenter, non plus dans le secret des alcôves, mais à ciel ouvert, des alliances pour s’emparer du pouvoir qui devient de ce fait, un objectif affirmé, revendiqué avec acharnement.
Quel que soit son visage, l’extrême droite se nourrit des peurs, des frustrations et des précarités générées et alimentées par les crises. Elle progresse au sein des populations fragilisées par les problèmes socioéconomiques.
Les gros bataillons hyper agressifs, voire paramilitaires, trop souvent nostalgiques du nazisme et du fascisme qui, tolérés ou non, s’affichent ostensiblement. Surfant sur l’air du temps, ils ont su, tout à la fois, faire coaguler des aspirations diverses, utiliser les techniques les plus modernes de la communication de masse. Les boucs émissaires sont expressément pointés du doigt. Ici le travailleur étranger, là, le profiteur de l’État-providence. Ou encore, la région pauvre et paresseuse parasitant la région riche, sera vilipendée et invitée à se séparer. La présence d’une forte immigration habilement associée à une montée de l’insécurité, fantasmée, est un effet d’aubaine.
L’idéologie de l’extrême droite est simple : il faut se préserver, encore et toujours. Qu’il s’agisse de la race, de la nation ou de la civilisation face au « barbare » qui est à nos portes ou déjà à demeure. On comprend combien ces « idées », ces phobies ou ces croyances méphitiques sont en totale opposition avec toute avancée porteuse de valeurs de solidarité et de progrès.
Preuve est faite qu’il ne faut plus, ni sous-estimer, ni amoindrir les ambitions belliqueuses, ni la force de frappe de partis dont les racines historiques plongent dans le racisme le plus débridé.
M. B.