Béjaïa : Le couffin traditionnel aux oubliettes

L’utilisation du sachet plastique d’emballage de couleur noire suscite toujours l’inquiétude des consommateurs. Un mode d’emballage qui prend de l’ampleur avec tous les effets nocifs pour les produits emballés mais aussi polluants de la nature et de l’environnement de par sa présence à chaque coin de rue, dans les décharges sauvages et surtout dans les commerces.

Des centaines de citoyens l’utilisent au quotidien dans les marchés et les magasins. Le sachet a délogé le couffin traditionnel ou le filet de crin que nos aînés avaient l’habitude d’utiliser pour faire les commissions. Les plus avertis vous diront que le sachet noir est plus nocif que les autres couleurs. Hamid, enseignant, dira que «les mesures prises en 2016 pour éliminer le sachet plastique en général et le noir en particulier n’ont pas été mises en application. Malheureusement, cette stratégie n’était qu’une simple vision, au motif que certains jeunes ont bénéficié de prêts ANSEJ pour créer des entreprises de fabrication de sachets plastique à côté de gros investisseurs dans ce domaine qui ont fait fortune au détriment de la santé du consommateur et de la préservation de l’environnement. Cette idée lancée par les pouvoirs publics en 2016 et qui n’a pas été suivie d’exécution sur le terrain a été «copiée» par des pays voisins qui ont éliminé totalement l’utilisation des sachets d’emballage en plastique dans les commerces de leur pays. Pour éliminer ce sachet noir, il faut aller à la source, arrêter de le produire. Il faut une volonté politique réelle et non des discours de circonstance car la santé du citoyen et la préservation de l’environnement sont en jeu». Lors des différentes actions entreprises pour éliminer le sachet plastique, il a été question de réhabiliter le couffin en roseau et en alfa, utilisé dans le passé par chaque ménage, mais sans plus. Cela permettrait pourtant de relancer la fabrication du couffin traditionnel. La fabrication du papier d’emballage pour les boulangers et les commerçants répond mieux aux normes hygiéniques et à la sécurité alimentaire. Pour Abdelkader, membre actif et fervent bénévole de la défense de la nature, «certes, il faut des actions et des décisions plus rigoureuses en introduisant des cours de sensibilisation, en créant des clubs verts mais aussi en pénalisant les fabricants. Trier pour mieux rentabiliser, en réalité la transformation ou la récupération des sachets ne change rien à leur utilisation, il faut simplement cesser de les fabriquer. Nous avons toujours attiré l’attention des services du commerce et de l’environnement sur le danger de l’utilisation du sachet plastique pour l’emballage mais aucune réaction de la part de ces services. Pire, durant le mois de Ramadhan, c’est le grand sachet noir qui refait surface pour être utilisé par des associations et des bienfaiteurs comme couffin de Ramadhan pour emballer les produits destinés aux familles nécessiteuses. C’est le provisoire qui dure. Des tonnes de déchets ménagers sont jetées dans des sachets dans des décharges sauvages, en bordures des routes, sur les plages où bovins et ovins les avalent et sont retrouvés dans leur panse. Les actions folkloriques menées à ce jour pour éliminer le sachet noir restent folkloriques». La Journée mondiale des droits des consommateurs, qui coïncide avec le 15 mars, a pour thème cette année «la lutte contre la pollution plastique». Des rencontres sont prévues avec les directions du commerce, de l’environnement, des associations de défense des droits des consommateurs pour examiner ce fléau environnemental qui s’achèveront sans résultat. Entre-temps, le sachet plastique est omniprésent avec tous ses effets nocifs. Il faut une volonté déterminée pour l’éliminer définitivement comme on élimine un virus.

M. Laouer

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