
Plus connue sous le nom de «Jet d’eau», la place de la République demeure un espace très prisé pour les veillées, notamment en ces périodes de grandes chaleurs et surtout depuis sa récente réhabilitation qui, rappelons-le, aura coûté au Trésor public 4 milliards de centimes, et qui lui auront permis de se refaire «une toilette» avec son «jet d’eau» qui ne fonctionnait jusque-là qu’occasionnellement, avant d’être entièrement à l’arrêt. En effet, même si déjà cette réhabilitation du jet d’eau laisse à désirer, compte tenu de cette inadéquation entre l’ornement du bassin et les additifs de plomberie et d’électricité qui n’ont fait que le défigurer, cet ornement gît au milieu de cette place «des chameaux» à laquelle il s’est substitué et subit les ravages des inconscients qui le transforment, au fil des jours, en véritable dépotoir aquatique. Une place créée dans les années 20 et qui, au fil du temps, se sera transformée d’espace de transit des chameaux (alors qu’il n’y en a jamais eu à Béchar) en une place qui fut le lieu, à partir des années 50, de foires annuelles, d’activités folkloriques et même d’espace pour le chapiteau du fameux cirque Amar. Le «Jet d’eau» de Béchar (et par là même la place dans laquelle il est érigé et que l’on préfère nommer «place du Jet d’eau») aura connu plusieurs autres métamorphoses pour devenir, après l’indépendance, une véritable place avec ses espaces verts et son jet d’eau lumineux, dont la photo continue de symboliser la ville de Béchar. Ceci dit, et en dépit des efforts et des dépenses engagées pour une restauration de ce patrimoine, il n’en demeure pas moins que cette girandole, qui représente pour beaucoup de nostalgiques bien plus qu’un symbole à travers lequel on voit une partie de son histoire et de son enfance, risque tôt ou tard de perdre sa véritable vocation et de ne plus être qu’un simple «dépotoir». Une virée sur les lieux permet déjà de découvrir ce triste et désastreux spectacle d’un bassin où sont jetés gobelets, bouteilles vides, sachets… par les amateurs de veillées et les transitaires de cette ville, qui pourtant ne fait que leur procurer un lieu de détente et de repos.
Ramdane Bezza