Reportage : Si tu vas à Djemila

Vaste région montagneuse où le développement local a gagné bien du terrain, ces dernières années, Djemila n’est donc pas seulement réputée pour son potentiel touristique, ses vestiges romains, ses monuments et son traditionnel festival international de la chanson arabe, qui lui permet d’accueillir de nombreux touristes nationaux et étrangers qui vont à la découverte de ce patrimoine millénaire.

De notre correspondant : F. Zoghbi

Édifiée sur près de 42 hectares, Djemila, connue sous son nom antique Cuiculla, située à une cinquantaine kilomètres au nord Est du chef-lieu de la wilaya de Sétif, a été fondée en l’an 96 par l’empereur Nerva sur un site stratégique situé à quelque 900 mètres d’altitude. Le site antique est remarquablement conservé. Cette ville romaine, classée au patrimoine mondial par l’Unesco, offre au visiteur bien de belles facettes que préserve jalousement cette ville romaine avec son forum, son capitole, le marché de Cosinus, la basilique, le temple de Vénus Genitrix, la place des sévères, relevés par l’imposant arc de Caracalla, le temple de septime sévère, le théâtre ainsi que la fontaine conique, les grands termes, la maison de Bacchus et le quartier chrétien. Le musée abrite de nombreuses pièces archéologiques et des mosaïques d’une beauté exceptionnelle représentant des sujets mythologiques, à l’instar du sanctuaire de Bacchus, inspiré de la légende de Dionysos, et d’autres fresques toutes aussi imposantes les unes que les autres.
Berceau de la culture
Le festival international de la chanson arabe qu’accueille chaque année Djemila n’a pas tardé à investir les tablettes des grands festivals du genre, réunissant chaque été au pied du temple septime sévère, de grandes figures de la chanson arabe, telles que Kadhem essaher, Saber Eribai, Assi el Helani, Lotfi Bouchnak, Diana Haddad, Abdelmadjid Meskoud, Marcel Khalifa, Houria Aïchi, Walid Tawfik, Najwa Karam, Cheb Bilel, Abdou Deriassa et notre regrettée diva Warda el Djazairia qui me confiait lors de la quatrième édition de ce festival qu’elle assura avec brio : «C’est tout simplement somptueux, c’est toute la beauté et la richesse de l’Algerie, vous devez préserver et de valoriser ce très beau site de Djemila et faire que chaque année il soit le carrefour de la chanson internationale.»
Djemila a été aussi une tribune de la cause arabe en accueillant le Festival de «Baâlbek» au moment où cette ville du Liban croulait sous les bombes israéliennes et en consacrant l’une de ses plus belles pages à «Ghaza la Martyre», qui lutte sans cesse héroïquement pour son existence et sa dignité et dénoncer toutes ces atrocités perpétrées contre un peuple plus que jamais attaché à sa terre, déterminé à reconquérir sa liberté spoliée par l’entité sioniste.
Nidhal Achgar investissait alors la scène pour déchirer le ciel de Cuicul et s’élever contre l’occupant sioniste et crier à la face du monde : «Nous sommes le passé, nous sommes le présent et nous serons l’avenir, sortez de nos terres, sortez de notre mer, sortez de nos champs et de notre mémoire.» au moment où le nombreux public se lève pour réitérer le soutien du peuple algérien à la Palestine, rendant par la même un vibrant hommage aux héros de Ghaza.
Autant de belles et combien émouvantes facettes qui font dire à Moussa Zehad, directeur de wilaya du tourisme : «Ce merveilleux site de Djemila, bien conservé dans sa beauté sublime, attire chaque année beaucoup de visiteurs d’autant plus motivés par le festival international de la chanson arabe qui permet à de grands noms de l’art, de la chanson et de la culture arabe de s’y produire et opter pour la destination Algérie.»
Les forages et le gaz naturel
Pourtant, Djemila dans son quotidien est aussi une de ces localités montagneuses qui n’a pas échappé aux effets de la décennie noire et a forgé son destin au fil des ans grâce à la dynamique du developpement local et des efforts d’envergure qui ont été consentis par l’état au cœur de ces contrées lointaines pour que les deux communes de cette daira puissent vivre décemment et se projeter dans un avenir meilleur.
Bien du chemin a été parcouru dans de nombreux secteurs, et ce, malgré «l’insuffisance des ressources en eau enregistrées sur ces hauteurs avec en plus un rabattement de la nappe qui a impacté la régularité de la distribution, pour laisser place à la réalisation de plusieurs forages dont celui de Kef Koriche, doté d’un débit allant de 8 à 10 litres seconde pour renforcer la dotation de Djemila, le forage de Guergour qui est également fonctionnel et celui de Ain El Kef qui est au stade des procédures administratives» indique Bensaih Samia, chef de le daira de Djemila.
D’autres réalisations non moins importantes ont vu le jour ces dernières années dans des secteurs aussi importants que le désenclavement, l’éducation avec aujourd’hui pas moins de 33 écoles primaires réparties sur les deux communes de Djemila et Beni Fouda et qui accueillent 6.748 élèves qui bénéficient du transport scolaire et auxquels sont servis à tous, sans exception, des repas chauds dans les cantines scolaires,
Le gaz naturel, qui a constitué de longues années durant une des préoccupations majeures des populations rurales dans une region où il fait froid, ne relève plus du rêve sur ces montagnes que le pipeline a défié pour s’en aller porter la flamme bleue dans de nombreux foyers, provoquant du coup une joie immense chez les habitants, plus que jamais débarrassées du calvaire de la bonbonne, portée jadis sur des kilomètres et à quel prix, du bois, du charbon et du mazout au moment où le taux de couverture de toute cette région en gaz naturel a atteint aujourd’hui 98% pour donner du sens à la vie.
Lumières sur les zones d’ombre
Des acquis et des réalisations relevés par le programme de mise à niveau des zones d’ombre décidé par le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, qui n’a pas délaissé ces zones démunies et s’est traduit par la réalisation de 31 projets dans des secteurs aussi sensibles tels que l’alimentation en eau potable, le désenclavement, la santé, l’éducation, l’énergie et la santé pour une enveloppe de plus de 45 milliards de centimes investis dans les localités démunies de Dar el Hamra, Akriche, Kef Lekhel pour fixer les populations et encourager le retour vers leurs terres et leurs biens de ceux qui ont été frappé par le vent de l’exode durant la décennie noire.
Pour la symbolique et pour mettre en exergue tous ces acquis, la rentrée scolaire 2023-2024 a été organisée cette année sur les hauteurs de ce que fut la zone d’ombre de Akriche, attestant des efforts qui sont consentis et de l’intérêt que porte l’état aux citoyens de ces contrées démunies, livrés à leur destin durant de longues années.
«Il est incontestable que l’impact produit par la mise en œuvre du programme décidé par le président de la république pour corriger les déséquilibres flagrants qui existaient dans les zones d’ombre et permettre au citoyen de vivre dans des conditions dignes et décentes a été positif à plus d’un titre et a répondu sur plusieurs fronts à des préoccupations sensibles des populations, mais Djemila est une daira montagneuse qui compte encore certaines zones démunies, éparses de surcroit, qui constituent, pour l’heure, l’une de nos priorités majeures», relève la chef de daira.
Dans ce contexte, la dynamique du developpement local qui a été mise en œuvre dans ces communes et le désenclavement des populations vivant dans ces contrées lointaines, implantées pour certaines aux confins de la wilaya de Jijel, constituent des priorités majeures pour les pouvoirs publics locaux qui œuvrent à relier les villages et mechtas, injecter des moyens de transport pour faciliter le déplacement des citoyens et leur permettre de s’adonner à l’agriculture de montagne, l’élevage et l’artisanat, au titre des mécanismes mis en œuvre par l’état pour permettre aux jeunes de cette région, intégrée au programme CAPdel, de créer leurs projets et favoriser l’investissement. «Dans ce contexte, nous avons procédé à la mise en place d’une assiette foncière qui a été créée pour accueillir ces projets et même des programmes d’habitat», ajoute cette responsable.
26 villages de montagne
Pour Djamel Attia, président de l’association «les amis de Djemila», «les efforts qui ont été consentis ont permis à ces localités montagneuses de connaitre des évolutions qui sont perceptibles aujourd’hui. Le programme décidé par le président de la République, que nous remercions, a permis de corriger bien des déséquilibres et a fait en sorte, à titre d’exemple, que le taux de couverture en gaz naturel atteigne aujourd’hui plus de 90%. L’école, la santé, le transport scolaire, le désenclavement et d’autres secteurs sensibles ont connu des améliorations encourageant le retour des populations vers leurs terres pour y pratiquer l’élevage avicole notamment et l’agriculture de montagne, mais il ne faut pas oublier que Djemila c’est 26 villages repartis à travers ces zones montagneuses, et le progrès n’a pas de limites.»
Sur un autre front, non moins important, qui pourrait impacter positivement le volet inhérent à l’emploi et booster la démarche initiée par les pouvoirs publics locaux notre interlocuteur poursuit : «La réouverture de l’unité de plâtre connue pour la qualité de son produit et qui employait 60 travailleurs impacterait positivement, introduirait une nouvelle dynamique commerciale tout comme l’utilisation des 24 locaux de l’OPGI ou l’ancien hôtel que l’on pourrait également revaloriser.
Comme le developpement n’a pas de limites et évolue sans cesse au rythme des ambitions sans cesse exprimées par la population, la récente visite du wali, Limani Mustapha, dans ces zones montagneuses a permis au chef de l’exécutif de s’enquérir de la situation qui prévaut sur le terrain et d’être à l’écoute des préoccupations exposées par les citoyens.
Dans ce contexte, le projet du renouvèlement du réseau d’adduction et des équipements au niveau de la station de Bala pour renforcer la population de Beni Fouda-centre en eau potable est perçu favorablement par les populations de cette commune, sachant que l’impact produit par une telle réalisation touche 11.000 habitants.
Repas chauds pour les élèves
L’amélioration des conditions de scolarité des enfants de ces zones montagneuses est une des préoccupations majeures du chef de l’exécutif de wilaya et des pouvoirs publics de cette daira, sachant que des travaux d’aménagement sont menés à l’école Makhlouf-Ahmed et d’autres établissements et que plus de 6.700 repas chauds sont servis aux élèves dans les cantines scolaires des communes de Djemila et Beni Fouda. Le wali, qui a particulièrement insisté sur la qualité des travaux et la nécessité d’offrir un repas chaud à tous ces enfants des zones montagneuses, a procédé à la mise en service d’une nouvelle cantine scolaire de 100 rationnaires de Djemila, qui dispose aujourd’hui de son lycée et s’inscrit dans cette dynamique qui atteste de la volonté des élus et pouvoirs publics locaux à relever les défis qu’imposent ces contrées lointaines et de l’intérêt particulier du président de la république pour le citoyen, toujours au cœur de l’action pour une vie digne et décente, d’autant plus affirmée par la correction de nombreux déséquilibres dans ces villages montagneux.
Le projet en voie d’achèvement de la route reliant la RN 77 à Mechta Kef Griche et la réalisation d’un nouveau stade de 1.200 places, doté d’une pelouse en gazon synthétique, pour une enveloppe de 29 milliards de centimes, constituent autant de nouveaux acquis pour les jeunes.
F. Z.

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