
De notre correspondante Chahinez Ghellab
Il y a quelques jours seulement, 100 arbres ont été plantés à la cité aadl 1, appelée cité des 300-Logements, par les nouveaux habitants. Habitée depuis peu, elle présente les caractéristiques d'un quartier moderne qui commence à prendre forme.
Cette cité intelligente revêt un aspect extérieur très plaisant, mais derrière cette vue, les petits espaces verts engazonnés, aménagés par les occupants eux-mêmes, se cachent bien des désagréments. Attribuée en août 2020, la cité manque de tout. Outre l'absence de sécurité et de transport, les locataires font face à une multitude d'autres problèmes impactant lourdement leur vécu quotidien et empêchant la majorité des autres bénéficiaires d’emménager dans leur nouvelle maison. Excepté les quelques voitures garées, aucun signe de vie dans cette cité qui paraît complètement désertée. Sable, déchets de construction et ordures sont entreposés à l'entrée et aux alentours des maisons.
Située à environ six kilomètres de la ville, au niveau de la nouvelle zone d'équipements et à 200 mètres environ de la route d'évitement menant vers El Menia, cette cité attend toujours ses habitants.
Partiellement dépendant de l'énergie solaire, ce site est dépourvu d’infrastructures de base, de commerces, d'éclairage et de transport. Les logements sont donc restés inoccupés. Les acquéreurs devront, en sus du prix de leur maison, mettre la main à la poche pour rendre leur logement salubre.
Coûteux transport
«Assainissement, aménagement et finition, rien n'a été fait dans les normes par les entreprises chargées de la réalisation. Terrasse sans carrelage, réseau d'assainissement défectueux et cours ensablées. Il nous a fallu une année de travaux avant d’habiter», confie le vice-président de l'association des souscripteurs aadl 1, Djamel Draoussi, dans un entretien à El Moudjahid.
Ce dernier évoque les divers problèmes rencontrés après la remise des clés. En plus des travaux de rectification et de finition, les habitants se plaignent de l’absence totale de magasins.
«On est obligé de se déplacer en ville chaque jour en taxi et payer plus de 300 DA pour faire nos courses.»
«C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la majorité des bénéficiaires, bien que détenant les clés depuis 2020, n'ont pas pu emménager», ajoute M. Draoussi.
Les 90 résidents, sur un total de 300 souscripteurs ayant obtenu leur clé, peinent à trouver une vie normale depuis qu'ils sont dans leur nouvelle maison de 250 m2 de superficie chacune.
Bus scolaire nommé désir
Pourtant inscrit au budget 2022/2023, la réalisation du CEM n'est prévue que pour la fin de l'année 2024, comme le révèle le président de l'association. D'ici là, les collégiens de l'aadl continuent de vivre la misère en se rendant à l'établissement le plus proche situé à pas moins de deux kilomètres.
«Nos enfants doivent faire pas moins de 2 kilomètres et demi pour arriver au CEM, à la cité aadl 2. Le chemin est désertique, les chiens errants sont partout en plus de la distance épuisante. Ceci est une partie des nombreux dangers qu'encourent nos enfants afin de rejoindre leur collège», ajoute notre interlocuteur. Après des protestation, un véhicule scolaire leur a été fourni, mais qui ne vient que rarement.
Souscripteurs aadl 2… la déception
Quant aux 700 logements de l’aadl 2 attribués en juillet 2021, ils demeurent presque totalement vides.
Environ une cinquantaine d'habitants seulement ont rejoint leur maison malgré les insuffisances, déclare le président de l'association de l’aadl 2, Mohamed Naami.
«On s'attendait à une cité intelligente modèle mais ce qu'on a trouvé n'équivaut même pas à une cité ordinaire. On est déçus !», déplore ce dernier qui évoque en même temps les problèmes rencontrés après l'attribution des logements, à savoir l'absence des commodités de base, de sécurité, de transport, de magasins d'alimentation et de dispensaire.
À quoi sert Gest-Immo ?
Les habitants des cités aadl déplorent également l'absence de gestion de leurs sites. «Tout est assuré par les résidents», lancent Imed et Faïza, nouveaux locataires qui disent payer les charges à Gest-immo mais n’en voient pas la contrepartie. Il convient de rappeler que cette entreprise est chargée de la collecte des traites mensuelles et des charges locatives des souscripteurs ainsi que de l’entretien des cités et de la maintenance des équipements. Le président de l'association addl 1 a tenu à préciser qu’ils payent plus de 9000 DA par mois, dont les frais des charges, alors que le quartier, les espaces, les panneaux solaires, n'ont jamais été entretenus. Pire, les locataires ayant accumulé un retard dans le paiement des loyers, ont été menacés d'expulsion. Le responsable du bureau Gest immo au niveau de la direction aadl d'Ouargla a refusé de nous donner des explications. Selon lui, la direction de Chlef est seule habilitée à répondre.
Par ailleurs au vu des cas de cambriolage enregistrés, les résidents se sont organisés en formant des groupes qui assurent la surveillance du site 24 sur 24 heures. Ces derniers sont payés à travers une cotisation des habitants mais malheureusement cela n'a pas duré puisque beaucoup n'ont pas pu payer, donc l'insécurité règne. L'installation d'un poste de police s'avère primordiale.
C. G.