De notre correspondant Abdelkader Benmechta
Création de milliers de postes d’emploi réservés aux jeunes, construction de milliers de locaux commerciaux attribués aux jeunes, créations et financement de centaines de micro-entreprises tous secteurs confondus consacrées aux jeunes, attributions de divers matériels, autant d’ initiatives visant à faciliter l’accès de l’emploi aux jeunes.
Outre ces sources il y a également les jeunes versés dans le commerce informel, le travail dans les champs loin des regards, ceux qui exercent en qualité de serveurs dans les cafés et les restaurants recensés comme étant des chômeurs. Néanmoins, en dépit de tous les efforts consentis par l’État, le problème du chômage auquel sont confrontés les jeunes est loin d’être réglé ni même résorbé. La situation a même empiré depuis la covid, ayant engendré la fermeture de centaines d’entreprises avec la mise au chômage de milliers de travailleurs.
Pénurie de main-d’œuvre dans l’agriculture
Située dans une région où l’agriculture domine essentiellement, la wilaya de Mascara connaît le problème du chômage avec acuité pour les uns, pour les autres c’est celui lié à la pénurie de main d’œuvre agricole. Quotidiennement, des centaines de jeunes en quête d’emploi se déplacent au niveau des directions de la wilaya de Mascara dans le but de s’informer sur les modalités d’accès aux postes de travail et déposer leur CV. La direction de l’éducation nationale est la plus sollicitée par des jeunes diplômés pour un recrutement en qualité d’enseignant. Plus de 15.000 jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ont déposé leur dossiers pour participer au concours de recrutement de quelques 6OO enseignants dans les trois paliers. Ces chiffres ont enregistré une augmentation sensible par rapport aux années précédentes.
L’Agence nationale de l’emploi (ANEM) avance un nombre de 30.500 demandeurs d’emploi au cours de ces dernières années. Quant à l’offre, la même source révèle, qu’elle est, comme à l’accoutumée faible. Cette année, le nombre de postes d’emploi offerts par les entreprises de placement a atteint les 4000 bien inférieur à la demande
En effet, les postes d’emploi offerts par les administrations et entreprises publiques ou privées ne peuvent satisfaire une demande qui ne cesse de s'accroître de jour en jour. Pour remédier à cette situation l’ANEM, a mis l’accent sur la nécessité d’encourager les demandeurs d’emploi, plus précisément les diplômés, à créer leurs propres entreprises.
En dépit des différents dispositifs et mesures mis en place par l’État, ces dernières années, le taux de chômage à Mascara a enregistré en 2022 une fulgurante hausse de plus de 30 %. Le chiffre trouve sa justification dans la situation sanitaire caractérisée par l’émergence de la pandémie du covid 19 mais est appelé à diminuer dans les années à venir grâce à l’amélioration de la situation sanitaire. Outre ces initiatives, il y a également l’agriculture qui emploie actuellement près de 100.000 personnes dont 60.000 permanents.
Connaissances et favoritisme
Interrogés, des jeunes demandeurs d’emploi ont dénoncé ce qu’ils qualifient de «favoritisme dans le recrutement». Ils prétendent que certaines directions et autres entreprises publiques sont considérées comme une propriété tribale ou familiale. Pour avoir un poste de travail, il faut avoir des connaissances.
En plus de la pénurie d’offres d’emploi, d’autres facteurs aggravent la persistance du chômage à Mascara. Il s’agit de la déperdition. A cet égard, les chiffres incitent au pessimisme puisque plus de 5000 étudiants dont près de 1000 de l’enseignement moyen et 5000 de l’enseignement secondaire ont été exclus en fin d’année scolaire (2021-2022).
Selon la direction de wilaya de la Formation professionnelle, seuls 2000 jeunes se sont inscrits dans des centre de formation. Ceux-ci ne représentent qu’un faible taux du nombre global des élèves, âgés entre 14 à 17 ans, exclus du système scolaire.
Parallèlement, le phénomène du manque de main d’œuvre révèle que certains veulent des postes de gardien ou d’agent de sécurité. 80 % des emplois sont offerts par des entreprises de placement du secteur de la construction ,du bâtiment et travaux publics (BTP). Néanmoins, une grande partie des demandeurs d’emploi déclinent ces offres.
Afin de résoudre partiellement le problème relatif au manque de main d’œuvre, notamment qualifiée, plusieurs entreprises de BTP à Mascara ont fait appel à la main d’œuvre étrangère. Mascara a enregistré en 2020, l’arrivée de plus de 1000 ouvriers de différentes nationalités, Portugais, Espagnols, Italiens …
Toutefois, le secteur de l’agriculture ressent le plus les effets de cette situation. Les producteurs et autres fellahs, relatent le flagrant manque de main d’œuvre pour les travaux agricoles. Les personnes (en nombre insuffisant) du troisième âge candidates à ces taches éprouvent des difficultés à s’acquitter de leur besogne pénible, un facteur qui incitent les jeunes sollicités à refuser de travailler même si un salaire de 2000 DA/ jour leur est proposé.
A. B.
