El-Oued : l’agriculture saharienne sous la loupe

L’agriculture saharienne confirme, une fois encore, son rôle stratégique dans la région d’El-Oued, devenue, au fil des années, l’un des principaux pôles agricoles du pays. Modernisation des systèmes d’irrigation, essor des cultures sous serre et montée en compétence des agriculteurs, autant de facteurs qui redessinent aujourd’hui le paysage agricole local.

C’est sous le haut patronage du wali d’El Oued, M. Larbi Behloul, et sous la supervision du Pr Habib Gueddah, directeur de l’école supérieure d’agriculture saharienne (ESAS), qu’ont été organisées deux journées d’étude sur l’agriculture saharienne, un rendez-vous qui réunit chercheurs, étudiants et agriculteurs pour aborder les défis du terrain et identifier des pistes d’action concrètes.

S’appuyant sur une vaste enquête menée par les étudiants auprès des exploitants de la région, l’événement a permis de dresser un état des lieux précis des contraintes phytosanitaires et zootechniques. Les résultats ont nourri quatre ateliers thématiques qui ont constitué le cœur de ces journées. Selon la présidente de l’édition, Dr Hafsa Benras, le premier atelier a été consacré à la poussée inquiétante des ravageurs et à la faible efficacité des méthodes de lutte, tandis que le second s’est penché sur les maladies végétales, notamment l’oïdium, le mildiou et les pourritures racinaires.

Le troisième atelier a mis en lumière la difficulté persistante de maîtriser les mauvaises herbes, un problème aggravé par l’absence de techniques de gestion modernisées. Le dernier atelier a évoqué les contraintes de l’élevage, marqué par des déficits en nutrition animale, en suivi vétérinaire et par l’impact du climat. Les données recueillies montrent que les ravageurs, les maladies, la rareté de la main-d’œuvre et la hausse des prix des intrants constituent les principaux obstacles à la production.

Les éleveurs, quant à eux, alertent sur la faiblesse des services vétérinaires et la difficulté d’assurer une alimentation équilibrée aux troupeaux. Plusieurs agriculteurs ont néanmoins exprimé leur disponibilité à collaborer avec les étudiants pour des expérimentations sur leurs exploitations. A l’issue des travaux, les recommandations présentées par Dr Safia Benomar ont insisté sur la gestion intégrée des ravageurs, la promotion de solutions innovantes en partenariat avec les exploitants, l’amélioration des services techniques et vétérinaires ainsi que sur l’impératif de renforcer les circuits de commercialisation.

Pour l’ESAS, ces journées constituent un levier essentiel pour rapprocher le monde académique du secteur agricole et impulser une recherche appliquée au service d’une agriculture saharienne résiliente et durable. Les travaux scientifiques menés durant les deuxièmes Journées d’étude sur l’agriculture saharienne ont permis de dégager une vision claire des priorités de recherche pour renforcer les filières de la production animale et de la protection des végétaux dans la région. Les participants ont souligné la nécessité d’orienter les efforts vers une meilleure compréhension des maladies animales et des contraintes nutritionnelles propres au milieu saharien, à travers la réalisation d’études statistiques sur les pathologies les plus fréquentes, l’analyse des besoins du marché et l’évaluation de l’impact de la salinité de l’eau sur la santé du cheptel. Ils ont également insisté sur l’importance de développer des travaux en biotechnologie de la reproduction, d’effectuer des études morphométriques sur les races locales et d’examiner la possibilité de valoriser les résidus végétaux comme alternatives fourragères, tout en surveillant l’évolution de la résistance aux antibiotiques.

Concernant la protection des végétaux, les chercheurs ont recommandé de renforcer les études de terrain afin de cartographier précisément les zones d’infestation des ravageurs et maladies, d’évaluer l’efficacité réelle des pesticides utilisés dans les conditions locales et d’approfondir la connaissance des organismes utiles impliqués dans la lutte biologique. Ils ont plaidé pour le développement de matières actives d’origine naturelle et pour la mise en place de protocoles intégrés combinant méthodes culturales, biologiques et chimiques, dans une approche respectueuse de l’environnement.

L’amélioration de la qualité des productions passe également par la recherche de solutions capables de réduire les résidus de pesticides et de garantir une meilleure sécurité alimentaire. Dans l’ensemble, ces recommandations constituent une véritable feuille de route scientifique visant à renforcer les capacités de production animale et végétale dans les zones sahariennes, en reliant la recherche académique aux besoins réels du terrain et en développant des solutions innovantes, adaptées et applicables dans un contexte agricole local à la fois spécifique et sensible.

C. G.

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