Yémen : Washington exhorte les Houthis à la désescalade

Les Etats-Unis et l'ONU ont exprimé mardi leur inquiétude face à l'avancée de rebelles houthis dans le nord du Yémen, qui mettrait en danger selon eux des millions de civils. Les rebelles houthis tentent de s'emparer depuis plus d'un an de la ville de Ma’rib, riche en pétrole et dernier bastion du pouvoir dans le nord du Yémen en guerre. Après une accalmie, ils ont repris le 8 février leur offensive contre les forces gouvernementales, appuyées par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite. Tim Lenderking, émissaire des Etats-Unis pour le Yémen, a exhorté les Houthis à «mettre fin à leur avancée». Le diplomate a été récemment nommé par le Président américain Joe Biden, qui souhaite voir le conflit prendre fin. L'offensive pourrait «pousser l'infrastructure humanitaire, déjà fragilisée, au-delà de son point de rupture», a déclaré Tim Lenderking à Washington devant la presse, avant son déplacement dans la région. «Mettre fin à cette guerre à travers une solution politique durable est le seul moyen de mettre fin à la crise humanitaire qui a ravagé la population yéménite», a-t-il affirmé. Les Nations unies s'alarment également des conséquences de l'offensive. «Je suis très inquiet de l'escalade militaire à Ma’rib», a tweeté le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock. «Un assaut sur la ville mettrait deux millions de civils en danger, avec des centaines de milliers de personnes potentiellement forcées de fuir et des conséquences humanitaires inimaginables». Le haut diplomate a annoncé qu'il discuterait de la situation jeudi avec le Conseil de sécurité de l'ONU, appelant à «désamorcer»» la crise au lieu «d'ajouter encore plus à la misère du peuple yéménite». Cette escalade intervient au moment où les Etats-Unis ont annoncé l'arrêt de leur soutien à l'Arabie saoudite au Yémen et le retrait mardi des Houthis de leur liste des «organisations terroristes», afin de ne pas entraver l'acheminement de l'aide vers les territoires qu'ils contrôlent. A Genève, le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a annoncé la tenue d'une conférence des contributeurs pour l'aide au Yémen le 1er mars, disant espérer lever «4,2 milliards de dollars». En attendant, les combats autour de Ma’rib ont fait des dizaines de morts et de blessés dans les deux camps ces derniers jours, selon des responsables militaires du gouvernement yéménite. Ces dernières heures, «les rebelles ont pu avancer à l'ouest et au nord de la ville», a déclaré un responsable militaire. Mardi matin, la coalition militaire a annoncé l'interception d'un drone piégé lancé par les Houthis vers l'aéroport international d'Abha (sud-ouest de l'Arabie saoudite), qui a fait l'objet de plusieurs attaques ces derniers jours. La prise de Ma’rib par les Houthis porterait un coup dur au pouvoir mais aussi à l'Arabie saoudite qui l'épaule depuis 2015, car le nord du Yémen, frontalier du royaume, serait alors entièrement aux mains des rebelles.

R. I.

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