Viabilité du cessez-le-feu et du plan de paix à Ghaza : quel poids pour les garants et les médiateurs ?

«Comme nous l’avons toujours dit, la situation logistique à Ghaza fait qu’il sera difficile de parvenir à la restitution de tous les corps», a rappelé, hier, le porte-parole de la diplomatie qatarie, notant que «cela ne doit pas constituer un obstacle à l’ouverture des négociations sur la deuxième phase».

Le Qatar, médiateur clé dans la guerre contre Ghaza, a appelé hier l’entité sioniste et le mouvement Hamas à engager rapidement la deuxième phase des pourparlers en vue d’un accord de paix durable, dans un contexte toujours marqué par la répétition des violations du cessez-le-feu par l’armée d’occupation, depuis son entrée en vigueur le 10 octobre dernier. «Nous pensons que nous devrions pousser les parties à passer très, très bientôt à la deuxième étape», a déclaré Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, lors d’un point de presse tenu hier à Doha.

On ne sait pas à quoi ont abouti les discussions préliminaires menées la semaine dernière au Caire, entre les médiateurs et une délégation des négociateurs du mouvement Hamas. Il s’avère certain cependant qu’entrer dans le vif de la fameuse deuxième phase s’annonce très complexe au vu de la rigidité affichée par l’entité sioniste et la poursuite de ses écarts flagrants par rapport aux clauses de l’accord. Outre les agressions renouvelées pratiquement quotidiennement contre l’enclave palestinienne, l’administration israélienne maintient un lourd dispositif d’entraves à l’entrée de l’aide humanitaire (denrées alimentaires, équipements médicaux, kits d’abris…). Des violations sur lesquelles les pays médiateurs et garants de l’accord restent désespérément silencieux jusqu’à présent, au mieux sans réaction notable.

La nécessité de prévenir, coûte que coûte, un effondrement du cessez-le-feu, maintes fois réitérée par les diplomaties impliquées dans le processus et par les instances de l’ONU, dont le Conseil de Sécurité, est manifestement interprétée par l’entité sioniste, comme une garantie que la communauté internationale est prête à fermer les yeux sur ses exactions.

En tous cas, c’est ce qui semble se produire depuis près de sept semaines, alors qu’aussi bien l’Autorité palestinienne que le mouvement Hamas, ont multiplié les appels en direction des garants de l’accord leur demandant d’assumer leurs responsabilités. Le 24 novembre dernier, lors de la dernière séance mensuelle du Conseil de sécurité consacrée à la situation au Moyen-Orient, le représentant permanent de l’Algérie aux Nations unies, l’ambassadeur Amar Bendjama, avait noté cette carence, dénonçant, par ailleurs, le fait que plus de 40 jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, «le territoire palestinien occupé (soit) toujours le théâtre d'une effusion de sang», et appelant «les médiateurs et les garants du plan de paix à prendre des mesures immédiates et décisives afin de préserver le cessez-le-feu et demander à la puissance occupante d'honorer ses engagements».

La deuxième phase du Plan de paix ne s’annonce donc pas sous les meilleurs auspices, alors qu’elle prévoit des chantiers fort sensibles tels que la mise en place d’une autorité de transition pour administrer la bande de Ghaza et le déploiement d’une force internationale de stabilisation (ISF), projetée initialement dès le mois de janvier prochain.

Prétextant l’incapacité du Hamas à livrer tous les corps de détenus israéliens, tel que prévu par une des clauses de l’accord, l’entité sioniste continue à miner le processus, voire à le pousser vers l’échec consommé. «Comme nous l’avons toujours dit, la situation logistique à Ghaza fait qu’il sera difficile de parvenir à la restitution de tous les corps», a rappelé hier le porte-parole de la diplomatie qatarie, notant que «cela ne doit pas constituer un obstacle à l’ouverture des négociations sur la deuxième phase». Sauf que la logique sioniste semble bien miser sur le pourrissement pour relancer ses plans d’occupation.

M. S. 

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