
Au Soudan, c’est l’impasse complète. Aucun signe d’apaisement à l’horizon, n’était le son des déflagrations et des crépitements des balles. Le pays sombre progressivement dans le chaos total, sous le regard désarmé d’une communauté internationale, le Conseil de sécurité de l’Ou en tête, incapable de trouver une issue à ce drame fratricide. Que ce soit à Khartoum ou dans d’autres ville du pays, les scènes sont similaires : des populations désemparées empruntant le chemin de l’exode. Plus de 1,2 million de civils se ruent vers les quelques régions momentanément épargnées par les combats qui font rage, alors que plus de 400.000 personnes demeurent bloquées aux frontières avec les pays limitrophes qui ne peuvent contenir cet afflux au regard de la crise alimentaire qui sévit.
Ces derniers jours, la situation a pris des proportions beaucoup plus alarmantes. Les factions militaires en guerre se sont affrontées dans les airs et au sol dans la capitale du pays, alors que l'augmentation de la violence et la propagation de l'anarchie ont ajouté à la misère des habitants déjà aux prises avec une nourriture et des médicaments limités.
L’enlisement se poursuit, malgré les appels incessants et sans échos jusqu’à maintenant de Riyad et Washington à un cessez-le-feu. Les pourparlers se sont effondrés la semaine dernière. Alors que les délégations restent à Djeddah, aucune reprise des consultations n'est annoncée.
Le 21 mai, les deux pays ont négocié avec succès un accord de cessez-le-feu temporaire pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Leurs efforts, cependant, ont été ébranlés lorsque l'armée a annoncé mercredi dernier qu'elle ne participerait plus aux pourparlers de cessez-le-feu tenus dans la ville côtière saoudienne de Djeddah.
Suite à la décision de l'armée, les États-Unis et l'Arabie saoudite ont déclaré qu'ils suspendaient les pourparlers, «en raison de graves violations répétées du cessez-le-feu à court terme». L'administration américaine a imposé des sanctions contre les principales sociétés de défense soudanaises dirigées par l'armée et les RSF, et contre les personnes qui «perpétuent la violence» dans le pays.
Dans leur déclaration de dimanche, Washington et Riyad ont déclaré qu'ils continuaient à engager des représentants de l'armée et des RSF restés à Djeddah. Ils ont exhorté les belligérants soudanais à accepter et à mettre en œuvre un nouveau cessez-le-feu après celui partiellement respecté et qui a expiré samedi soir. Les organisations humanitaires et autres groupes d'aide ont fait part de l’impossibilité à fournir une assistance étendue aux habitants des zones touchées par les combats, particulièrement Khartoum, qui vit un véritable drame humanitaire.
Signe de la recrudescence du conflit, les combats se sont étendus au-delà de la capitale jusqu'à la région du Darfour à l'ouest, d'où les RSF sont originaires et maintiennent une base de pouvoir.
M. T.