Ruine économique et sociale à Ghaza : la CNUCED pour «un revenu universel» aux habitants

La survie même de la bande de Ghaza est menacée, a alerté hier la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans un rapport accablant, qui appelle la communauté internationale à adopter sans délai un « plan de redressement global et coordonné ».

Selon l’agence onusienne, les opérations militaires sionistes menées depuis plus de deux ans ont « détruit systématiquement tous les piliers de la vie » dans l’enclave palestinienne : alimentation, logement, santé, éducation et gouvernance. Ghaza est passé, en l’espace de quelques mois, « du sous-développement à la ruine totale », écrit la Cnuced, qui doute ouvertement de la capacité du territoire à redevenir un jour un espace vivable sans « intervention extérieure massive ». L’organisme onusien fait remarquer par ailleurs que "les dommages considérables causés aux infrastructures, aux actifs productifs et aux services publics ont inversé des décennies de progrès socio-économiques". Le coût de la reconstruction est estimé à environ 70 milliards de dollars. Même dans le scénario le plus optimiste – croissance à deux chiffres et afflux massif d’aide internationale – il faudrait « plusieurs décennies » pour que la population retrouve le niveau de vie qui était le sien avant octobre 2023.

Pour éviter l’effondrement définitif, la Cnuced, qui qualifie la situation à Ghaza comme « la crise économique la plus grave jamais enregistrée », préconise trois leviers urgents : une aide internationale fortement coordonnée ; la reprise immédiate des transferts fiscaux et douaniers que l’entité sioniste est tenue de reverser à l’Autorité palestinienne ; et la levée des restrictions qui asphyxient le commerce et la circulation des personnes. L’agence onusienne va plus loin en proposant la mise en place, dès que les conditions de sécurité le permettront, d’un revenu de base universel pour l’ensemble des habitants de Ghaza. Ce programme d’aide en espèces, mensuel et sans condition, vise à garantir la subsistance minimale de chaque résident tant que l’économie locale reste exsangue. En Cisjordanie occupée, la situation n’est pas non plus rassurante.

La Cnuced y constate le pire recul économique depuis le début de ses relevés en 1972, imputable à « la violence des colons, l’expansion accélérée des colonies israéliennes et les restrictions drastiques imposées à la mobilité de la main-d’œuvre palestinienne ». Le rapport conclut sur une mise en garde sans ambiguïté : sans action concertée et immédiate, Ghaza risque de basculer dans une crise humanitaire et économique dont elle ne se relèverait pas.

M. S.

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