Question sahraouie : La fuite en avant et le jeu malsain du Maroc

«Le Maroc et le non-respect du droit international : la question sahraouie comme modèle», tel est l’intitulé de la conférence politico-historique organisée, hier, en son siège par l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG), en présence de l’ambassadeur et du président du Parlement de la RASD.

Cette rencontre, deuxième du genre de l’institut, sur le dossier marocain et la question sahraouie, vient éclairer sur un ensemble d’enjeux et de problématiques qui entoure le dossier du Sahara occidental
Il n’est pas possible de comprendre le comportement du régime au Maroc si les prémisses idéologiques et les justifications qui reflètent les intérêts des autres parties ne sont pas mises en évidence, faisant du Makhzen un simple outil au service des objectifs qui dépassent largement la volonté du peuple marocain.
Tant que le droit international est le garant de l’application de la légitimité internationale, le comportement du Maroc montre l’ampleur de la manipulation des mots et des concepts en vue d’induire en erreur l’opinion publique internationale sur la question de la décolonisation, tantôt par le chantage et la pression, et tantôt par cooptation et recours à la tentation.
Ce comportement peu orthodoxe par le Makhzen s’est manifesté en influençant l’Espagne, l’ancien colonisateur du Sahara occidental, afin de le dévier de ses positions et ses responsabilités historiques et son attitude négative envers la légitimité internationale et les résolutions de l’ONU.
Cependant, quelles que soient toutes les pressions marocaines, l’application du droit international reste la clé entre le respect de la légitimité internationale et la mise en œuvre d’agendas coloniaux et monopolistiques qui cherchent à piller les richesses du Sahara occidental au profit du colonisateur marocain et à servir ses intérêts, dans ce contexte la Cour de justice de l’Union européenne se distingue par ses décisions qui a rendu justice et a réfuté à plusieurs reprises les allégations marocaines.
Invité à l’occasion, le Dr Djamel Abdennacer Manaa, enseignant à la faculté du droit de Annaba a souligné dans son intervention que depuis toujours l’objectif principal du Maroc et de piller toutes les richesses existantes du Sahara occidental, en rappelant qu’à l’indépendance de l’Algérie le roi du voisin de l’Ouest avait donné instruction à son armée de s’introduire sur le sol algérien afin d’envahir les villes de Béchar et Tindouf.

Makhzen, synonyme de blocage et non-respect

Il a précisé que le Maroc n’a jamais respecté aucune des résolutions des Nation unies, ni les décisions de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, et se dérobe de ses engagements en déclarant ouvertement son refus catégorique de se conformer aux exigences des résolutions onusiennes, tandis que la partie sahraouie s’est engagée avec toute l’honnêteté et la volonté réelle de coopérer avec les efforts des Nations unies.
«Le Maroc ne cherche point à trouver une solution au blocage de la situation et ne veut pas en finir avec cette crise contrairement à l’Algérie qui déploie de grands efforts pour une solution diplomatique qui garantit l’exercice par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance», a estimé le conférencier, soulignant que le Maroc a toujours adopté la stratégie de la «fuite en avant».
Il a ajouté que le Maroc a «toujours baigné dans son mensonge» en lançant «des allégations en direction des pays voisins considérant que la Mauritanie et le prolongement du Maroc au même titre que la région Sud-Ouest de l’Algérie, revendiquant ainsi une partie de l’ouest du pays».
Il a expliqué que le royaume applique une politique expansionniste coloniale à travers des violations internationales et régionales. Il a dénoncé le concept du «grand Maroc» développé par le Makhzen dans les années revendiquant des territoires appartenant au Sahara occidental, à la Mauritanie, une partie du Sahara algérien, une partie du Mali (nord-ouest). De son côté, le spécialiste Abdelhakim Aliate est intervenu sur la question sahraoui à la lumière des décisions et arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne. Il a indiqué que la Cour européenne avait rendu le 21 décembre 2016 une décision d’annulation de l’accord conclu en 2012 entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc relatif à des mesures de libéralisation en matière d’agriculture et de pêche qui touche même les terres sahraouies.
Il a également précisé que le tribunal de l’Union européenne a annulé les accords commerciaux et sur la pêche conclus par le bloc régional avec le Maroc, indiquant que le consentement du peuple du Sahara occidental était requis pour la mise en œuvre d’accords affectant le territoire.
Selon lui, des pays membres de l’Union européenne comme la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne bénéficient largement des richesses du Sahara occidental selon l’accord conclu entre l’UE et le système du Makhzen au détriment du peuple sahraoui.
Le Tribunal général de l’UE a d’abord reconnu la capacité juridique du Front Polisario de lancer une procédure auprès des cours de l’UE, ce que les défendeurs avaient remis en question. Elle accepta ensuite l’argument du Front Polisario selon lequel la mise en œuvre des accords affectant le territoire exigeait le consentement du peuple du Sahara occidental, et les actions réalisées par les autorités européennes, telles que la tenue de consultations, ne pouvaient être considérées comme ayant permis d’obtenir ce consentement.
Le Tribunal estime que, dans la mesure où les accords litigieux s’appliquent explicitement au Sahara occidental ainsi qu’en ce qui concerne l’accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable, aux eaux adjacentes à celui-ci, ils affectent le peuple de ce territoire ce qui impliqué de recueillir son consentement.
Mohamed Mendaci

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