
Le président du Haut Comité national consultatif pour la nouvelle République, Sadok Belaïd, chargé par le président tunisien Kaïs Saïed de rédiger une Constitution avant le 20 juin, lui remettra aujourd’hui le projet de la nouvelle Loi fondamentale pour validation. Le texte devrait être soumis à référendum. La consultation est prévue le 25 juillet prochain. Dans des déclarations faites aux journalistes, à l'issue de la dernière séance du «Dialogue national» tenue dans la banlieue nord de la capitale, à Carthage, Belaïd a indiqué que «la différence entre la nouvelle Constitution et celle de 2014 est que cette dernière n'a pas prêté attention aux questions économiques».
Il a ajouté : «La nouvelle Constitution a consacré son premier chapitre aux questions économiques, dans le but de promouvoir l'économie et d'améliorer les conditions sociales des Tunisiens». Sadok Belaïd a mis l'accent sur «l'impératif de travailler et d’œuvrer pour sauver l'économie tunisienne». S'agissant du régime politique, Belaïd a souligné : «Nous voulons mettre en place un régime qui porte le pays et son économie vers l'avant. Nous avons eu à subir deux expériences de régimes présidentiel et parlementaire qui ont échoué.» Dans un entretien accordé début juin à des médias, il avait ainsi appelé de ses vœux à un régime «plus présidentiel» à la place du système hybride mis en place en 2014, source de conflits récurrents entre les branches exécutive et législative. Selon lui, «le président peut avoir des pouvoirs plus importants, ou peut-être plus utiles. Il n’avait qu’un pouvoir de blocage et c’est très mauvais. Le président, c’est le commandant de bord. C’est l'amiral». Partant, il a estimé qu’ «il ne doit pas avoir seulement le pouvoir de freiner, mais le pouvoir d’entraîner… avec mesure». Néanmoins, le juriste avait pris le soin de préciser que «le nouveau régime doit être conçu de façon à ce que le président ne soit pas entraîné ou attiré par les tentations de dictature, de tyrannie ou d'abus de pouvoir». Toutefois, les craintes nourries à ce sujet par nombre de forces politiques, organisations syndicales et société civile n’ont pas été balayées par ces propos qui se voulaient pourtant rassurants sur les intentions futures du président tunisien. Il y a lieu de souligner que les séances du «Dialogue national», initié par le Président Kaïs Saïed, ont démarré, à Tunis, le 4 juin courant, en vue de sortir le pays de sa crise politique.
En effet, après des mois de blocage, le président tunisien, élu démocratiquement fin 2019, avait imposé des «mesures d’exception», en limogeant le 25 juillet 2021 son Premier ministre et en suspendant le Parlement, avant de le dissoudre le 30 mars 2022. De nouvelles législatives sont prévues le 17 décembre prochain.
Nadia K.