Niger : Vers une transition ?

 
Soutenue sur le front interne où des milliers de civils ont répondu favorablement à l’appel de mobilisation lancé par les nouveaux maitres de Niamey, ménagé par les puissances étrangères, particulièrement Washington qui insiste sur une solution diplomatique négociée, la position stratégique qu’occupe le Niger dans la région du Sahel dans la surveillance et la lutte antiterroristes, ainsi que le potentiel non négligeable en ressources, notamment l’uranium et le pétrole que recèle ce pays, tous ses facteurs font que le scénario concocté pourrait ne pas se produire. À l’heure où les tambours d’une action militaire retentissent bruyamment, l’action diplomatique underground a réussi à faire rétablir les canaux de discussions entre les auteurs du renversement anticonstitutionnel et les représentants de l’ensemble sous-régional de l’Afrique de l’Ouest. 
Dans un communiqué publié samedi par le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, l’Algérie «regrette profondément» que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée au Niger, à un moment où l’intervention militaire dans ce pays se précise. L’Algérie, poursuit le communiqué, «demeure, en effet, animée d’une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n’ont pas été épuisées». Alors que les premières missions de la CÉDÉAO ont été renvoyées sine die, samedi, les envoyés spéciaux de cette organisation ont pu rencontrer le Président déchu Mohamed Bazoum et l’homme fort du moment le général Abdoulrahmane Tchiani. Une première qui vient ainsi briser le mur de glace entre les deux camps et permettre ainsi de jeter les jalons d’une démarche plus sereine. En effet, l'acceptation de la mission par les putschistes met en évidence une nouvelle volonté de négocier, d’autant que selon des analystes, l’idée d’une période de transition courte, assortie d’une élection présidentielle libre et sous contrôle d’instances internationales semble être la seule issue plausible pour un retour à un ordre constitutionnel consensuel qui sauverait la face aux différents antagonistes. 
Selon des observateurs, les efforts de la Maison-Blanche, ainsi que d’autres acteurs de la paix convergent vers ce sens, sachant que le dernier communiqué de la CÉDÉAO évoque simplement un retour à la démocratie et à l’ordre constitutionnel. 
Samedi soir, le général Tchiani, après la visite de la mission de la CÉDÉAO, a déclaré que ni les putschistes ni «le peuple nigérien ne veut la guerre et reste ouvert au dialogue». Le général Tchiani a déclaré que la junte poursuivait son propre programme et lancerait un dialogue national, pour se concerter sur une transition vers la démocratie, qui «ne devrait pas durer plus de trois ans».
Pour sa part, le département d'État américain a déclaré, samedi, qu'il avait envoyé un nouvel ambassadeur au Niger, dont «l'objectif diplomatique sera de plaider pour une solution diplomatique qui préserve l'ordre constitutionnel». Une ouverture, un nouveau langage et de nouveaux espoirs de voir le spectre de la guerre s’éclipser définitivement. «Avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison qui toutes commandent de redonner résolument la plus haute priorité à l’option politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle, épargnant ainsi au Niger frère et à l’ensemble de la région des lendemains lourds de menaces et de périls, dont notamment un regain de vigueur et d’agressivité du terrorisme et des autres formes de criminalité qui affectent gravement la région.»
 
M. T. avec APS

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