
Attendue depuis la démission en novembre dernier du Slovaque Jan Kubis, la nomination du nouvel émissaire onusien pour la Libye a été actée ce vendredi. «Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a nommé Abdoulaye Bathily émissaire de l'ONU en Libye», ont annoncé ses services.
Pressentie depuis quelques jours, la nomination du diplomate sénégalais ne semblait pourtant pas avoir eu l’aval du gouvernement libyen qui avait soulevé quelques réserves, lors de la réunion du Conseil de sécurité du 15 août dernier. Ont-elles été levées entre-temps ? Certainement, puisque l’annonce en a été faite le 2 septembre. Il est vrai que la nomination du successeur de Kubis était particulièrement attendue dans un contexte de complexification de la crise libyenne. L'Union africaine (UA), devant les divisions permanentes au sein du Conseil de sécurité, avait plaidé pour un envoyé spécial conjoint ONU/UA pour la Libye.
En juin dernier, elle avait proposé une liste de noms issus du continent africain, mais les divisions ont persisté. Une candidature africaine avait été soutenue par le gouvernement de Tripoli, la Russie et la Chine. L’ONU espère relancer le processus politique et organiser dans les meilleurs délais des élections générales. Mais, pour ce faire, les parties libyennes qui se disputent le pouvoir doivent s’entendre sur le cadre constitutionnel permettant leur tenue. L'ancien ministre sénégalais, qui a précédemment été représentant de l'ONU en Afrique centrale, conseiller spécial du secrétaire général pour Madagascar ou encore représentant spécial adjoint pour la mission de l'ONU au Mali, aura-t-il plus de réussite que ses prédécesseurs ? Difficile à dire tant il est vrai aussi que la mission de tous les émissaires onusiens qui ont été désignés à ce poste a été fortement contrariée par la multiplication des ingérences extérieures, lesquelles ont alimenté les divisions internes. Preuve en est, depuis l'automne, date de la vacance du poste, la mission politique de l'ONU (Manul) n'est renouvelée que pour des périodes de quelques mois, la Russie réclamant au préalable un nouvel émissaire avant un renouvellement plus long. Le dernier renouvellement a eu lieu en juillet pour trois mois, jusqu'au 31 octobre. Pour autant, les dernières violences qui ont eu pour théâtre Tripoli ont prouvé, si besoin est, l’urgence d’un règlement politique définitif à la crise qui en est à sa onzième année. Les parties libyennes sont régulièrement exhortées à privilégier le dialogue afin de mettre un terme à leurs différends. Mais les appels sans restés sans échos. La secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary Di Carlo, n’a pas manqué de mettre en garde le Conseil de sécurité sur le fait que de nouvelles violences sont susceptibles d’éclater à tout moment entre les deux camps rivaux. Mme Rosemary Di Carlo a également indiqué que «la situation reste tendue et fluide». Un «calme fragile règne à Tripoli, il est difficile de dire combien de temps ça durera», a-t-elle indiqué. La nomination du Sénégalais Abdoulaye Bathily permettra-t-elle de désamorcer la situation ? Le temps le dira.
Nadia K.