Le ridicule tue

Le ridicule ne tue pas, et c’est bien dommage. L'ambassadeur de l’entité sioniste aux Nations unies a appelé le secrétaire général, Antonio Guterres, à revenir sur sa condamnation des faucons de Tel-Aviv pour leur «usage excessif de la force» dans sa plus grande opération militaire, en deux décennies, visant le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie. Pourtant, et loin d’être une position officielle de l’organisation, selon un des porte-paroles du patron de l’Onu, ces propos ne sont qu’un «simple point de vue», l’entité terroriste ne tolérant aucune contrariété, et elle le fait bien savoir et sans rougir.
Même si les termes de la condamnation ont été soigneusement étudiés, évitant ainsi d’évoquer un «massacre», ce qui est le cas, il semble clairement que le répertoire onusien réserve ce qualificatif uniquement à d’autres. Assassiner en masse des Palestiniens à Ghaza, à El-Khalil, à Jénine, à El-Qods, et dans d’autres localités de la Cisjordanie occupée, n’est plus synonyme de crime contre l’humanité, selon le lexique onusien, mais «un droit» : celui d’assurer la sécurité de l’État hébreu. Une sorte de permis de tuer institutionnalisé et assimilé à de la légitime défense. L’agression de deux jours contre le camp des réfugiés de Jénine a fait 13 morts parmi les civils, 100 blessés et provoqué l’exode de milliers de Palestiniens, finissant par «irriter» M. Guterres, selon les termes de son porte-parole, qui a également critiqué les responsables sionistes pour avoir empêché les blessés d'obtenir des soins médicaux et les travailleurs humanitaires d'atteindre tous ceux qui en avaient besoin. Toutefois, en affirmant haut et fort sa «ferme condamnation de tous les actes de violence contre les civils, y compris les actes de terreur», António Guterres s’est attiré les foudres du représentant sioniste lorsqu’à une question sur l’usage excessif de la force, dans cette situation, sous-entendant Israël, il a acquiescé en précisant qu’«il y a eu une force excessive utilisée par les forces israéliennes». Un dérapage, voire un crime de lèse-majesté vite rattrapé par le jeu de nuances qui chez les diplomates demeure une arme secrète absolue. Le porte-parole de l'ONU a vite déclaré que M. Guterres «condamne clairement toutes les violences qui affectent les civils en Israël et dans les territoires palestiniens occupés, quel qu'en soit l'auteur». Une façon de couper la poire en deux et de renvoyer dos à dos le bourreau et sa victime. Le monde ne tourne désormais plus comme il le devrait. Le représentant sioniste s’est empressé de saisir dans une lettre les membres du Conseil de sécurité, dans laquelle il fait part de la mort de 52
Israéliens depuis le début de l’année, tout en exigeant de «la communauté internationale et du Conseil de sécurité de condamner, sans condition, les dernières attaques terroristes palestiniennes et tenir les dirigeants palestiniens responsables». 
Le ridicule fait mourir de rire, finalement…
M. T.

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