La communauté internationale exprime sa consternation totale face à l'escalade des atrocités commises au Soudan. Jeudi dernier, les Forces de soutien rapide (FSR), responsables des massacres et des déplacements de population suite à leur prise d'El-Fasher dans l’État du Darfour-Nord, le 26 octobre dernier, ont récidivé avec des frappes de drones menées contre des édifices civils à Kalogi dans l’État du Sud-Kordofan, provoquant un bain de sang. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a rapporté un bilan de 114 morts, dont 63 enfants, et 35 blessés, suite aux bombardements répétés. Le chef administratif local, a précisé que les frappes avaient touché successivement l'école, puis l'hôpital, et enfin les personnes tentant de secourir les enfants.
Face à ces atrocités, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, s'est dit «choqué par les tueries d'enfants et de civils au Sud-Kordofan». Il a condamné toutes les attaques contre les civils et les infrastructures civiles, soulignant que de tels actes pourraient constituer de graves violations du droit international humanitaire. Guterres a réclamé une cessation immédiate des combats, l'arrêt du flux d'armes et a insisté sur la nécessité d'un accès humanitaire rapide et sans entrave, tout en confirmant l’existence d'une famine à Kadougli, la capitale de l'État.
De son côté, l'Union africaine (UA), par la voix du président de sa Commission, Mahmoud Ali Youssouf, s'est dit «consterné par les atrocités répétées et croissantes», et a condamné, «avec la plus grande fermeté, les attaques de Kalogi», appelant à «un cessez-le-feu immédiat et à l'accès humanitaire sans entrave». L'UA s'inquiète particulièrement des bombardements aériens continus et des assauts contre les infrastructures vitales.
Même réaction de la part de la Ligue des États arabes, qui a dénoncé la poursuite «des crimes odieux et des graves violations du droit international au Sud-Kordofan». Elle a affirmé sa condamnation de «ce schéma sans précédent de profanation du sang des civils au Soudan sans retenue ni conscience, et de l'insistance à continuer de commettre des violations qui s'apparentent à des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité… ». La Ligue a exigé «l'ouverture d'enquêtes indépendantes et transparentes, pour que les auteurs soient poursuivis et empêchés d'échapper à l'impunité».
Face à cette crise humanitaire et sécuritaire sans précédent – le conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts et forcé le déplacement de 12 millions de personnes depuis avril 2023 –, le gouvernement soudanais a posé ses conditions, pour mettre fin au conflit.
Intervenant, dimanche, lors d'un panel de discussion au Doha Forum 2025, le ministre soudanais de la Justice, Abdullah Dirif, a déclaré que le gouvernement est prêt à un dialogue politique, mais a affirmé que «le règlement n'est possible que si les Forces de soutien rapide (FSR) déposent les armes, se retirent des grandes villes et rendent le contrôle sécuritaire aux autorités de l'État». Il a rappelé, néanmoins, que le gouvernement restait ouvert aux médiations, malgré le non-respect par les FSR de la Déclaration de Djeddah.
Y. Y.