
Le président sortant en Guinée, Alpha Condé, candidat à sa propre succession, a été réélu avec 59,49% des voix. Au même moment, son rival, battu pour la troisième fois après 2010 et 2015, revendique la victoire. Il s’est déclaré vainqueur de cette élection présidentielle. Il a revendiqué 53% des suffrages. «Nous allons quand même saisir la Cour constitutionnelle, sans se faire trop d'illusions». Que le perdant fasse appel aux mécanismes juridiques établis pour défendre ce qu’il pense être sa victoire est légitime. C’est la voie que tout candidat qui se sent lésé est en droit d’emprunter. Cependant, le problème qui se pose présentement est que le vaincu a également déclaré entendre contester ce hold-up électoral par la rue. Les conséquences de cette démarche n’ont pas tardé. Des violences ont éclaté au lendemain de l’annonce par la commission électorale des résultats. Des affrontements meurtriers entre des jeunes partisans du vaincu et les forces de l’ordre ont été constatés. Ces heurts ont fait au moins une dizaine de morts selon les autorités, trois fois plus selon l’opposition. C’est dire que les tensions présentes bien avant le vote ont enregistré une intensification qui risque de créer un climat insurrectionnel dans le pays. Au Mali, c’est un scénario similaire qui a conduit au départ forcé du président élu après la forte contestation des élections législatives par l’opposition. Comment va évoluer la situation en Guinée ? Va-t-on vers un remake du cas malien ? il est pour l’heure impossible de répondre à ces interrogations. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a, quant à lui, appelé, samedi, à une «solution pacifique» par un «dialogue constructif» de cette crise post-électorale, demandant au président réélu Alpha Condé et à son adversaire Cellou Dalein Diallo d'empêcher «la violence». Consciente sans nul doute que le décor d'une nouvelle crise politique est planté, l'organisation des Nations unies se déclare prête à accompagner le processus de dialogue auquel les le président réélu et le chef de l'opposition ont été conviés.
Nadia K.