Exploitation illégale des ressources du Sahara occidental par le Maroc : un organisme international suspend ses activités

L'organisme néerlandais «Conseil de la durabilité de l'aquaculture» (ASC), spécialisé dans l'octroi d'accréditations internationales pour l'aquaculture, a annoncé, avant-hier, la suspension immédiate de toutes ses activités au Sahara occidental occupé.

Alors que la résolution 2797, adoptée le 31 octobre dernier et devant lancer les pourparlers directs, attend toujours son application sous l'égide de l'ONU et de l'envoyé spécial de la MINURSO, Staffan De Mistura, le Makhzen poursuit ses violations répétées concernant les richesses du Sahara occidental, en violation flagrante du droit international. Des violations qui ont provoqué, ce jeudi, des réactions d’organismes et d’associations internationales avec la cessation de leurs activités dans les territoires occupés du Sahara occidental, à l’instar de l'organisme néerlandais Conseil de la durabilité de l'aquaculture (ASC), spécialisé dans l'octroi d'accréditations internationales pour l'aquaculture.

Un précédent juridique et éthique

La décision de l’ASC, rapportée par l'Observatoire International des Ressources du Sahara Occidental (WSRW), fait suite à une analyse de conformité avec les résolutions de l'ONU. L’ASC a expliqué que, «sur la base de la position des Nations unies, il a été décidé que toute activité au Sahara occidental doit faire l'objet d'une évaluation rigoureuse des procédures relatives aux droits de l'homme, ce que le Conseil n'est pas en mesure de mettre en œuvre actuellement». En conséquence, l'ASC a confirmé qu'il «suspendra ses activités au Sahara occidental jusqu'à ce que les ressources nécessaires à cette évaluation soient disponibles ou que le processus d'autodétermination dans la région soit achevé».

Ce retrait sanctionne directement la société franco-marocaine «Azura», qui investissait dans le secteur des produits de la mer dans la ville de Dakhla, et qui, selon toujours l'Observatoire International des Ressources du Sahara Occidental (WSRW), «ne serait pas éligible au renouvellement de son certificat à son expiration». Cette situation, note encore le WSRW, rappelle que, «conformément au droit international et aux décisions contraignantes de la Cour de justice européenne (CJUE), le Maroc n'a aucune souveraineté sur les terres et les eaux du Sahara occidental et ne peut y accorder de permis d'exploitation».

Dans le même contexte, l'Observatoire a fermement dénoncé, avant-hier jeudi, le nouveau projet marocain de ligne électrique de 1.000 km dans les territoires occupés, le qualifiant de «violation flagrante du droit international». Le WSRW considère le projet visant à transporter jusqu'à 2.000 MW d'électricité renouvelable avec une mise en service prévue en décembre 2028, comme «un outil politique d'intégration forcée».

Presse et experts espagnols alertent sur la complicité internationale

Sara Eyckmans, coordinatrice internationale de WSRW, a lancé un appel aux entreprises, pour qu' «elles fassent preuve de responsabilité et évitent de participer aux projets du Maroc au Sahara occidental», insistant sur le fait que «cette infrastructure n'est en aucun cas neutre mais cherche à approfondir l'intégration des territoires occupés dans le réseau et l'économie du Maroc sous le slogan de la 'transition verte'».

Enfin, en Espagne, la presse et les experts juridiques ont exprimé une vive inquiétude, mettant en garde contre les tentatives de l'occupation marocaine de consolider son contrôle des territoires occupés du Sahara occidental, par la force économique. L'expert en droit international et ancien diplomate, José Antonio de Yturriaga, a analysé cette stratégie en rappelant que «toute inaction ou ignorance de la part de l'Espagne pourrait représenter une contribution implicite au renforcement de l'occupation marocaine et à la consolidation de son contrôle sur les terres, les eaux et l'espace aérien au Sahara occidental».

Pour sa part, le journal La Razón a insisté sur le fait que toute démarche unilatérale visant à établir un contrôle est «une violation flagrante du droit international et une menace pour les droits du peuple sahraoui». De son côté, El País a évoqué les tentatives marocaines de contrôler l'espace aérien au-dessus du Sahara occidental. Enfin, El Independiente a conclu que le Maroc persiste à «changer la réalité sur le terrain par la force via des projets d'infrastructures».

Y. Y.

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