À plus de 6 reprises, le Conseil de sécurité de l’ONU a échoué à adopter des résolutions sur un cessez-le-feu à Ghaza. Génocide, épuration ethnique, famine généralisée, exil forcé, déportation, la population ghazaouie assiste sans défense à l’effondrement de l’ordre moral, institutionnel et politique.
L’ONU n’a plus d’autorité, elle s’est pratiquement épuisée. Le Conseil de sécurité reste une projection des puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale. Il ne fonctionne plus. L’Organisation onusienne ne reflète plus l’équilibre réel des forces dans le monde qui est confronté à la crise la plus profonde que l’on ait connue. Les atrocités auxquelles nous assistons actuellement marqueront les mémoires à jamais. La communauté internationale se retrouve sur le banc des accusés, pour non-assistance à une population en danger d’extermination. Deux ans après l’opération «Déluge d’Al Aqsa» du 7 octobre 2023, l’humanité assiste à une escalade brutale de la violence sous le titre générique : massacre à grande échelle. Netanyahou rejette toute feuille de route présentée par les médiateurs. Sans garde-fous, vu la faillite du système international, le boucher de Ghaza est bien décidé à faire imploser tout le Moyen-Orient au nom du «droit sacré d’Israël à se défendre». Un leurre qui a bien fonctionné jusqu’à présent et qui continue à être brandi comme une sorte de bouclier face aux critiques et à la gronde de la rue. La guerre contre Ghaza a complètement dénudé les partisans de la logique dite de « légitime défense » pour justifier les tueries de l’entité sioniste contre les palestiniens depuis plus de 75 ans.
Face au blocage du système international qui favorise l’émergence en cours d’un monde unipolaire, quels choix restent-ils aux Palestiniens, pour défendre leurs droits dans ce contexte international frappé du sceau du deux, poids deux mesures ? La résistance non violente a été réprimée par les autorités israéliennes et activement sapée par les principaux alliés occidentaux d’Israël. Le principal mouvement de résistance palestinien non violent, BDS ou «Boycott, Désinvestissement et Sanctions», qui appelle à la fin de l’occupation israélienne des terres arabes et au démantèlement du mur de séparation, à la reconnaissance des droits fondamentaux des citoyens arabo-palestiniens d’Israël à une égalité absolue, et au respect, à la protection et à la favorisation des droits des réfugiés palestiniens à retourner dans leurs foyers et propriétés comme stipulé dans la résolution 194 de l’ONU, a été lourdement réprimé dans de nombreux pays occidentaux. Il a été particulièrement attaqué aux États-Unis, où il est interdit dans trente-huit États, et en Europe, où son interdiction complète n’a été annulée qu’en 2020 par une décision unanime de la Cour européenne des droits de l’homme.
Une énigme
Devant l’impunité israélienne, à la répression de la résistance non violente et à la certitude que toute résistance armée sera jugée illégale, que peuvent faire les Palestiniens ? Ils ont le choix entre n’opposer aucune résistance aux violations répétées de leurs droits ou alors employer la force, tout en sachant que peu importe la manière dont ils procèdent ou les cibles qu’ils choisissent, ils seront jugés en tant que «terroristes» et des «criminels».
Les raids israéliens ne connaissent aucune limite dans le ciel du Moyen-Orient. Le Premier ministre israélien a déjà ciblé l’Iran, ses installations militaires et au-delà. En réalité, Benyamin Netanyahou reprend ici un logiciel manichéen imaginé voici un quart de siècle par les néoconservateurs américains. Peu après l’attaque contre le World Trade Center, le 11 septembre 2001, les stratèges de la Maison-Blanche ont lancé une «guerre contre le terrorisme». Ils prétendaient remodeler le Moyen-Orient, en imposant la démocratie par la force. On a vu une coalition conduite par Washington balayer le régime de Saddam Hussein, en Irak, créant ainsi un terreau fertile à l’expansion du djihadisme.
La Charte des Nations unies doit impérativement être remodelée, et, en l’état actuel des choses, cela paraît invraisemblable, du fait d’une utilisation abusive du droit de veto.
À Ghaza, l’effondrement du système international et de la morale est total, et l’impuissance des dirigeants du monde demeure une énigme.
M. T.