Corée du Nord-Etats-Unis : Kim Jong-un annonce la couleur

Réelle menace à l’endroit de Washington ou stratégie de surenchère diplomatique? Le ton utilisé par le dirigeant nord-coréen est direct, voire cassant et ne souffre d’aucune équivoque.

Lors du 8e congrès du Parti du travail de Corée, Kim Jong-un a affirmé que les États-Unis sont le «plus grand ennemi» de son pays. Une déclaration qui intervient avec le début de mandat du président démocrate élu Joe Biden dont l’approche sur le dossier du nucléaire nord-coréen demeure diamétralement opposée à celle de son prédécesseur. Kim Jong-un a également assuré que son pays allait se doter d'un sous-marin nucléaire, a rapporté l'agence officielle KCNA. Pyongyang «devrait se concentrer et se développer en vue de subvertir les États-Unis, le plus grand obstacle à notre révolution et notre plus grand ennemi», a-t-il déclaré. Cette sortie à moins de deux semaines avant la prise de fonctions de Joe Biden à la présidence des États-Unis plante déjà le décor des futures relations entre les deux ennemis. Cependant, les observateurs du côté de Séoul et de Washington estiment que 2021 pourrait permettre de relancer des pourparlers à l’arrêt total depuis l’échec du sommet d’Hanoi début 2019. Encore faut-il pour cela que le Nord n’essaye pas d’attirer l’attention par un essai nucléaire ou un tir de missile balistique intercontinental, point de départ d’un engrenage de provocations et de sanctions comme lors des derniers changements de l’administration américaine. Si Kim Jung-un appréciait la manière de dialoguer de Trump, il a été toutefois déçu par le manque de résultats concrets. Un signe, un geste de Joe Biden serait le « bienvenu et celui-ci ne doit pas tarder », affirme Kim Joon-hyung, président honoraire de la Korea National Diplomatic Academy. Conseiller principal de United States Institute of Peace et ancien Représentant spécial pour la Corée du Nord du département d’Etat américain, Joseph Yun abonde dans ce sens : «Joe Biden doit envoyer un message à la Corée du Nord le plus tôt possible, avant même son intronisation, et y stipuler qu’il reconnaît la déclaration commune de Singapour signée par Trump et Kim Jung-un en 2018, laquelle n’est guère contraignante.» Cette déclaration prévoyait que les États-Unis et la Corée du Nord associent leurs efforts pour bâtir un régime de paix durable et stable dans la péninsule et que la seconde s’engage à travailler à une complète dénucléarisation. Une telle déclaration permettrait de faire patienter la Corée du Nord en attendant que la nouvelle administration américaine précise ses intentions. En tout, le cas Kim Jong-un vient d’annoncer la couleur.
M. T.

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