
Lors d’un échange téléphonique, les présidents russe, Vladimir Poutine, et turc, Recep Tayyip Erdogan, ont appelé à la «cessation immédiate des hostilités», faisant état de «profondes préoccupations face à la poursuite de l’escalade».
Pour le quatrième jour consécutif, le scénario des agressions sionistes et des ripostes de la République islamique d’Iran a semblé, hier, exclure toute possibilité de deus ex machina diplomatique à court terme. L’Iran, dont les autorités confirment un bilan de 240 martyrs, dont 45 femmes et enfants, depuis l’attaque de l’aube de vendredi dernier sur le pays, accuse les forces israéliennes de crimes de guerre, après la frappe qui a ciblé un hôpital dans la capitale Téhéran, ainsi que d’autres infrastructures civiles et politiques, dont un siège des forces de secours et le ministère des Affaires étrangères. Tel-Aviv s’est réveillé également sur de nouvelles destructions, après les dernières contre-offensives iraniennes.
L’issue diplomatique dans ces conditions demeure des plus incertaine, malgré une tendance à l’évocation de l’option, ces dernières 24 heures. Après l’échec du Conseil de sécurité à formaliser une réaction commune face à l’agression sioniste, lors de la session d’urgence convoquée au soir de vendredi dernier, le terrain a été cédé en entier aux bruits des armes, et elles sont imposantes en l’occurrence.
Pour Téhéran le bloc occidental est coupable d’avoir fait avorter une réaction, qui aurait pu rapidement signifier une désapprobation internationale au bellicisme sioniste. Lors de sa conférence de presse régulière, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a rappelé que Téhéran s’attendait «à ce que le Conseil de sécurité condamne fermement cette agression et prenne une décision, pour y mettre fin. Malheureusement, en raison de l’approche politique de certains membres du Conseil de sécurité, notamment les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, cela n’a pas eu lieu». Le même trio européen avait été déjà accusé par l’Iran d’avoir alimenté la campagne d’hostilité envers son programme nucléaire, et partant, justifié directement ou indirectement, une évolution vers la guerre.
Avec les États-Unis, le lien s’est subitement détérioré, également, après un cycle de négociations indirectes, qui promettaient un cheminement serein vers un accord. Téhéran se dit désormais convaincu que Washington, non seulement était au courant de ce que tramait Benjamin Netanyahou, mais qu’elle a participé activement à l’agression sioniste.
Toute la région en danger…
Autant d’acteurs potentiels, auxquels Téhéran ne peut donner sa confiance, à court terme à tout le moins.
Hier, les présidents russe, Vladimir Poutine, et turc, Recep Tayyip Erdogan, ont appelé à la «cessation immédiate des hostilités», faisant état de «profondes préoccupations face à la poursuite de l’escalade». Selon un communiqué du Kremlin, les deux dirigeants ont plaidé, d’une même voix, lors d’un échange téléphonique, en faveur de «la cessation immédiate des hostilités et du règlement des différends, y compris ceux liés au programme nucléaire iranien, et ce, uniquement par la voie diplomatique». Un communiqué de la présidence turque, repris par l’agence Anadolu, fait également un retour sur l’entretien, précisant que «le président Erdogan a déclaré que la spirale de violence déclenchée par les attaques d’Israël contre l’Iran met en danger la sécurité de toute la région, et que l’attitude illégale du gouvernement Netanyahou constitue une menace claire pour le système international». Enfin Erdogan a souligné, a ajouté la même source, que la Turquie a insisté, dès le premier jour de l’agression, sur les initiatives diplomatiques, pour mettre fin aux attaques, et qu’elle pourrait jouer un rôle de facilitateur dans les circonstances extrêmes actuelles, pour un retour à la table des négociations. Dès vendredi, le Président russe avait fait savoir, pour sa part, qu’il était disposé à assurer un rôle de médiation dans le conflit, pour éviter une conflagration régionale. Proposition vite adoubée par le président américain, Donald Trump, qui, fidèle à son style ambivalent, a suggéré qu’il pourrait même s’y impliquer. Ce n’est pas l’avis du bloc européen, la France notamment, dont le Président doute de l’opportunité de la médiation russe, en reportant sur l’escalade dangereuse au Moyen-Orient, le statu quo de la situation en Ukraine.
Il apparait bien, donc, que même si des initiatives diplomatiques ont l’air de chercher à se frayer un chemin, l’enchevêtrement complexe avec d’autres foyers de tensions et de face-à-face géopolitiques, mais surtout la paralysie du système international, rendent la tâche des plus incertaines.
M. S.