Relations algéro-turques : convergence politique et économique

Volonté politique sincère et coopération stratégique étroite
Volonté politique sincère et coopération stratégique étroite

Des experts et analystes assurent que les relations algéro-turques connaissent une évolution positive et se renforcent davantage, grâce à la convergence des vues sur les questions politiques et économiques. Ils considèrent, à El Moudjahid, que la visite du Président turc Recep Tayyip Erdogan en Algérie consolide la dimension culturelle et historique des relations entre les deux pays, ainsi que la dimension économique, à la lumière d'un partenariat prometteur gagnant-gagnant.

À cet effet, le Dr Ahmed Tartar, expert économique, affirme que les relations entre les deux pays se sont renforcées dernièrement, grâce aux orientations des deux Présidents qui ont mis l'accent sur la fiabilité de la relation et l'héritage commun dans les aspects historiques et autres. «Il y a une impulsion positive donnée aux relations économiques et politiques, outre la coordination existante entre les deux pays autour des questions géopolitiques», estime-t-il, mettant en avant l'intérêt porté, à partir de 2020, aux relations privilégiées dans le domaine économique, en vue d'intensifier les investissements turcs en Algérie, que ce soit dans le domaine du bâtiment et travaux publics, mais aussi dans d'autres domaines prometteurs, dont des investissements seront lancées incessamment, telles les industries de transformation. Et d’enchaîner : «La visite du Président turc approfondit davantage les relations politiques, diplomatiques et économiques, et établit des consensus et une convergence de vues sur les questions internationales actuelles. En même temps, elle consacre la coopération et les échanges commerciaux et intensifie le volume des investissements, à la lumière, notamment, de la nouvelle loi sur l'investissement.»
Même son de cloche chez le chercheur en questions stratégiques, le Dr Ammar Sigha, qui indique que l'ouverture économique de l'Algérie à de nouveaux partenaires et la relance des relations avec les partenaires traditionnels s’inscrivent en droite ligne avec les objectifs d'attirer les investissements étrangers, à la lumière du confort financier et de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l'investissement. «Les relations algéro-turques sont importantes et ont été renforcées davantage, suite aux visites mutuelles des dirigeants des deux pays. Ceci a abouti à la signature d'un ensemble d'accords et d'une série de projets importants. Le partenariat existant aura des rôles avancés dans l'expansion et la diversification économiques en Algérie, au moment où la Turquie connaît des niveaux de croissance économique très importants», se félicite-t-il. Le spécialiste ne manque pas de signaler la convergence concernant le consensus politique entre les deux pays, sur les questions de dimension régionale et même internationale, dont la plus importante est l'agression sioniste contre Ghaza. «Il existe, poursuit-il, une harmonie dans le discours du président de la République et de son homologue turc concernant les événements les plus importants qui se déroulent dans le monde. La Turquie voit notre pays comme un partenaire important et stratégique, en raison de l'harmonie politique qui existe entre les deux parties», dit-il. Pour sa part, le Dr Farid Benyahia souligne l'évolution positive des relations algéro-turques, notamment dans le domaine politique et diplomatique, faisant référence aux positions des deux pays sur la question palestinienne et autres questions qui concernent le monde arabe et islamique. Concernant le volet économique, l'expert économique note que l'Algérie, qui jouit d'une crédibilité certaine, a mis en place tous les moyens et mécanismes en faveur des relations bilatérales dans ce domaine, relevant l'importance d'une coopération et d'échanges sérieux dans le domaine des technologies de pointe.
Salima Ettouahria

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Densification  des échanges  économiques

L’année 2023 est celle de la consolidation des relations bilatérales algéro-turques. Après la visite d’État effectuée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à Ankara, en juillet dernier, c’est au tour du Président turc, Recep Tayyip Erdogan, d’être l’hôte de l’Algérie. Les deux Présidents ont salué la dynamique des échanges économiques enregistrée entre les deux pays et appelle à plus d’efforts encore pour les années à venir. C’est dans cette perspective que l’Algérie et la Turquie ont procédé à la signature de la Déclaration commune de la 2e session du Conseil de coopération de haut niveau, et de plusieurs accords et mémorandums d’entente couvrant divers domaines de coopération entre les deux pays. Aussi, les relations algéro-turques connaissent un saut qualitatif depuis que les responsables des deux pays ont effectué déjà des visites conjointes en 2020 et en 2022, s’assurant de l’efficacité des mécanismes de coopération, d’autant plus qu’il existe un Traité d’amitié et de coopération signé en 2006.
Sur le plan des échanges commerciaux, la Turquie figure parmi les principaux fournisseurs de l’Algérie, arrivant à la cinquième position. Elle est également le quatrième client, grâce à l’achat de quantités importantes de GNL. Globalement, le commerce bilatéral s’intensifie d’année en année, faisant de l’Algérie le second partenaire commercial de la Turquie en Afrique, avec un volume des échanges dont le montant dépasse 6 milliards de dollars en 2023, avec la perspective de le hisser à 10 milliards de dollars.
S’agissant des investissements directs, l’Algérie est la première destination des investissements turcs en Afrique. Plus de 1.400 sociétés turques sont présentes sur le marché algérien, et non des moindres. C’est ainsi que dans le domaine des réalisations, notamment le BTPH, les sociétés turques sont en charge de nombreux projets à travers le territoire national. Sur le plan industriel, les sociétés turques ont réussi le pari de se hisser parmi les entreprises les plus importantes activant en Algérie. En définitive, le dynamisme qui caractérise les entreprises turques implantées en Algérie, ainsi que l’intensité des échanges commerciaux entre les deux pays étaient l’occasion, lors de la visite du Président Recep Tayyip Erdogan, de vouloir les approfondir, pour leur imprimer une autre dynamique s’inscrivant dans la nouvelle vision économique de l’Algérie. La Turquie, à travers ses sociétés, a sa place privilégiée dans le tissu économique national, qui cherche à se densifier et à se diversifier. De plus, elle vise, sur le moyen terme, à renforcer sa présence dans le domaine énergétique, particulièrement dans les énergies renouvelables.
Samia Boulahlib

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