Ce 29 septembre sera sans doute une date historique. En effet, depuis mercredi l’Algérie est le premier pays africain à produire le vaccin anti-Covid ,ce qui lui permettra d’aller vers l’autonomie sanitaire tant recherchée en cette période de pandémie internationale qui dure depuis près de deux ans.
S’exprimant à El Moudjahid, le Professeur Kamel Djenouhat, chef de service du laboratoire central de l’hôpital de Rouïba et président de la Société algérienne d'immunologie revient longuement sur l’entame de cette production locale , insistant sur la nécessité de la vaccination comme unique moyen, pour le moment, de lutte contre la covid-19
Entretien réalisé par Mohamed Mendaci
El Moudjahid : L’Algérie entame la production du vaccin chinois. Cet événement est-il un pas important dans la lutte contre le coronavirus ?
Pr Djenouhat : Pour répondre à cette question, il faut juste comparer la situation actuelle à celle d’il y a six mois ; au début de l’année il y avait une grande guerre et il fallait faire tout son possible pour acquérir le vaccin au niveau mondial, que l’on n’espérait même pas produire, un jour, chez nous.
La production va démarrer avec un million de doses durant le mois d’octobre, ce qui sera conséquent et nous laissera dire que le problème d’approvisionnement du vaccin ne sera plus posé. Avec ce projet en partenariat avec la firme chinoise qui fabrique le vaccin Sinovac, l’Algérie franchira un grand pas dans la lutte contre la propagation du virus. La production locale va également permettre à l’Algérie d’atteindre l’immunité collective le plus tôt possible, actuellement cette immunité a changé de définition après être fixée à un taux de 70% pour stopper la circulation du virus, maintenant il faut atteindre un peu plus de 80% pour prévenir les formes graves, cette pathologie disparaitra avec le temps où se transformera en une simple grippe comme les autres formes.
Croyez-vous que le choix de l’Algérie pour la production de ce type de vaccin est judicieux ?
Votre question doit être, à mon sens, scindée en deux parties. L’Algérie a opté pour un vaccin dont la formule est connue depuis plusieurs années, un classique. On utilise un virus mort ou un virus inactivé pour booster et intensifier la réponse immunitaire. Un vaccin qui repose sur une injection du virus entier ou d’une partie de virus préalablement rendu inoffensif afin de déclencher une réponse immunitaire en cas d’infection. Le but de ce vaccin est d'entraîner notre système immunitaire à reconnaître le coronavirus, lui faire monter ses défenses de façon préventive, afin de neutraliser le vrai virus s'il venait à nous infecter.
Le vaccin chinois a prouvé son efficacité chez nous et on est en train de se pencher sur sa réponse par rapport au variant Delta.
Pensez-vous que le vaccin qui sera produit en Algérie est efficace contre les multiples variants du Coronavirus, notamment le variant delta, le plus dangereux?
Selon les données obtenues en vie réelle dans plusieurs pays, les vaccins restent efficaces contre les variants de SARS-CoV-2, y compris le variant Delta. Ce dernier est une souche grave sur le plan de la transmission qui contamine jusqu’à neuf personnes à la fois et sur le plan de la mortalité, le monde entier n’a jamais vécu ce besoin en oxygène par rapport à ce même variant. On a constaté que la troisième vague était virulente. Nous avons également conclu qu’un pourcentage de sujets vaccinés par le Sinovac ont développé une infection mais aucun d’entre eux n’a nécessité d’oxygène, ni d’être hospitalisé. Le vaccin Sinovac a démontré l’objectif principal de la vaccination , réduire les formes graves et le grand nombre de décès. Les Algériens ont vécu le variant Delta, la majorité des patients qui ont opté pour la vaccination par le Sinovac ont très bien résisté à l’infection par le variant Delta. Le CoronaVac est très efficace contre ledit variant et si certains malades ont développé une infection elle sera une forme bénigne qui ne nécessitera pas d’hospitalisation. Enfin je dis bravo aux efforts de l’Algérie pour avoir obtenu en si peu de temps la production du vaccin. M. M.
