
«Si nous venons à mourir, défendez nos mémoires», phrase prononcée par Didouche Mourad, martyr et figure emblématique de la guerre de Libération nationale. Une locution d’une éclatante actualité qui commémore, en ce 8 mai, Journée nationale de la mémoire, les sacrifices de nos martyrs qui inscriront la Révolution algérienne dans la mémoire de tous les peuples de la planète et traceront la voie aux générations suivantes.
«Les massacres coloniaux du 8 mai 1945 portent l’empreinte indélébile de la violence coloniale contre le peuple algérien.
Une date phare de notre histoire qui symbolise le sacrifice et le don de soi pour la patrie, elle a été un tournant décisif dans la mise à nu de la réalité du colonisateur et dans la cristallisation de la conscience quant à l’impératif de se préparer à la glorieuse Révolution pour arracher la liberté et l’indépendance», dira le Professeur universitaire, Ali Tablit.
Ce dernier affirme que «c’est à la mesure de la symbolique de cette journée que s’apprécient les valeurs d’abnégation et de sacrifice et c’est en pareil événement que l’opportunité se présente à nous pour renouer avec ces valeurs et œuvrer à en imprégner davantage nos jeunes afin de les préparer à relever les défis avec autant de détermination que leurs aïeux».
Pour lui, évoquer le dévouement et les sacrifices de nos chouhada permet de «perpétuer» l’importance de leur message, la liberté que ces hommes et ces femmes ont voulu gagner et préserver.
«Ils savaient, poursuit-il, que leurs braves actions changeraient le futur de leur pays, et pour cela nous sommes responsables de veiller à ce que leur rêve d’indépendance et leur loyauté ne s’oublient pas. Notre devoir aujourd’hui est de souligner le courage et le sacrifice de celles et ceux qui ont servi leur patrie. Nous reconnaissons également notre responsabilité à préserver leur mémoire et l’idéal pour lesquelles ils se sont battus et ont sacrifié leur vies».
Un devoir de mémoire et de vérité
C’est dans cet esprit que le président de la République avait décidé, en 2020, d'instituer une journée nationale de la Mémoire, à l'occasion du 75e anniversaire des massacres du 8 mai 1945. En 2021, il a été décidé l'observation d'une minute de silence, le 17 octobre de chaque année, à travers tout le territoire national, à la mémoire des victimes algériennes des massacres du 1961 perpétrés à Paris par la police française.
Dans le même contexte, et dans cette volonté de se réapproprier la mémoire collective, l'Algérie a toujours insisté, auprès de la France sur la nécessité de mettre toute la lumière sur les dossiers liés à la Mémoire et a réussi à récupérer, en juillet 2020, les restes mortuaires de 24 héros de la résistance populaire contre le colonialisme, qui sont restés pendant 170 ans conservés au Musée d'histoire naturelle de Paris.
Notre pays est décidé à poursuivre la récupération des crânes et dépouilles des martyrs de la résistance populaire et des archives nationales à l’étranger. Ces dernières concernent, entre autres, les essais nucléaires dans le Sud du pays, les disparus de la Révolution et les déportés.
C'est en hommage à ces déportés que le Président Tebboune avait inauguré une fresque murale pour exprimer la reconnaissance des Algériens et leur fidélité à leurs frères déportés en Nouvelle Calédonie, Guyane (Amérique du Sud), Marguerittes (France), les pays du levant et Brazzaville (Afrique). Tebboune a également inauguré, à l'occasion des festivités célébrant le 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, la stèle commémorative "Jalon de la liberté", à Sidi Fredj, symbolisant le lever de l'emblème de l'Algérie indépendante. Un monument qui symbolise l'endroit où a été hissé le drapeau de l'Algérie indépendante par l’un des héros de la Révolution, le colonel Si Mohand Oulhadj, à la place du drapeau français au port de Sidi Fredj.
Poursuivant sur sa lancée de la réhabilitation du devoir de mémoire en Algérie, le chef de l’Etat a inauguré à l'esplanade de Riadh El Feth (Alger) une stèle dédiée aux "Amis de la Révolution algérienne". Sur un autre chapitre, l’Algérie, à travers le ministère des Moudjahidine et des Ayants droit, œuvre à collecter des témoignages des moudjahidine encore en vie, de nouvelles approches ont été développées pour conserver leurs déclarations afin de les exploiter à l’avenir.
Enfin, on ne peut passer sous silence cette décision de créer une commission algéro-française d’historiens chargée de travailler sur l’ensemble de leurs archives de la période coloniale et de la guerre de Libération.
Farida Larbi