
Ils sont nombreux ces pays qui ont décidé de suspendre le financement de l’Office de secours pour les réfugiés de Palestine en un moment périlleux et de grande détresse du peuple de Ghaza. Un geste téléguidé qui indique l’acharnement annonciateur d’une fin de vie pour la toute puissance. Que reste-t-il de dignité ou de moral chez ces dirigeants investis de pouvoirs régaliens qui stoppent l’aide sans dire explicitement qu’ils participent à la planification méthodique du génocide par la faim, par le froid et l’absence de soins auprès des rescapés. Ils savent, pourtant, le nombre et l’étendue des douleurs qu’ils endurent. Et cette indifférence devant les suppliques du chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, qui se prononce en termes émouvants sur les conséquences de la suspension des financements : «Notre opération humanitaire, dont dépendent 2 millions de personnes comme bouée de sauvetage à Ghaza, s’effondre. Je suis choqué que de telles décisions soient prises sur la base du comportement présumé de quelques individus et que, à mesure que la guerre se poursuit, les besoins s'aggravent et la famine menace. Les Palestiniens de Ghaza n’avaient pas besoin de cette punition collective supplémentaire.» Deux millions de personnes ne sont pas qu’un chiffre abstrait.
C’est l’une des plus grandes tragédies des temps modernes. Où va l’humanité avec des dirigeants pitoyables qui se courbent, se taisent et baissent l’échine, subjugués par un Netanyahou, les mains trempées du sang des innocents, dominateur et totalement affranchi dans sa folie meurtrière.
Comment des pays avec un long parcours historique, bien assis sur une montagne de lois séculaires, de si bons principes humains et moraux, acceptent-ils l’aveuglement devant le chaos et l’hécatombe d’un autre âge en ce milieu du XXIe siècle ? On peut entendre, même sans preuves matérielles, qu’une dizaine d’individus aient pu faire ce qui est dit. Les punitions collectives sont-elles légales ? Est-ce si difficile de se défaire des chaînes imposées par un tuteur fâché et contrarié par la décision de la CIJ saisie par le gouvernement sud-africain pour commission de crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Ghaza ? Il fallait être sourd pour ne pas entendre les «avertissements» de représailles de certaines sources proches de Washington «en cas de condamnation d’Israël» Aussi, aux bombardements quotidiens s’ajoute cette nouvelle épreuve de conception criminelle pour élargir la tragédie par la mort qui plane sur les survivants ghazaouis. La thèse de la complicité de membres de l’UNRWA à l’attaque du 7 octobre fonde la décision de couper les vivres à tous les Palestiniens. L’argument est agité tout juste après la décision de la Cour internationale de justice.
Il semble bien indiquer un esprit de vengeance contre cette organisation onusienne qui compte 30.000 employés dont 143 membres ont péri sous les bombardements. Dans les faits, l’UNRWA est un témoin à charge sur de nombreuses scènes de crimes et actes de génocide commis à Ghaza. Les mensonges tombent. Des sondages faits aux USA indiquent que cinquante pour cent des Américains pensent qu’«Israël commet un génocide contre les Palestiniens» Mieux encore, 50 pour cent des Américains dans la tranche des 18 à 40 ans pensent que les attaques du Hamas du 7 octobre sont «justifiées». Cette vision tellement différente du matraquage habituel est nettement plus affirmée chez les jeunes de confession juive qui affirment «soutenir Israël mais condamnent les atrocité commises par Tsahal». A onze mois des élections, le président Joe Biden se trouve dans un engrenage qui le place dans une posture inconfortable pour son soutien à un gouvernement sioniste hors-la-loi cumulant tous les crimes de guerre et crime contre l’humanité et soulève l'indignation et la colère des citoyens à travers tous les pays du monde.
La tragédie de Ghaza n’est plus une guerre localisée au regard de ses effets à grande échelle. L’onde de choc de cette écrasante guerre faite à la population de Ghaza est bel et bien une défaite de la toute puissance et l’injustice. Aussi, n’est-elle pas annonciatrice d’un renouveau dans les relations internationales ?
Rachid Lourdjane