
La situation des Algériens au Maroc, et des Marocains en Algérie ne sera pas affectée. La dimension humaine est inséparable des liens historiques qui existent entre les deux peuples.
Les pratiques cumulées du Maroc, son hostilité et son acharnement contre l’Algérie ont poussé l’Algérie à réagir et à prendre une décision extrême.
La rupture des relations diplomatiques avec son voisin de l’Ouest. L’annonce a été faite hier par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, lors d’une conférence de presse tenue à Alger.
Les pratiques cumulées du Maroc, son hostilité et son acharnement contre l’Algérie ont poussé l’Algérie à réagir et à prendre une décision radicale. La rupture de ses relations diplomatiques avec son voisin de l’Ouest. L’annonce a été faite hier par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, lors d’une conférence de presse tenue à Alger. M. Lamamra, qui a tenu à préciser qu’il s’exprimait au nom du président de la République, chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, et au nom du gouvernement algérien, a, dans une longue déclaration, dressé tous les griefs portés à l’encontre du Maroc.
Et de rappeler que l’hostilité du Maroc à l’encontre de l’Algérie remonte à l’indépendance de notre pays. «Il est historiquement et objectivement établi que le Royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles, inamicales et malveillantes à l’encontre de notre pays, et ce depuis l’indépendance de l’Algérie», a-t-il déclaré, avant d’indiquer que malgré cette hostilité, «l’Algérie a patiemment bâti des relations d’État à État avec son voisin marocain». Mais cela n’a pas empêché pour autant le Maroc de rester sur sa ligne de conduite, ne manquant jamais une occasion pour tenter de porter préjudice à l’Algérie, en multipliant les actes et les déclarations d’hostilité. «Les appareils sécuritaires et de propagande du Royaume du Maroc mènent une guerre médiatique de bas niveau et de grande envergure contre l’Algérie, son peuple et ses dirigeants, n’hésitant pas à forger des scénarios fantaisistes, à inventer des rumeurs et à propager des propos diffamatoires», dit M. Lamamra. Plus grave encore, ajoute-t-il, «un plénipotentiaire du Royaume s’est illustré par une dérive particulièrement dangereuse et irresponsable, en invoquant un prétendu «droit à l’autodétermination du vaillant peuple kabyle». Une attitude sur laquelle le Maroc s’est refusée à fournir une explication ou fournir les clarifications demandées publiquement par l’Algérie. Un silence assourdissant qui persiste depuis le 16 juillet dernier et qui traduit clairement, pour l’Algérie, «la marque d’une caution politique de la plus haute autorité marocaine». En fait, la liste des actions hostiles du Maroc est longue. Le Maroc ne connaît aucune limite, puisqu’elles concernent également la collaboration active et documentée du Royaume du Maroc avec deux organisations terroristes dites MAK et RACHAD, dont les derniers crimes odieux sont liés à leur implication préméditée dans les incendies qui ont ravagé plusieurs wilayas du pays et dans le supplice et l’assassinat abjects de notre compatriote Djamel Bensmaïl. Pour sa part, l’affaire, non moins grave, du scandale Pegasus a révélé au grand jour l’espionnage massif et systématique auquel ont été soumis des responsables et des citoyens algériens ciblés par les services de renseignement marocains. Cette attitude est d’autant plus incompréhensible pour Alger qui fera preuve de patience et de retenue à chaque nouvelle agression perpétrée par Rabat, que l’Algérie s’est toujours interdit par «principe», dit M. Lamamra, de «s’ingérer dans les affaires intérieures du Royaume du Maroc et des attitudes de sa part, historiquement bien établies, en ont fait l’ample démonstration, singulièrement dans le contexte de graves crises politico-militaires qui ont ébranlé la stabilité et la sécurité du Royaume». La responsabilité du Maroc dans l’échec de l’édification de l’UMA, dans le règlement du conflit du Sahara occidental est aussi avérée. Le Maroc n’aura de cesse de renier ses engagements et de vouloir induire l’opinion internationale en erreur, tout en s’attaquant systématiquement à l’Algérie. La patience dont a fait preuve l’Algérie n’est pas infinie, et le vase a fini par déborder. «En tout état de cause, l’Algérie refuse de subir des comportements et des actes condamnables et qu’elle condamne énergiquement. L’Algérie refuse les faits accomplis unilatéraux aux conséquences funestes pour les peuples maghrébins. L’Algérie refuse de continuer à entretenir une fausse normalité ayant pour effet de maintenir l’ensemble maghrébin dans une situation de grave précarité, en porte-à-faux par rapport au droit international», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne.
Interrogé sur les suites qui vont découler de cette décision, M. Lamamra a indiqué qu’il est de coutume dans ce genre de situation qu’une révision des relations bilatérales soit faite, en tenant compte des intérêts du pays. Aussi, les consulats poursuivront leur travail, pour ne pas pénaliser les ressortissants qui vivent dans chacun des deux pays. Pour ce qui est de l’acheminement du gaz via le Maroc, la question relève de Sonatrach qui ne manquera pas de trouver un accord avec ses partenaires dans les prochains jours. En tout état de cause, il dit se refuser à faire des hypothèses sur ce qui risque de se produire à l’avenir. Pour ce qui est des poursuites contre les membres du MAK et de Rachad, qui se trouvent à l’étranger, le ministre affirme qu’il sera demandé aux pays qui les abritent d’appliquer à leur encontre la loi algérienne.
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«Palestine : L’engagement africain demeure intact»
Au cours de la conférence de presse animée mardi au CIC, le chef de la diplomatie algérienne a répondu à de nombreuses questions relatives à l’actualité régionale et internationale. Il a rappelé la position de l’Algérie sur les questions évoquées. Ainsi, s’agissant de la décision administrative du président de la Commission de l’Union africaine d’octroyer à Israël le statut d’observateur, il a déclaré que cette décision est rejetée par un grand nombre de pays africains et rappelé que l’engagement africain à soutenir la cause palestinienne demeure intact. Sur la question du grand barrage de la Renaissance qui oppose l’Éthiopie au Soudan et à l’Égypte, le ministre dit que l’Algérie souhaite une solution négociée, tout en affirmant qu’elle ne manquera pas de poursuivre ses efforts pour aider ces pays frères à régler leur différend à l’amiable. Le ministre fera part de la disponibilité de l’Algérie à aider ces trois pays à transcender cette période difficile et à dépasser cette situation difficile, et à permettre à chaque pays de bénéficier de cette précieuse ressource. Il dit aussi que les contacts avec l’Union africaine et la Ligue arabe se poursuivent. Une prochaine visite dans ces trois pays est envisagée. Pour ce qui est de la situation politique qui prévaut en Tunisie, ce pays traverse une phase particulière de son histoire, et l’Algérie respecte sa souveraineté et son intégrité territoriales, tout en réitérant sa disponibilité à apporter le soutien et l’appui pour dépasser cette conjoncture difficile.
Pour ce qui est de la situation qui prévaut dans l’espace sahélo-saharien, le ministre dit que la stabilité et la sécurité de cette région sont primordiales et vitales pour l’Algérie qui ne lésinera pas sur les efforts pour faire de cet espace un havre de paix. Concernant le Mali, c’est un pays pivot dans la région, mais qui fait face à de nombreux défis et problèmes, et l’Algérie, qui a une dette envers ce pays frère, poursuivra ses efforts pour l’aider à retrouver sa stabilité. Les contacts sont permanents pour aider le Mali à parachever sa période de transition, par l’organisation d’élection présidentielle en 2022. Convaincu que nous avons un destin commun, M. Lamamra dit qu’en l’absence d’efforts de l’Algérie, la région est exposée à des dangers. Sur la Libye, il indique que la situation demande des efforts constants et persistants pour aider les parties libyennes à dépasser leurs divergences, et si la situation est, selon M. Lamamra, bien meilleure qu’elle ne l’était il y a quatre mois, il reste qu’il faut poursuivre le soutien au processus de sortie de crise. La réunion des pays voisins, qui doit se tenir à Alger les 30 et 31 août, vise, entre autres, à éviter des dérapages. Les parties libyennes ont reconnu que l’Algérie est mieux placée pour aider à une réconciliation nationale qui sera le ciment de la solution politique.
À propos de la reconnaissance de l’ex-Président américain Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, c’est un non-évènement, d’autant que l’administration Biden a annoncé qu’elle s’en tenait aux résolutions de l’ONU et qu’elle a demandé la nomination d’un représentant du SG de l’ONU pour relancer les efforts diplomatiques.
N. K.
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«Nous avons confiance en l’État et en le peuple tunisiens»
Lors de la conférence de presse, Lamamra a souligné que «la sécurité et la stabilité de la Tunisie étaient menacées par des mouvements terroristes, qu’ils soient tunisiens ou se trouvant dans la région, notamment sur les territoires libyens». Il a ajouté que «l’Algérie coopère avec la Tunisie dans les domaines sécuritaire et militaire, et partage avec elle les renseignements et les analyses politiques».
À propos des immixtions étrangères en Tunisie, le ministre a indiqué que «l’Algérie élève la voix, en cas de nécessité, pour rejeter les interventions étrangères, et souligne que les droits souverains de la Tunisie ne doivent jamais être entravés ni influencés d’une quelconque manière».
«Nous avons confiance en l’État et en le peuple tunisiens, de même que nous sommes convaincus que le peuple tunisien s’en sortira soudé et engagé à édifier sa démocratie, comme convenu par ses forces politiques», a-t-il ajouté.
Et de préciser que «les dernières visites fréquentes en Tunisie prouvent ce fort intérêt de l’Algérie et l’engagement à être à l’écoute de la situation en Tunisie, et à se mobiliser avec les frères jusqu’à ce que la Tunisie surmonte, avec paix et sérénité, cette période de son histoire». Le ministre des Affaires étrangères a mis en avant le souci de l’Algérie à ce que le peuple tunisien exerce son droit de choisir son système constitutionnel et à organiser ses affaires politiques. APS