Hassen Kacimi, expert des relations internationales : «L’élément étranger, premier facteur de déstabilisation au Soudan»

En proie à une guerre civile qui dure depuis plusieurs mois déjà, le Soudan subit de plein fouet les effets dévastateurs des ingérences étrangères, dont les agissements subversifs ont pour seul but d'accaparer les richesses naturelles de ce pays, plus particulièrement ses gisements importants en or. Au tout début de la crise politico-militaire au Soudan, l'Algérie avait appelé à éviter l'escalade de violence, insistant sur l'impératif de mettre un terme aux affrontements entre les frères soudanais, exhortant ces derniers à faire prévaloir la sagesse et à privilégier le dialogue dans la résolution de leurs différends. La disponibilité de l'État algérien à aider le Soudan à amorcer un processus d'un retour à la paix a été de nouveau réitérée, hier, par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, à l'occasion de la visite de deux jours qu'effectue à Alger le président du Conseil de souveraineté de la République du Soudan, le général Abdel Fettah Al Burhan. Dans une déclaration conjointe à la presse, le Président Tebboune a en effet réaffirmé «le soutien de l'Algérie au Soudan, pour surmonter la conjoncture difficile et faire face aux forces du mal qui le ciblent». Par «forces de mal», M. Tebboune fait clairement allusion aux différents intervenants étrangers qui interférent par des procédés séditieux dans la crise que vit le Soudan, a expliqué l'expert des relations internationales, Hassen Kacimi. Contacté par El Moudjahid, il a fait savoir, à juste titre, que «l'élément étranger est ce premier facteur de déstabilisation qui fait perdurer la crise au Soudan». Pis encore, de l'avis de notre interlocuteur, «la persistance des ingérences étrangères au Soudan font sérieusement planer le risque d'une nouvelle partition du Soudan». Ce pays a déjà été victime de la scission de son territoire, ayant donné lieu, en 2011, à l'instauration du Soudan du Sud, qui s'est détaché du Soudan du Nord, a rappelé notre interlocuteur. Il a estimé que «cette première partition, qui s'est faite au nom de considérations ethniques et raciales, est en réalité le résultat d'une manipulation éhontée des acteurs étrangers dans l'objectif de prendre possession des réserves en pétrole dont dispose le sud du Soudan». Aujourd'hui, a ajouté M. Kacimi, le Soudan est un pays déchiré par deux factions rivales». Le nord du Soudan, poursuit-il, vit des moments dramatiques qui augurent d'un avenir désastreux pour ce pays, pour la simple raison qu'il y a de forts indices d'une nouvelle division entre l'est et l'ouest de son territoire, d’où l’urgence de défricher le terrain à un processus de réconciliation et d’entente politiques à même d’épargner le pays d’une nouvelle implosion». Affirmant que l’Algérie «est capable de riposter de manière très forte contre tous les acteurs étrangers qui sévissent aussi bien au Soudan que dans d’autres pays en Afrique», notre interlocuteur a estimé que la visite du général Abdel Fettah Al Burhan a pour objectif «de recueillir les propositions d’Alger en matière de médiation au Soudan». Une visite qui obéit aussi, dit-il, à la logique «d’obtenir le soutien d'Alger auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, du Mouvement des Non-Alignés, et notamment les pays européens, pour converger vers une solution de paix et de stabilité au Soudan». Notons par ailleurs que plus de 10 millions de personnes sont désormais déplacées, à cause du conflit au Soudan, dont neuf millions à l'intérieur du pays, a indiqué, vendredi, l’Organisation internationale pour les migrations.

Karim Aoudia

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