Guelma : La ville-témoin des crimes contre l’humanité

De notre correspondant : Zouheyr Douakha

Ce dernier a été conduit par son natif, Ahmed Djelloul, né le 1er juillet 1910. Un homme instruit et doué qui avait compris la stratégie française appliquée en Algérie. Il avait rejoint à Paris l’organisation de l’Etoile nord-africaine, avant de rentrer à Guelma afin de promouvoir les principes de cette association dans sa ville, ainsi que dans toutes les autres régions limitrophes. Il a pu constituer la première cellule de ce mouvement à Guelma en 1932. Ahmed organisait des petites réunions un peu partout, dans les cafés, les souks et même dans les fêtes de mariage. Grâce à son éloquence, il attirait l’attention de plusieurs jeunes à l’image de Souidani Boudjemaa, Ali Abda, Harcha Hassen, Ammar Boudjerida, Abdelkader Hergha et d’autres. Ensuite, qui dit Guelma dit l’E.S.M.G, l’espérance sportive musulmane guelmoise, qui était un club sportif de dimension politique. L’équipe avait pris le surnom de «l’escadron noir», par respect aux âmes de nos chouhada, tombés au champ d’honneur, suite aux horribles massacres commis par le colonisateur français, lors des manifestations du 8 mai 1945. Effectivement, cette date est celle d’une grande opération répressive menée par les autorités coloniales à Guelma envers des citoyens innocents. Les manifestations pacifiques ont commencé à Guelma le 1er mai 1945, à l’occasion de la journée internationale des travailleurs. Leur point de départ était le siège de la daïra à l’époque, en passant par l’actuelle rue 1er Novembre jusqu’à la préfecture de la ville (à côté du trésor public). Les forces coloniales sont intervenues à leur tête le sous-préfet André Achiary, afin de dialoguer avec le meneur de la manifestation Ahmed Ouartsi.
Le militant Mabrouk Ouartsi a pu convaincre la foule de se disperser, car elle avait atteint son objectif politique : la libération des militants emprisonnés. Dans la soirée du 8 mai 1945, une autre manifestation avait été organisée vers 16h. dont le nombre de participants était estimé à plus de 8000 Algériens qui portaient des pancartes ainsi que le drapeau national. Plusieurs chants patriotiques à l’instar de «Min-Djibalina», rythmaient la manifestation, qui avait pour itinéraire le quartier Bab-Souk, la rue d'Announa qui prend fin vers le théâtre romain (entrée sud de la ville). Selon les historiens, le premier martyr durant cette manifestation est le militant Boumaza Abdellah dit «Hamed».
Ce héros, qui hissait le drapeau national au premier rang, a refusé de l’abaisser. Dès cet instant, André Achiary a donné le signal de réprimer les manifestants. Hamed a été assassiné sauvagement par balle, ce qui annonçait le début d’un génocide indélébile. D’après des témoignages véridiques collectés par le musée d'El-Moudjahid de Guelma, et fournis par son directeur Yacine Chabane, des citoyens ayant participé à la manifestation ont dit ceci : «Boumaza Abdelkader Ben Mohamed : «Le jour de la manifestation coïncidait avec la journée du souk. Pour cette raison les habitants des villages et des mechtas ont pu y participer.» Bencheikh Mustapha : «Le 7 mai, mon oncle Moubarek m'a demandé d’amener des tissus à la maison de Tobal Mohamed, c’étaient des tissus bleu, vert et rouge. Le militant Abda Saleh les a cousus, Naili Houcine et Babesse Bachir ont fait les slogans.» Les sanglantes répressions se sont poursuivies et ont touché presque tous les coins de la wilaya. Plus de 18.000 Guelmis ont été soit tués soit torturés. Le colonisateur français a utilisé des endroits qui existent jusqu’à ce jour pour dissimuler ses crimes contre l’humanité, à savoir le four à chaux d’Héliopolis, la carrière sur les hauteurs de la ville...

Z. D.

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