Du plan Daleth au protocole Hannibal

Par Mohamed Koursi

L’histoire est faite par le courage, et non par la force ou la lâcheté. L’appel du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, adressé aux hommes libres dans le monde, d’intenter une action contre l’entité sioniste à la CPI, illustre le soutien permanent et inconditionnel de l’Algérie à la cause palestinienne. Au moment où la communauté dite internationale s’est cachée derrière une rhétorique soumise, pour ne pas regarder l’histoire en face, l’Algérie à montré la voie, celle de l’honneur, de la dignité et du droit. Le cri de rage de Mai Al-Kaila, ministre palestinienne de la Santé, empêchera, à coup sûr, la petite diplomatie de l’Occident de dresser la tête face au tribunal de l’histoire.
L’histoire ? 10 mars 1948, le plan Daleth est adopté, sous l’impulsion de Ben Gourion. «Un plan global d’expulsion de tous les villages de la Palestine rurale. Des instructions semblables ont été données, à peu près dans les mêmes termes, pour les actions visant les centres urbains », écrit Ilan Pappé, dans le Nettoyage ethnique de la Palestine. Le plan Daleth était un rouleau compresseur qui a écrasé les Palestiniens. Une sorte de sinistre remake de la «Solution finale», formalisée par les nazis, à Wannsee, six ans auparavant. Ilan Pappé, historien israélien né à Haïfa, écrivait, déjà en 2008, sur le site «Electronic Intifada», que l'État d'Israël commettait un génocide à Ghaza et un nettoyage ethnique en Cisjordanie. Une affirmation résumée de façon cynique par Ezra Danin, agent du Mossad : «Il ne reste qu'une chose à faire aux Arabes, partir en courant.» Presque quarante ans plus tard, exactement en 1986, les sionistes mettent en place le «Protocole Hannibal», qui autorise leur armée à aller jusqu’à l’assassinat de ses soldats faits prisonniers par la résistance palestinienne. Une solution qui permet à l’aviation sioniste de bombarder, «sans distinction», sans peur de tuer un des siens. 2023, le monde assiste à une criminelle fusion entre le plan Daleth et le «Protocole Hannibal».
Hier, les environs de l'hôpital Al-Shifa ont de nouveau été soumis à des bombardements d'artillerie d'occupation, et des bombes au phosphore, interdites au niveau international, ont été larguées sur les quartiers proches du camp d’Al-Sate, sachant que celui-ci abrite des milliers de personnes déplacées, en plus des blessés, des malades et des équipes médicales. 20 des 35 hôpitaux de Ghaza sont hors service. 39 nourrissons sont morts, en raison du manque d'oxygène dans les hôpitaux. Les écoles où se réfugient femmes et enfants n’échappent pas non plus aux bombardements, à l’instar de l'école Al-Buraq, qui abrite des centaines de personnes déplacées, dans la rue Al-Lababidi, dans le quartier d'Al-Nasr à Ghaza, où 25 corps ont été retirés des décombres, après son bombardement par les avions d’occupation. L’entité sioniste «tue, en moyenne, un enfant toutes les dix minutes dans la bande de Ghaza», a dénoncé Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation au Moyen-Orient. Sur les 11.208 martyrs, 70% sont des femmes et des enfants, et plusieurs milliers de Palestiniens, dont au moins 1.500 enfants, sont toujours portés disparus et pourraient être coincés ou morts sous les décombres. «Maudite soit la communauté internationale qui ne peut pas arrêter la machine de destruction et de massacre des malades et des blessés dans les hôpitaux. Tout cela se passe sous les yeux du monde», s’est écriée Mai Al-Kaila. L’histoire retiendra le nom des pays qui ont voté contre le projet de résolution présenté par la Russie, appelant à un cessez-le-feu dans le conflit israélo-palestinien, au Conseil de sécurité de l'ONU.

M. K.

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