
Entretien réalisé par Fouad Daoud
El Moudjahid : Comment avez-vous accueilli les déclarations du Président français sur l’Algérie ?
Dr Rachid Messaoudi : En tant que citoyen, je n’ai pas apprécié cette ingérence dans les affaires du pays.
Le Président français n’avait pas à nous donner des leçons d’histoire.
Il aurait été plus judicieux pour lui de revenir sur les exactions commises par son pays en Algérie. J’ai dénoncé au même titre que tous les Algériens cette lecture fantaisiste de l’histoire.
Notre pays a obtenu son indépendance grâce au sacrifice de plusieurs millions de ses enfants qui ont rejeté depuis le début l’entreprise coloniale.
En tant qu’universitaire, j’ai compris les enjeux de cette déclaration qui entrent dans le cadre des velléités électoralistes du futur candidat qui veut plaire à une frange de la population de son pays en s’attaquant à l’Algérie.
Quelle lecture faites-vous de la décision du président de la République de rappeler l’ambassadeur d’Algérie à Paris ?
Cette réaction est à mon avis une traduction logique des nouvelles trajectoires et des transformations de l'action politique en cours en Algérie.
Ces transformations ont suivi l'entrée de l'Algérie dans une nouvelle phase fondée sur l'indépendance de décision et la vigilance diplomatique poussée à l'égard de tout ce qui touche à la souveraineté nationale, aux composantes de l'identité et à l'immunité de l'unité nationale.
Quel commentaire faites-vous sur le message véhiculé par le président de la République lors de sa rencontre avec les représentants de la presse nationale ?
J’ai suivi ces déclarations comme beaucoup d’Algériens, du reste. Pour moi, ces précisions ont le mérite de rappeler la force de cette position pour ceux qui n’ont pas compris le geste du président de la République.
Je pense que le message ne s’adresse pas seulement aux Algériens. La partie française est également concernée par ces précisions, elle qui a commencé à ressentir les dégâts causés par la mauvaise sortie du Président français.
L’Elysée est bien conscient de la force et de la clarté du message du Président qui sera inévitablement suivi de déboires diplomatiques et politiques à l'intérieur de la France et même dans l'environnement régional des deux pays. Malheureusement la France d’Emmanuel Macron ne s'est pas débarrassée du complexe colonial.
Elle veut plutôt s'en servir comme un agenda idéologique, politique et électoral. Mais le destin de cet agenda est inévitablement voué à l’échec à cause de la prise de conscience collective et politique qui se renforce de jour en jour dans les différentes composantes du peuple algérien sur l’histoire nationale de la lutte contre le colonialisme et le ralliement autour de ses institutions constitutionnelles.
La première d'entre elles est l'Armée nationale populaire, héritière de l’Armée de libération nationale composée de tous les Algériens de l’époque.
F. D.