Amar Ouali, directeur de la population au ministère de la Santé : «Évaluer correctement les progrès enregistrés»

Ph. : Wafa
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Propos recueillis par Soraya Guemmouri


El Moudjahid : Quelle sera la valeur ajoutée qu’est en mesure d’apporter le recensement général de la population et de l’habitat au secteur de la Santé ?

Amar Ouali : En termes de santé, le recensement va nous fournir des indications sur tout ce qui concerne la population cible du secteur, que ce soit par rapport aux enfants, aux personnes âgées et des femmes en âge de procréation… Nous aurons ainsi toutes les données actualisées concernant ces populations cibles, lesquelles informations seront ensuite utilisées pour pouvoir calculer le degré atteint par nos objectifs en matière de santé. Il faut dire que jusqu’à présent, le secteur de la Santé utilise, entre un recensement et un autre, des données administratives qui ne sont pas toujours exhaustives. Or, le seul moyen de réajuster ces données sera justement le recensement. Il sera donc question de permettre à différents secteurs d’activités, celui de la Santé notamment, de réajuster les indicateurs pour qu’on puisse vraiment évaluer d’une façon correcte et précise les progrès enregistrés sur le terrain depuis le dernier recensement.

Les données relatives aux taux de natalité, de mortalité et bien d’autres indicateurs sont pourtant disponibles au niveau de nos administrations, l’Etat civil, y compris…

À vrai dire, les données fournies par l’Etat civil et les services administratifs sont des données qui concernent le volet national et plus ou moins, pour certaines régions, les wilayas, mais on n’a pas d’informations sûres et fiables au niveau local, plus précisément au niveau des communes. Ce 6e recensement va donc nous permettre d’avoir ces informations en vue d’atteindre certaines populations au niveau local.

Quel type d’informations pourrait grandement servir le secteur ?

À la faveur de ce 6e recensement, on pourra avoir, par exemple, le nombre exact d’enfants en âge d’être vaccinés au niveau d’une commune donnée. On saura ainsi, avec précision, combien d’enfants n’ont pas encore été vaccinés et le secteur de la Santé s’organisera en conséquence pour les atteindre. Autre exemple à donner dans ce cadre, le recensement fournira au secteur des données actualisées sur le nombre de femmes mariées en âge de procréer au niveau des communes.
On pourra aussi savoir si toutes ces femmes ont pu suivre leurs grossesses, si elles ont accouché en milieu hospitalier, etc.
Autant d’information à collecter et à recueillir sur le terrain pour pouvoir établir de bons programmes et faire des plans d’action dans le cadre de ce souci permanent d’optimiser la prise en charge. Il en est de même en ce qui concerne les personnes âgées, parce que c’est en fonction de la spécificité de certaines localités qu’on pourra développer tel programme ou tel autre. En termes plus clairs, si dans une localité donnée, on a beaucoup de personnes âgées, cela signifie que davantage d’efforts sont à déployer dans cette région du pays en matière de prise en charge des maladies chroniques, à l’image du diabète, la tension et des maladies cardio-vasculaires. En fin de compte, les structures de santé vont pouvoir orienter leurs priorités en fonction de la catégorie de la population dont ils ont la charge. La démarche à suivre en termes de population est pratiquement la même. Tout un chacun sait que les dynamiques de développement diffèrent d’une localité à une autre. On doit donc recueillir toutes les informations nécessaires nous permettant de faire les analyses qui s’imposent et tenter du mieux que l’on peut d’assurer l’équilibre entre la croissance de la population et la croissance économique.
Sur un autre registre, il sera ainsi plus aisé pour les pouvoirs publics de cibler les politiques publiques au niveau local et d’améliorer les politiques de développement puisqu’on connaitra ce qui manque et où ça manque aussi. Enfin, l’autre élément tout aussi important à signaler concerne les zones d’ombre. Le recensement permettra en effet de mettre la lumière sur ces zones. Il est donc question d’essayer d’aider les pouvoirs publics à adapter toutes leurs politiques pour améliorer la situation de l’ensemble de la population.

S. G.

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