Le «Boucher de Ghaza» et les autres

Novembre 2017, en première instance, Ratko Mladic, le «Boucher des Balkans» avait été jugé par la justice internationale. Coupable de dix chefs d'accusation, dont génocide, extermination, persécutions, actes inhumains, il a été condamné dans un procès retentissant à perpétuité, notamment pour son rôle décisif dans le génocide de Srebrenica, dans le siège de Sarajevo ainsi que dans quinze autres municipalités de Bosnie-Herzégovine. L’ancien chef militaire serbe a été l’artisan de crimes de guerre considérés alors comme étant les pires en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Sept ans après, les mêmes scènes sont reproduites avec un exponentiel beaucoup plus élevé en termes d’atrocité contre la population civile de Ghaza et celle des territoires occupés de Cisjordanie. Plus de 34.000 morts selon le dernier bilan et des milliers de corps encore ensevelis sous les décombres. Femmes et enfants sont pulvérisés à coups de bombes livrées gracieusement au schizophrène de Tel Aviv à la tête d’un cabinet de va-en-guerre d’une organisation terroriste. Netanyahu ou celui qu’il convient d‘appeler le «Boucher de Ghaza», défie les institutions internationales et instaure sa loi à la face du monde. Les mêmes institutions n’ont ménagé aucun moyen dans leur traque, 16 ans durant, de 2011 à 2017, pour menotter le tueur des Balkans. Un succès qui n’aurait pas eu lieu sans la volonté des Américains et de leurs alliés. Leur mobilisation a eu raison des réseaux de soutien à Mladic.
Curieusement, ces mêmes institutions et acteurs qui ont délivré la population de Sarajevo au nom des valeurs de l’humanité, étalent un laxisme incompréhensible envers les civils de Ghaza et les Palestiniens en général.
Après cinq mois de tuerie et d’épuration ethnique, le silence odieux de la communauté internationale a fini par renforcer la folie des bourreaux sionistes. En plus des armes de guerre de tout genre, le «Boucher de Ghaza», utilise celle de la faim. Le blocus imposé sur les aides alimentaires n’a pas son pareil. Les scènes d’enfants et de nourrissons «crevant la gueule ouverte», pour reprendre l’expression d’un analyste, ont fini par révolter l’opinion internationale dont le paroxysme a été atteint par l’immolation en direct du soldat Aaron Bushnell.
Un geste extrême qui illustre non seulement l’engagement d’une nouvelle génération de militants des causes justes qui s’y engage corps et âme mais qui donne froid dans le dos de ce que sera le combat de demain.
Au moment où l’on croyait que les valeurs humaines étaient bel et bien laminées, on découvre, dans la douleur certes, que l’humanisme subsiste encore.
Mais n’allons surtout pas croire que le pont aérien et maritime envisagé par les alliés du «Boucher» pour «rassasier» les ventres creux des enfants de Ghaza en constitue la substance. C’est plus une façon de larguer une infime partie d’une mauvaise conscience devenue désormais trop lourde à porter.

EL MOUDJAHID

Multimedia