Quel Algérien vivant dans cette immense patrie aux frontières dessinées par une lignée de valeureux, à la terre irriguée du sang des martyrs ou vivant en dehors de son espace, mais dont le cœur est rythmé par notre hymne national, peut rester insensible à ce que renvoyait, hier, sur nos écrans de télévision, la cérémonie de distinction présidée par le président de la République à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de l'Armée nationale populaire ? Emotion, le mot est faible.
Gratitude et reconnaissance, encore loin de restituer notre impression. Avez-vous entendu, hier dans la salle de réception, fuser le youyou, ce cri que jamais l’envahisseur n’a pu faire taire ? Il est devenu, au fil des résistances et de nos combats, le symbole de notre histoire faite dans l’adversité. On a vu le président de la République avoir un mot, un sourire, une attitude, le regard grave pour chaque patriote. Militaires ou civils, parents de martyrs ou invalides, héros de la lutte antiterroriste, tous ont montré, pour certains, jusqu’à l’ultime sacrifice, la force, la conviction du lien qu’ils ont pour la mère patrie. Chaque photo prise hier était d’une puissante charge symbolique. Retraités de notre glorieuse armée, blessés et actifs, parents, ascendants ou descendants de martyrs du devoir national, ils étaient l’unité hier. Ils étaient l’Algérie, fière et ombrageuse. Et la nation ne pouvait qu’être reconnaissante. Ils étaient aux avant-postes pour terrasser la bête immonde qui voulait brûler la maison Algérie durant les années quatre-vingt-dix du siècle dernier, comme ont voulu le faire, dans leur rage destructrice, les assassins de l’OAS. La nation était reconnaissante. Et elle le restera à jamais ! Ils étaient aux avant-postes lors des incendies. Lors de son entrevue périodique accordée aux représentants des médias nationaux, le président de la République ne pouvait faire l’impasse sur la récente et douloureuse épreuve subie par les Algériens : «Je rends hommage aux victimes des incendies qui sont des martyrs. Paix à leur âme», a-t-il affirmé. Le monde est entré dans une nouvelle séquence historique faite d’incertitudes et d’effondrement d’une architecture des relations internationales frappée d’obsolescence. Les dangers et les défis sont d’une tout autre nature et exigent de tout un chacun d’avoir la patrie chevillée au corps. Ce sentiment doit être maintenu vivant par la mémoire. Ce qu’on a vu hier, les photos et les vidéos devraient être largement diffusées, commentées, expliquées dans chaque école de la République, dans chaque classe. La guerre de nouvelle génération attaque la mémoire, s’attaque à l’histoire des peuples visés, distille le doute et implante la sensation de l’échec. L’antidote est dans notre histoire. Ecoutez le serment fait par nos martyrs qu’ils n’ont pas renié. Survolez l’Algérie et prenez la mesure de son immensité et de sa beauté. Evaluez sa richesse. Observez comment des pays immensément riches en minerais font partie des pays les plus pauvres au monde, et posez-vous la question comment cela est-il possible et pourquoi ? L’Algérie est devenue une puissance émergente aux principes à la fois humanitaires et universels. Elle dérange et inquiète à la fois des forces qui veulent maintenir sous tutelle des régions entières, quitte à attiser le feu de la violence. Notre capacité de défense et de riposte tient à nos capacités opérationnelles et technologiques. Elle tient aussi à cette richesse éternelle qui bat dans nos cœurs. Fidélité à nos martyrs. Ils ont donné leur vie pour la patrie. A nous d’en être dignes.
Mohamed KOURSI