
C’est l’une des rares armées au monde, pour ne pas dire l’unique, par les conditions historiques de sa naissance et reconversion. Les racines de notre armée plongent dans la lutte armée pour l’indépendance. Un combat qui a mobilisé les Algériens, on le précise, y compris, femmes et enfants, corps et âmes tendus vers ce but ultime qui a fait que la population algérienne, à l’aube de la révolution qui comptait moins de 9 millions, augmentera à peine de deux millions en 1962. On imagine l’horreur des crimes commis par la France durant ces années de combat, jetant toute sa force technologique contre des populations parquées, expulsées des centres urbains, isolées, éloignées dans les hameaux, là où milices et armées s’adonnaient aux crimes contre l’humanité. L’ALN, une armée de libération nationale formée par la paysannerie et les travailleurs et par tous ceux pour qui le mot patrie avait une résonnance particulière. L’ADN de l’ALN est le peuple. Il était, dès lors, logique que l’ALN poursuive sa mission au-delà de juillet 1962. Un nouveau combat, un nouveau chapitre s’ouvrait, celui du grand djihad. Livrer combat contre les ruines et les «héritages» mortels qu’a laissés derrière elle la France et on ne parle pas que des lignes Challe et Morice qu’il fallait déminer, nettoyer, sécuriser et rendre ces espaces interdit aux Algériens. Un mois après l’indépendance, l’ALN devient ANP et prend à bras le corps une des missions les plus exaltantes de la nation. Accompagner et très souvent être l’architecte de la (re) construction du pays. Le barrage vert lancé trois ans plus tard montre, aujourd’hui, son importance stratégique avec ces dérèglements climatiques. La transaharienne, également. Et on constate aujourd’hui comment cette réalisation participe à l’intégration africaine. Les «mille» villages socialistes qui ont jeté les premières bases de l’urbanisation réfléchie et des espaces de vie assurant les premières bases d’une vie décente. Chaque centimètre carré de cette terre irriguée du sang des justes a été arpenté par les éléments de l’ANP. Que la nature éprouve durement les populations et l’on voit ce corps magnifique, majestueux, livrer bataille et lui apporter aide et assistance, quelquefois, hélas, au prix de sacrifices ultimes. Séismes, inondations, incendies… Quand les hordes sorties tout droit de l’obscurantisme ont voulu ravager le pays et l’ensanglanter, l’armée était le bouclier qui a sauvegardé, au prix, là aussi, de douloureux sacrifices, la maison Algérie. Le Hirak, séquence unique dans l’histoire contemporaine de notre pays a subi les assauts perfides de forces tapies dans l’ombre, actionnées de l’extérieur pour transformer une ode à la liberté et à la modernité en une marche destructrice. Là aussi, l’ANP a su gérer avec intelligence ce mouvement social. Aujourd’hui, avec les tensions régionales porteuses de graves risques de déstabilisation, l’ANP reste le garant de notre sécurité et stabilité. De même qu’au lendemain de l’indépendance, l’ANP a pris à bras le corps la transformation physique de notre territoire, aujourd’hui, notre armée à ouvert un autre chapitre que le XXIe siècle impose : Être professionnelle, maîtriser les sciences modernes de la guerre et être opérationnelle dans cet environnement asymétrique à nos frontières tout en gardant ces missions originelles.
Mohamed Koursi