L’histoire de la Révolution algérienne est une succession d’évènements ayant contribué à la libération nationale, et le 11 décembre est l’une de ces dates symboliques, à côté du 1er novembre, du 20 août, du 19 mars et du 5 juillet. Les chercheurs exploitent toutes les archives, pour retracer l’histoire de toutes les résistances populaires du XIXe siècle jusqu'à la lutte armée en 1954, en recommandant d’accorder une place importante aux questions de la mémoire nationale. La résistance commence dès le début de l’occupation, pour contrer la stratégie de l’armée française et retarder sa pénétration dans les diverses régions. Les manifestations de décembre ont constitué un tournant pour faire avorter les plans du colonialisme et appuyer le combat du peuple algérien dans les instances de l’organisation onusienne. Les manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes et régions du pays, contrecarrant les desseins hostiles à la revendication pour l’indépendance émanant des militaires et des colons. Les autorités françaises n’ont pas pu promouvoir leur projet politique, les ultras de l’ordre colonial ayant échoué. Ce n’était pas sans déclencher la haine, étant donné que les forces de sécurité ont recouru à une violence inouïe à l’encontre des Algériens. Les manifestations redonnent du souffle à la Révolution, et cette séquence de l’histoire nationale est considérée, dans la chronologie de la glorieuse guerre de Libération, comme une étape cruciale, comme le notent les historiens. En effet, le soutien à la cause algérienne s’est accru et il y a eu l’adoption d’une résolution exhortant la puissance coloniale à s’asseoir autour de la table des négociations pour le recouvrement par le peuple algérien de sa dignité et de sa souveraineté nationale. C’est là une contribution efficace de la Révolution à la diffusion du principe de l’autodétermination, ce qui est toujours d’actualité au vu de la situation en Palestine et au Sahara occidental. Les manifestations du 11 décembre 1960 ont exprimé le rejet, sans appel, par le peuple de toute option autre que l'indépendance, et contribué à l'internationalisation et à la médiatisation de la question algérienne. Les Algériens ont brandi l'emblème national, pour signifier leur opposition irréductible à la politique coloniale visant à faire de l'Algérie une partie intégrante de la France. Dans les quartiers populaires, le peuple a exprimé son adhésion à la Révolution, et son soutien et attachement indéfectibles au Front de libération nationale et à l'Armée de libération nationale. Dès lors, il est impossible de sauver la thèse de l'Algérie française et toutes les tentatives dans ce sens sont restées vaines. Pas de troisième voie, non plus. Il fallait l’indépendance et la fin de la domination française. Les manifestations massives ont été un indice de la fin inéluctable du colonialisme. Sur le plan diplomatique et médiatique, ces manifestations, par leur retentissement international, ont aussi conforté les positions du Gouvernement provisoire de la République algérienne dans les négociations pour l'indépendance.
El Moudjahid
