Transport maritime : Une nouvelle vision

Face à la perspective d’une embellie financière induite par la hausse des prix du pétrole, les pouvoirs publics multiplient les actions et initiatives permettant de renforcer l’économie algérienne. Aussi, tous les secteurs d’activités font l’objet d’une attention particulière leur permettant d’amorcer une relance appréciable et durable.

C’est le cas notamment du transport maritime. En effet, la décision prise lors du dernier Conseil des ministres de fusionner les filiales de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) «est une option stratégique qui va assurer une efficacité certaine et permettre une gestion plus pragmatique du pavillon national», a estimé le P-DG du cabinet international AIC Consulting, Malek Serrai. Cette décision a été accompagnée par une série de mesures préconisées par le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a instruit les départements concernés de procéder au renforcement de la flotte maritime nationale par l'acquisition de nouveaux navires pour le transport commercial, celle-ci «étant un symbole de la souveraineté nationale». Par ces mesures, «l’Algérie veut capitaliser sur son trafic maritime qu’elle considère comme un levier important dans sa politique économique», indique Malek Serrai, qui précise que «la nouvelle stratégie des pouvoirs publics vise notamment à sécuriser les approvisionnements du pays en produits stratégiques, participer de manière substantielle au transport des marchandises depuis et vers l’Algérie, et réduire les transferts de devises à l’étranger au titre des services». Pour atteindre ces objectifs, «le Président Tebboune a instruit les départements concernés d’établir un plan d’action pour la réorganisation des compagnies publiques de transport maritime de voyageurs et de marchandises», explique le consultant, qui précise que «la compagnie de transport de passagers Algérie Ferries fait ainsi l’objet d’une attention particulière, accompagnée notamment dans la diversification de ses activités». Le consultant signalera avoir constaté «avec enthousiasme» le redémarrage des activités et le lancement d’opérations de remise à niveau de plusieurs ports algériens. «Il y a eu la conclusion d’un contrat avec Ericsson pour l’installation de systèmes de surveillance de dernière technologie, ce qui va améliorer la qualité des prestations des ports. C’est une très bonne initiative». Par ailleurs, l’expert relèvera le fait qu’»il ya une volonté réelle et affichée d’ouvrir les portes à l’investissement privé. Une mesure qui va beaucoup apporter dans ce domaine», a-t-il estimé. Récupérer au moins 25% de parts de marché Cette dernière mesure intervient à un moment où le secteur a déjà entamé sa mise à niveau et enclenché un plan de redéploiement, lorque l’on se réfère aux récentes déclarations de la P-DG du Groupe algérien de transport maritime (GATMA), Nadia Rabia, qui a présenté la stratégie du groupe dans le domaine du transport maritime de voyageurs et de marchandises devant les membres de la Commission des transports et des télécommunications de l'Assemblée populaire nationale (APN). En effet, celle-ci a dévoilé le plan d'investissement mis en œuvre pour «récupérer au moins 25% de parts de marché» et affirmé que le groupe comptait «renforcer sa flotte maritime avec 25 nouveaux navires (transport de conteneurs et de voyageurs), dont 12 acquis à fin 2021», et construire un navire antipollution au profit de l'Entreprise portuaire d'Alger. En 2022, GATMA entend également «faire l'acquisition de céréaliers et de porte-conteneurs au profit de la compagnie CNAN Nord, ouvrir une nouvelle ligne maritime entre l'Algérie et la Mauritanie, faire l'acquisition d'une flotte de conteneurs au profit de la CNAN Med et livrer à des compagnies portuaires nationales quatre canots d'amarrage et une pilotine, construits par l'Entreprise nationale de réparation navale (Erenav)». Le groupe rappelle que «le transport maritime de marchandises et de voyageurs et la construction et la réparation navales sont les principales activités du groupe». Pour leur part, la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) et Algérie Ferries qui sont les acteurs majeurs du transport maritime en Algérie assurent la liaison des passagers vers les côtes européennes ainsi que le transport de marchandises à travers le monde. La grande majorité des échanges commerciaux de l’Algérie avec l’étranger se fait par voie maritime à travers les onze ports commerciaux situés à Alger, Annaba, Oran, Arzew, Mostaganem, Ghazaouet, Bejaïa, Jijel et Skikda. Les hydrocarbures sont la principale marchandise. Toutefois, les échanges maritimes ont connu une hausse remarquable mais moins importante que pour les hydrocarbures. Aussi, comme le transport maritime représente 95% du commerce international du pays, le développement considérable des relations socio-économiques et commerciales de l’Algérie avec ses partenaires étrangers et les effets induits de la mondialisation a engendré un accroissement considérable de tout le trafic maritime. Un trafic soutenu par une évolution permanente et rapide des techniques et des systèmes d’aide à la navigation en mer et où l’Algérie veut s’inscrire résolument. Pour rappel, la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) et Algérie Ferries composent les deux fleurons du secteur maritime algérien. Le secteur dispose de onze ports de commerce : Alger, Oran, Annaba, Skikda, Arzew/Bethioua, Béjaïa, Mostaganem, Ghazaouet, Jijel, Ténès et Dellys.

Amel Zemouri

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