Transport maritime et Commerce international :Faire de l’Algérie un hub pour l’Afrique

Lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l’État a donné instruction pour aller plus vite dans les initiatives afin de doper les investissements publics dans les transports maritimes. Il est aussi question de faciliter l'accès aux investisseurs privés dans le secteur. 
 
Le Président Tebboune a ordonné de passer à l’»exploitation optimale et immédiate de tous les ports nationaux et ne pas se concentrer sur le port d’Alger qui enregistre 64,5% de l’ensemble de l’activité portuaire dans le pays en matière de fret maritime, alors que le bilan des ports de Ténès, Mostaganem et Djen-Djen oscille entre 0 et 11%». Dans ce sens, les autorités devraient s'employer à donner à l'Algérie une place de premier rang dans le commerce international, comme point d’entrée ou hub pour l'Afrique, ainsi que «la relance de la filière maritime et portuaire pour répondre aux commandes des opérateurs économiques».
Selon le chercheur Haddoum Kamel, de l'université de Boumerdès, «le transport maritime occupe une place importante dans l’économie nationale, il assure 97% des échanges extérieurs». Il souligne que les investissements dans le transport maritime se caractérisent par leurs spécificités, en raison de leurs coûts exorbitants et relève la nécessité de procéder en même temps à des investissements en amont, touchant particulièrement les ports maritimes dédiés au commerce, les chantiers de construction navale et outillages indispensables aux chargement et déchargement des navires. Ceci a amené l’Algérie, explique Haddoum, «à consentir d’importants investissements dans le développement de la flotte nationale et de ses infrastructures portuaires. La nature de service public qui caractérise les activités de transport maritime a imposé une politique d'intervention de l’Etat afin de préserver l’intérêt général. Le chercheur souligne que «les ports maritimes de commerce accusent un sous-équipement en matière d’infrastructures et de superstructures». Aussi, il y a nécessité «d’une adaptation continue pour faire face aux nouvelles exigences induites par le développement technologique dans le transport maritime.
 Ce qui nécessite des frais importants». Haddoum note que «le problème du choix des investissements et de leur financement se pose avec acuité et met en jeu les relations entre le port et les pouvoirs publics, même si le recours à l’Etat devient la plupart du temps indispensable, compte tenu de la nature discontinue de la plupart de ces investissements». Affirmant que «le port joue un rôle fondamental dans le développement économique'', le chercheur souligne que «ce rôle s’est accru au cours des dernières décennies avec le développement du commerce mondial». «Le port, qui reçoit un trafic important, doit développer parallèlement les infrastructures et les superstructures, il doit aussi bénéficier de la crédibilité commerciale nécessaire pour acquérir des moyens supplémentaires, moyens à même de lui permettre de poursuivre son développement et d’attirer de nouveaux clients», explique-t-il.
Avec 1.200 kilomètres de côte, l'Algérie a très tôt considéré les ports comme stratégiques pour son commerce, dès lors, poursuit-il que «la vie économique de l’Algérie a été toujours liée à l’activité de ses ports». Le chercheur explique dans ce contexte que «le port doit répondre d’une manière continue aux exigences de l’accroissement de la taille des navires, et de ce fait, l’armateur veille à la cohérence des ports qu’il fréquente avec les navires qu’il utilise, de sorte que le renouvellement de la flotte implique le renouvellement des ports». Il précise qu' «autoriser les opérateurs privés à prendre en charge les activités portuaires commerciales permet à l’autorité publique d’atténuer un risque économique accru».
Il ajoute que «dans le domaine des investissements portuaires, les Etats sont amenés à s’associer au secteur privé dans le cadre du partenariat public-privé». «Cette libéralisation des services portuaires passe par la libéralisation des investissements», précise-t-il. Pour sa part, la spécialiste en économie et analyse statistique Salima Sayeh Haki, estime que le secteur des transports maritimes a été fortement impacté par les effets de la crise sanitaire.
 Ainsi, «œuvrer à l’exploitation optimale et immédiate de tous les ports nationaux requiert l'adoption d'une nouvelle stratégie nationale portuaire s'articulant notamment autour des objectifs stratégiques qui concernent l'ensemble des ports de commerce du pays afin qu'ils soient des maillons majeurs pour renforcer les chaînes logistiques, et des instruments pour assurer le développement des territoires», estime l'économiste, qui indique que «le renforcement des capacités des compagnies nationales de transport maritime est une condition sine qua non pour répondre aux commandes des opérateurs économiques et ainsi consolider le positionnement des ports algériens sur des flux à haute valeur ajoutée du commerce international».
Tahar Kaidi

Sur le même thème

Multimedia