
L’entreprise algérienne, notamment sa capacité de se relancer, suite aux conséquences de la Covid-19, alimente les débats. A-t-elle les moyens ? Quelle stratégie de développement adopte-t-elle ? Sur ce sujet, le Pr. Rabah Kechad et le doctorant Mehdi Haddaden affirment que même si l’entreprise nationale autocentrée et focalisée sur un «objectif unidimensionnel du profit est encore dominante, nous assistons aujourd’hui à des nouvelles conceptions alternatives qui envisagent cette dernière dans une perspective multidimensionnelle». Mettant en relief la responsabilité sociétale (RS) qui se fond, petit à petit, dans le vocabulaire commun des entreprises en quête d’une légitimité sociale, les deux universitaires précisent que «son opérationnalisation, notamment au sein des entreprises algériennes, constitue une véritable problématique managériale et opérationnelle». Dans une étude commune publiée au dernier numéro, ils mettent l’accent sur la mise en œuvre de la démarche sociétale et opérationnalisation de la performance sociétale par le biais des leviers des démarches qualité de certifications qui ont déjà gagné du terrain. Explicites, les auteurs de l’étude indiquent que «l’entreprise doit apporter une garantie sur sa performance sociétale», et relèvent, dans leur conclusion, une «réelle compatibilité» entre les principes des démarches qualité et les enjeux de la RS. Autrement dit, «une démarche qualité mature et structurée contribue à l’instauration et l’opérationnalisation d’une démarche sociétale. Par ailleurs, l’étude montre «la corrélation positive entre les degrés de maturité des démarches qualité structurées et conformes aux cadres normatifs et les performances sociétales». Un constat qui fait dire aux deux universitaires qu’un engagement dans la démarche qualité contribue à «l’intégration des nouveaux enjeux relevant du sociétal permettant de faire progresser les indicateurs de la PSE. Enchaînant, ils affirment qu’envisager une démarche qualité comme un outil d’ancrage et un socle de construction managériale dans une approche sociétale constitue un «levier actionnable pour opérationnaliser la performance sociétale au sein des entreprises algériennes». D’autre part, il y a lieu de préciser que le travail d’investigation en question était orienté vers l’étude des entreprises pilotes (EP) issues du projet d’accompagnement RS MENA Algérie. Ce projet, piloté par l’organisation internationale de normalisation (ISO) et l’agence suédoise développement international (SIDA), réalisée entre 2011 et 2014, a visé l’assimilation, l’intégration ainsi que la mise en œuvre de la responsabilité sociétale au sein des entreprises par le biais de l’instrument normatif (la norme) ISO 26000 :2010 dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA). Le projet a ciblé huit pays pilotes dont l’Algérie.
F. I.